Benjamin Lucas et Karl Olive « refont le match » au théâtre de Verdure

Les deux députés se sont opposés lors d’un débat ferme mais courtois, le samedi 12 juillet dernier à l’occasion de la Fête de la République, organisée par le parlementaire mantais. L’occasion d’évoquer leurs différends sur plusieurs sujets d’actualité débattus à l’Assemblée ces derniers mois.

« Un député de droite ? Mais qu’est-ce qu’il fait là ? » Il y a ceux qui étaient venus pour le débat, et ceux qui ont découvert la présence de Karl Olive lors de sa montée sur l’estrade, érigée au théâtre de Verdure de Mantes-la-Jolie. Il faut dire que le député Renaissance de la 12ème circonscription des Yvelines dénotait un peu, à la Fête de la République du samedi 12 juillet dernier, après les prises de paroles de représentants ­socialistes et communistes.

Mais l’ancien maire de Poissy ne s’est pas démonté et a accepté l’invitation de l’organisateur de l’événement, le député de la 8ème circonscription des Yvelines, Benjamin Lucas (Génération.s). « La démocratie est un trésor précieux, et en démocratie, pour se faire une conviction, il faut entendre des points de vue qui sont en contradiction et qui s’affrontent, a souligné le local ce dernier. Avec Karl Olive, on est d’accord sur quasiment rien, on s’envoie des piques dès qu’on peut, mais on a en commun quelque chose : on n’a pas peur de débattre et d’assumer nos convictions ». Son homologue pisciacais, bien conscient d’être « à l’extérieur » face aux quelques dizaines de personnes venues pour l’occasion, a salué « l’ouverture » de Benjamin Lucas et sa volonté de débattre « projet contre projet ».

L’objectif de cet échange d’une bonne demi-heure était de revenir sur les sujets qui ont animé les bancs de l’Assemblée Nationale ces derniers mois. À commencer par la réforme des retraites. Premier à se lancer, le député de la 12ème circonscription a assumé son vote pour le texte décrié. « On a la chance de vivre plus longtemps, et tant mieux, on a nos jeunes qui démarrent un peu plus tard sur le marché du travail. […] Il faut être pragmatique par rapport à ce qui se passe à l’échelle européenne » a-t-il déclaré, dénonçant une forme d’hypocrisie venant de la gauche. « Si vous me proposez de faire un référendum en me disant qu’on va partir en retraite à 60 ans avec les mêmes conditions, et qu’on n’endettera pas plus le pays, évidemment qu’on va dire oui ». « Si on vit plus longtemps, c’est peut-être aussi parce qu’on partait à la retraite plus tôt. C’est pour ça qu’on a allongé l’espérance de vie », lui a rétorqué Benjamin Lucas, farouchement opposé à la réforme.

Le député Renaissance à Karl Olive s’est présenté face à la gauche mantaise samedi dernier, et ce malgré sa proximité assumée avec Pierre Bédier et sa « très belle amitié » avec Raphaël Cognet.

Autre sujet au menu, plus récent celui-ci : la loi Duplomb, qui vise à lever tout un nombre de contraintes des agriculteurs, et adoptée à l’Assemblée nationale le 8 juillet. Pour Karl Olive, il s’agit avant tout d’une réponse à une demande du terrain. « J’ai fait 700 déplacements au cours des 12 derniers mois, dont 10 % auprès des agriculteurs. Si j’ai voté cette loi, c’est effectivement parce que les agriculteurs ont besoin d’être mieux protégés en France […]. Je suis contre l’utilisation systématique des pesticides, mais elle est encadrée ». Le député de la 8ème circonscription dénonce, lui, une loi « poison » qui serait « demandée par le lobby de l’agro-chimie ». « Moi, je ne suis pas pour opposer l’agriculture et la santé, a-t-il lâché. Parce que sinon, ça veut dire quoi ? Ça veut dire qu’on accepte que nos gamins vont bouffer de la merde. […] Tu as vu les chiffres des cancers infantiles ? Ce sont des produits qu’on avait interdits parce que ça rentre dans le cerveau des nourrissons ».

Gouvernement minoritaire imposé, sectarisme politique supposé, urgence sociale ignorée… Les deux parlementaires se sont répondus coup pour coup, faisant preuve de fermeté et parfois même de pugnacité, sans jamais tomber dans l’invective ou le discrédit gratuit. Le public, plutôt calme pendant le débat, a parfois fait comprendre son mécontentement avec des huées, notamment lors d’une tirade du député Renaissance à propos de Jean-Luc Mélenchon et le « danger » que représenterait La France Insoumise… mais a également su l’applaudir quand celui-ci a dénoncé la situation à Gaza. « Il est inadmissible que ce que fait Monsieur Netanyahu ne soit pas condamné », a-t-il affirmé avant, en conclusion, de donner rendez-vous à Benjamin Lucas pour un match retour sur ses terres.