
Comment convaincre des enfants de participer à un atelier d’urbanisme pendant les vacances scolaires ? Voilà un casse-tête auquel s’est confrontée la Ville des Mureaux, qui souhaitait compléter sa concertation sur le réaménagement du centre-ville – déjà menée auprès des habitants et des commerçants – en tendant l’oreille auprès des plus jeunes. « On s’est posé la question de la forme, et c’est l’adjoint chargé de l’urbanisme Davy Ramos qui a eu l’idée d’utiliser les jeux vidéos », nous raconte Stéphanie Aparisi, directrice du projet Action Cœur de Ville.
Quoi de plus adapté qu’un jeu de construction de type « bac à sable » comme Minecraft pour leur permettre de repenser la ville à leur façon ? Pour qu’ils puissent donner libre court à leur imagination, les quinze jeunes participants ont été lâchée pendant une heure, encadrés par des médiateurs spécialisés à l’Espace 53, dans un serveur privé où le centre-ville a été modélisé bloc par bloc pour l’occasion. « On a contacté une communauté de « builders » en ligne pour qu’ils reproduisent les différentes rues et places concernées par le projet de réaménagement, raconte Aurélie Launay, directrice conseil chez le cabinet Res Publica qui se charge de la concertation. De notre côté, on a ajouté les éléments de contexte, les consignes de jeu… ».
Répartis en trois équipes, les jeunes muriautins avaient pour mission d’aménager à leur façon la rue Paul Doumer, le parvis de la gare et le secteur autour de l’école Paul Bert. Tous les outils du jeu étaient à leur disposition pour qu’ils puissent donner forme à leurs idées : des bancs, des fleurs, des blocs de toutes sortes… mais aussi de la TNT. « Allez-y, construisez des trucs, que je les fasse exploser ! », s’amusait le plus turbulent du groupe, visiblement plus intéressé par la destruction que par la construction. « C’est toi qui a fait des trous dans mon immeuble ? », lançait son camarade d’une voix outrée, tandis qu’un autre s’indignait dans un cri strident : « Mais pourquoi il fait une piscine dans mon aire de jeu ? » « Je vois pas de quoi vous parlez, je cherche juste une place pour une villa rien que pour moi », rétorquait l’apprenti promoteur dans un sourire espiègle.
Après une heure durant laquelle les encadrants ont dû courir de PC en PC pour réparer les dégâts, les architectes en herbe ont présenté leurs créations, allant du terrain de foot au point d’eau bucolique, en passant par un manège, un parc naturel avec des animaux, un aquarium, un magasin de prêt-à-porter ou même… une statue de Napoléon devant la gare. « Vos idées permettront aux architectes d’adapter leurs plans », glisse Aurélie Launay aux participants. D’ailleurs, le serveur restera ouvert jusqu’au mois de septembre pour que chacun puisse y aller de sa proposition… En espérant qu’une invasion de « creepers » ne réduise pas le cœur de ville numérique en cendres.