
Le 1er juillet 2025, sous un soleil de plomb, plusieurs milliers de kinésithérapeutes battent le pavé dans la capitale pancarte à la main. Leur principale revendication : obtenir des revalorisations salariales. « Il faut savoir que tous nos actes ont un tarif réglementé, explique Gabriel Benson, kinésithérapeute à Rosny-sur-Seine, et tous les cinq ans, les syndicats et la sécurité sociale se réunissent pour les revaloriser. » Sauf qu’avec l’inflation et la flambée de certains produits comme les crèmes, ces professionnels de santé se sentent pris à la gorge. « Le dernier quartile de notre profession touche environ le smic. Notre pouvoir d’achat a baissé de 25% en 20 ans » déplore le kiné.
Sauf qu’en 2022 les négociations tournent mal et les trois organisations syndicales des kinésithérapeutes – Alizé, SNMKR et FFMKR – décident de claquer la porte face aux contreparties proposées : une obligation d’installation pour les jeunes diplômés soit dans des zones sous-dotées, soit dans des établissements hospitaliers ou médico-sociaux, ainsi qu’une refonte de la nomenclature des actes. « Sauf que nous passons de 20 actes à 80, fustige celui qui est également président de la commission partiaire départementale des Yvelines pour le syndicat Alizé. Et si on se trompe, la sécurité sociale nous demande des indus. »
Finalement, six mois plus tard, ils finissent par accepter. Mais si toutes les contraintes sont mises en place, les kinés doivent attendre juillet 2025 pour revoir leur prestation à la hausse. Finalement, à cause des finances de l’Etat, les revalorisations de 3 % sont repoussées au moins jusqu’en 2026. Face à ce manque à gagner, les kinés n’ont pas beaucoup de leviers. Soit ils font du « dépassement d’exigence » – c’est-à-dire si le patient demande des horaires en dehors des ouvertures du cabinet par exemple – soit en réalisant des prestations « hors nomenclature » comme coach sportif.
« Sinon on fait de l’abattage et dans ce cas-là la qualité des soins va fortement baisser » s’alarme Gabriel Benson. Dernier risque, le départ des kinésithérapeutes dans d’autres contrées plus accueillantes : depuis 2021, 1 562 ont fait leur valise pour la Suisse, le Canada ou l’Espagne.