Municipales 2026 : Des visions différentes pour un scrutin indécis

À Conflans-Sainte-Honorine, un seul candidat s’est déclaré pour les élections municipales 2026. Il s’agit du socialiste et membre de l’opposition locale Alexandre Garcia. L’autre groupe d’opposition « Ensemble pour Conflans » prépare aussi son offensive. Enfin le maire actuel Laurent Brosse veut être de la partie, même si une incertitude existe en raison de ses affaires judiciaires.

Profondément ancrée à gauche – les socialistes Michel Rocard, Jean-Paul Huchon et Philippe Esnol ont occupé l’hôtel de Ville pendant presque 40 ans – Conflans-Sainte-Honorine est pourtant passée aux mains des Républicains en 2014 lorsque Laurent Brosse, illustre inconnu et même pas conseiller municipal, parvient à remporter l’élection municipale grâce à une quadrangulaire. À 28 ans, il devenait le plus jeune maire des Yvelines et le deuxième plus jeune de France dans une ville de plus de 30 000 habitants.

Par l’intermédiaire de sa liste « Ensemble, osons l’avenir », il promettait de « redynamiser la commune » mais a dû faire face à des vents contraires. « Je n’imaginais pas des finances dans un tel état » se remémore l’élu. En effet, à cause de plusieurs emprunts toxiques, la Ville avait une capacité de désendettement étalée sur 30 ans. « À titre indicatif, la situation est alarmante quand on attend 10 ans » indique l’avocat en droit des affaires. Après plusieurs mesures drastiques et une renégociation des emprunts, cette capacité tombe à 6 ans.

« L’idée a été de purifier la situation le plus vite possible, raille de son côté Alexandre Garcia, cela a été fait au service d’une idéologie. » Le conseiller municipal d’opposition et candidat PS déclaré pour les élections municipales de 2026 pointe notamment du doigts la suppression de postes d’ATSEM, une place du Général Leclerc « dévitalisée de services publics » et les bains douches laissés à l’abandon. « Pourtant, ils étaient utiles pour les migrants et les bateliers » ajoute-t-il.

Toutefois, juste avant la fin du premier mandat de Laurent Brosse, la place Fouillère est livrée. Avec la piétonisation d’une partie des quais de Seine, et un espace pour ajouter des terrasses l’été, elle devient un espace dynamique apprécié durant les beaux jours. Grâce à cette réalisation et à un bilan financier positif, l’invité surprise de 2014 conforte sa place. Pour les élections municipales de 2020, il est élu dès le premier tour avec près de 52 % des suffrages exprimés.

Depuis, l’édile travaille sur le réaménagement de la place du quartier Chennevières, dite place de la Liberté, avec de nombreuses concertations publiques. « L’idée étant de créer un lieu de vie avec des espaces verts, des jeux pour enfants, des espaces de liberté, tout en s’efforçant de garder un maximum de places de stationnement pour les commerçants » détaille le maire conflanais. Il reste une partie complexe, celle qui relève d’un espace privé : la parcelle de Carrefour Market. La Ville a refusé un permis de construire au promoteur Nexity en mars dernier.

« Le projet ne répond pas à toutes les attentes que j’ai pour le quartier » justifie-t-il. Parmi les raisons évoquées, le « nombre de places de stationnement trop faible », une « hauteur de constructions trop importante » et un nombre de logements ne permettant pas « une insertion harmonieuse au sein du quartier Chennevières ». Une décision qui, pour le moment, le prive d’une enveloppe de près d’un million et demi d’euros. Laurent Brosse espère les premiers coups de pioche en 2027. Mickaël Littière, chef du groupe d’opposition « Ensemble pour Conflans » trouve que le projet met du temps à se concrétiser. « Cela a débuté en 2019, remis à plat en 2023, relancé en 2024, explique-t-il, aujourd’hui on a un pré-projet pour lequel il n’y a pas d’arbitrage budgétaire ­définitif. »

Par ailleurs, le locataire de l’hôtel de Ville mise également sur la sécurité. Il veut augmenter le nombre de caméras de protection et adhérer à un centre de supervision urbaine intercommunal. « Nous sommes en discussion avec des communes voisines et nous espérons cela pour la fin d’année 2025 » révèle l’édile. S’il n’est pas encore officiellement candidat à sa propre succession, Laurent Brosse ne cache pas son envie de briguer un troisième mandat. Dans le cas où il serait réélu, l’un des chefs de file « Horizons » aimerait enfin faire avancer le projet de la place de l’hôtel de Ville et de l’ancien Ciné.Ville qui doit voir ­l’implantation d’un pôle santé.

Actuellement, seul Alexandre Garcia (à gauche) est officiellement candidat à la Mairie de Conflans-Sainte-Honorine mais Laurent Brosse (au centre) devrait l’annoncer prochainement. Quant à Mickael Littière, son groupe « Ensemble pour Conflans » s’exprimera en septembre. (photo de gauche : Ensemble pour Conflans )

Mais les recours en justice des associations Patrimoine Environnement et Sauvons-les-Yvelines retardent le début des travaux. Le tribunal administratif a toujours validé le projet malgré leurs protestations mais il doit une dernière fois statuer après un nouveau recours en décembre 2024. « On aura ensuite le sujet de rénovation énergétique de l’école Paul-Bert, qui est un des plus grands groupes scolaires de la commune et le changement de locaux du restaurant scolaire » ajoute ­l’avocat en droit des affaires.

Face à lui, il aura un membre de la liste « Ensemble pour Conflans ». Pour le moment, le candidat n’est pas officiellement choisi. « Nous allons nous concerter en septembre » révèle Mickaël Littière. Cependant, les grandes lignes du programme sont déjà tracées. L’ancien membre de la majorité – éjecté après être devenu le suppléant de la députée Nadia Hai – désire mettre en place un conseil consultatif citoyen : « Le but serait d’avoir des représentants par quartier, élus par les habitants, un peu comme sur le modèle qui existe à Poissy. »

Il axerait également sa politique sur la sécurité en recrutant des policiers municipaux en grand nombre pour arriver à l’objectif d’en avoir un pour 1 000 habitants alors qu’il est pour 2 500 actuellement. De plus, le chef de l’opposition « Ensemble pour Conflans » voit d’un bon œil la future adhésion à un centre de surveillance. « C’était une de mes idées lorsque j’étais maire-adjoint » avance-t-il.

Celui qui est aussi conseiller communautaire au sein de GPSEO souhaite accélérer le plan de rénovation énergétique des bâtiments publics, y compris dans les écoles : « Un tiers du parc a été rénové en 12 ans de mandat. C’est trop peu. »

La redynamisation fait partie de ses objectifs et il regrette de voir celui de Conflans-Sainte-Honorine à la traîne par rapport à Poissy ou Saint-Germain-en-Laye. « L’objectif, c’est de trouver les commerces et les bons fléchages en termes de dispositifs » théorise Mickaël Littière. S’il assure que la liste « Ensemble à Conflans » n’aura aucune étiquette, l’ancien maire-adjoint ne cache pas qu’il fera appel à Nadia Hai pour les aider : « C’est une amie et quelqu’un qui a porté haut et fort les couleurs de la République quand elle a été ministre puis députée. »

« Construire le Conflans de 2030 »

Alexandre Garcia a décidé aussi de se lancer dans la bataille de la mairie. Conflanais depuis 10 ans, le conseiller municipal d’opposition a gravi les échelons petit à petit. D’abord en position non éligible en 2020, il accède finalement au conseil municipal en 2022 et vient d’être investi « premier des socialistes » après le vote des militants de la section PS locale. « On doit inventer d’autres cœurs de ville » martèle-t-il. Il craint en effet que tout soit concentré au niveau de la place Fouillère et que le quartier de la gare, les Roches, Romagné-Renouveau soient mis de côté. À l’instar de Mickaël Littière, il compte sur l’installation de nouveaux commerces pour ­acheter localement.

Un de ses chevaux de bataille sera donc de créer le « Conflans des quartiers ». « Ça signifie plus de démocratie locale dans les quartiers. Il faut que les habitants puissent être capables de mettre en place des améliorations dans leur lieu de vie » détaille le socialiste. Des assemblées locales seront donc constituées avec un budget à la clef. Autre problème qu’il pointe : le nombre de places en crèche municipale. Alors que la population des moins de 25 ans est de l’ordre de 20 %, ce nombre est resté le même depuis 2014. Alexandre Garcia imagine également un événement autour de la laïcité lors des commémorations de Samuel Paty où tous les cultes seraient invités. « Il fait partie de nous, c’est très bien d’avoir renommé le collège à son nom » explique-t-il.

Pour l’emporter, il compte sur le bon score d’Aurélien Rousseau aux élections législatives de 2024 – 45 % dans la cité batelière – « Conflans, c’est un désir socialiste, scande l’homme de 35 ans, nous voulons bâtir le Conflans de 2030. »

Si les opposants de Laurent Brosse peuvent y croire, c’est qu’ils misent aussi sur les déboires judicaires de l’édile. En effet, il a été condamné en octobre 2024 à 1 an de prison avec sursis et 5 ans d’inéligibilité pour harcèlement moral et sexuel envers son ex-compagne. « Je sais qu’ils s’en serviront contre moi et j’utiliserai tous les recours possibles » avance le maire actuel. Enfin, dernièrement, c’est la nouvelle pergola installée au niveau de la mairie – œuvre de Daniel Buren – et l’audit financier commandé juste avant sa période de réserve qui ont provoqué l’ire des opposants. La bataille ­s’annonce rude dans la capitale de la batellerie.