Comment la base de loisirs du Val-de-Seine opère son redressement ?

À cause d’éléments extérieurs comme la perte d’un client historique et le Covid-19, la base de loisirs du Val-de-Seine enregistrait environ un demi-million de pertes en 2022. Depuis, la direction s’efforce de relancer la machine en diversifiant ses activités dans le but de trouver un nouvel équilibre.

Un poumon vert presque à perte de vue. Propriété de la Région Île-de-France, l’île de loisirs du Val-de-Seine s’étend sur un vaste domaine naturel de 257 hectares, incluant trois plans d’eau d’environ 50 hectares chacun. Chaque année, ce sont près de 150 000 personnes qui franchissent ses portes dont 40 000 rien qu’en pleine saison, c’est-à-dire de mai jusqu’à la fin août. Toutefois, tout n’est pas rose. Remontons trois ans en arrière. Tout d’abord, il y a eu la crise du Covid-19 dont nous connaissons tous les répercussions sur l’intégralité de l’économie française. Mais cela n’a pas été le seul coup porté à cet écrin de verdure.

Si le campus PSG fait la fierté de la ville de Poissy, quelques dégâts collatéraux sont à noter sur les communes avoisinantes. « Pendant 10 ans, il y avait des jeunes en préformation qui logeaient chez nous tout au long de l’année » explique Jeton Maksutaj, le directeur de l’île de loisirs du Val-de-Seine. Ces graines de footballeurs monopolisaient même les trois quarts des locaux. Ce qui permettait donc d’assurer une rentrée d’argent conséquente et de faire tourner les équipements comme le self. « C’était un défi, avance le dirigeant, parce que les hôteliers, eux tournent tout le temps avec des clients qui viennent de partout. Nous, ici, on a une petite capacité (50 chambres Ndlr). »

Résultat des courses, à l’heure d’établir les bilans comptables, la base de loisirs affichait un déficit de près de 500 000 euros en 2022. Pour faire face à cela, elle a dû faire des efforts de gestion, en mutualisant des coûts en termes de ressources humaines et en étant plus rigoureux : « On évite de faire appel à des compétences extérieures. » Ces mesures ont rapidement eu une incidence puisqu’actuellement, le déficit n’est « que de 90 000 euros ». Jeton Maksutaj encense alors Fabienne Devèze. Selon lui, la présidente de l’île de loisirs a déployé beaucoup d’énergie dans le but de « redresser la barre et de développer d’autres activités ».

Le Karukera One Love Festival posera ses valises le 6 et 7 septembre prochain.

En effet, la conseillère départementale et maire de Morainvilliers a multiplié les visites dans les structures du même type afin d’étudier leur fonctionnement. Elle a également rencontré des partenaires privés – « on a tendance à mépriser les lieux publics mais il n’y a pas que les organismes privés qui savent proposer des animations » – qui pourraient être attirés par les multiples avantages de la base vernolienne, comme sa situation géographique en bord de Seine. Par ailleurs, le centre nautique de l’île constitue la première école de voile scolaire en France. Avec ses 33 emplacements fixes et 12 emplacements en escale, son port de plaisance, ainsi que le centre équestre – il génère un chiffre d’affaires annuel de 500 000 euros – sont aussi des atouts non-négligeables.

Cela a permis de tisser de nouvelles alliances commerciales. Le CCAS Energie de France envoie désormais plusieurs enfants en colonie de vacances, représentant tout de même 23 % du chiffre d’affaires de l’année dernière. Prochainement, Jeton Maksutaj compte sur le Karukera One Love Festival. Ce festival caribéen devrait se dérouler les 6 et 7 septembre 2025. Susceptible de réunir jusqu’à 20 000 spectateurs, l’événement était auparavant organisé sur la plage de Torcy (Seine-et-Marne). Cependant, tout le monde n’a pas vu d’un bon œil ce « déménagement ». Les maires des Mureaux et Verneuil-sur-Seine – la base de loisirs du Val de Seine est à cheval sur les deux communes – ont manifesté leur opposition pour des questions de sécurité.

Le Vernolien Fabien Aufrechter a même fait voter une motion lors du conseil municipal du 1er juillet dernier. Le dirigeant refuse de commenter afin d’éviter toute polémique. « Le festivalier a monté un dossier de sécurité transmis à la Préfecture qui peut valider ou invalider sa demande » argumente-t-il. Toutefois, cet événement sera évidemment générateur de retombées économiques pour sa structure : « Nous avons négocié un montant pour la mise à disposition du site assez conséquent. Il constitue également un levier fort de visibilité et de fréquentation. »

« Le jardin de ceux qui n’en ont pas »

En dehors de l’aspect pécunier, Jeton Maksutaj met également en avant les qualités humaines de son personnel. « On accompagne nos clients, la vente d’une activité ne doit pas être tout simplement un geste purement commercial, il doit être aussi humain » théorise-t-il. Et le directeur de la base de loisir tient grandement à « ce rôle social ». Selon lui, c’est même une de ses principales vocations. En effet, elle sert aux personnes qui ne peuvent pas partir en vacances. « Nous sommes aussi le jardin de ceux qui n’en ont pas » renchérit le numéro deux de la structure. En outre, le péage à l’entrée est payant de 9 h à 17 h 30, néanmoins la baignade étant autorisé jusqu’à 18 h 30, ceux qui le souhaitent peuvent bénéficier d’une heure gratuite pour ­décompresser en fin de journée.

« Grâce aux financements de la Région, du Département et de GPSEO, toutes nos activités sont entre 6 et 7 euros, ce qui reste un prix abordable » estime Jeton Maksutaj. C’est cette administration sous forme de syndicat mixte qui assure aussi la rentabilité du site. L’instance présidée par Valérie Pécresse finance tout ce qui est structurant car elle est propriétaire du site, tandis que le conseil départemental et la communauté urbaine la subventionnent à hauteur de 120 000 euros chacun.

L’avenir s’étant éclairci, le directeur de l’établissement veut tout de même prendre son temps. « Nous sommes une vieille machine » clame-t-il en souriant. Sans être vétuste, quelques installations datent un peu. Il aimerait donc pouvoir développer l’activité hébergement en construisant des petites maisons et des mobil-homes. Cela aurait pour incidence d’augmenter la capacité d’accueil et ainsi générer plus de chiffres d’affaires avec un ruissellement sur le self et les activités. « Et quand nous fabriquerons du bénéfice, nous le réinvestirons tout de suite dans l’entretien et le développement » conclue le directeur de l’île de loisirs du Val-de-Seine.