
Dans le ciel de Grenoble, Ludovic François a pris son envol. Littéralement. Le Morainvillois est revenu des championnats de France de wingsuit, disputés les 2 et 3 août, avec deux médailles de bronze autour du cou.
La discipline, peu connue du grand public mais spectaculaire à souhait, consiste à sauter d’un avion lancé à plus de 3 000 mètres d’altitude, puis à planer grâce à une combinaison ailée. Ludovic François, alias « Parazoom », s’est illustré dans les deux catégories au programme : l’acrobatique et la performance. « En acrobatique, il faut enchaîner des figures de manière artistique, pour que ce soit le plus joli graphiquement possible », explique-t-il. L’épreuve se dispute en binôme, sans compter le « vidéoman » chargé de filmer la prestation : les juges notent à la fois les figures, et la qualité de la vidéo. La catégorie performance, elle, se joue en solo, lors de deux séries de trois sauts tirés au sort : un pour le temps, un pour la distance, un pour la vitesse.
Si le résultat est louable, Ludovic François reste un perfectionniste. « En performance, mon objectif c’était la troisième place, et je l’ai eue. Mais en « acro », on visait l’argent ». Manque de coordination par rapport aux concurrents ? Figures moins bien exécutées ? Que nenni. « Je vais être mêchant, mais c’est le jugement qui a pêché, glisse-t-il, taquin. C’est un peu le problème des disciplines artistiques, on est jugé sur des critères, et là, on perd de deux points par rapport aux deuxièmes. On est un peu déçus mais bon, c’est pas mal, je suis quand même content ».
Il faut dire que l’on a affaire à un spécialiste : cela fait 22 ans que Ludovic François a commencé le parachutisme, d’abord pour faire du sky-surf. « Mais j’ai vite compris que ce n’était pas pour moi, raconte-t-il. Trop de contraintes, trop dangereux. Même si je fais aussi du freefly et de la soufflerie, c’est la wingsuit qui s’est imposée comme une évidence : on peut voler plus de 3 minutes, parcourir de nombreux kilomètres… On vole vraiment, on se prend pour un avion, c’est un vrai kiff ».
Le wingsuit n’est toutefois pas accessible à n’importe qui. Il faut au moins avoir effectué 200 sauts pour s’y essayer. « Avant de pouvoir faire ce que les champions font, il faut 400 à 500 sauts. La wingsuit, ça ne s’improvise pas », assure-t-il. Sans parler de la routine physique, à base de renforcement musculaire et de cardio, et des entraînements réguliers, qu’il effectue avec son club des « Ailes du Noyonnais » du côté d’Orléans ou du nord de la France.
D’ailleurs, pour Ludovic François, concilier une telle passion avec sa vie professionnelle et familiale est peut-être plus difficile que de se jeter dans le vide à plus de 3 000 mètres de haut. « J’étais qualifié, mais j’ai choisi de ne pas aller aux championnats du monde cette année : ils tombaient en plein mois d’août, une semaine après les championnats de France. Je ne voulais pas tout casser côté famille », avoue-t-il. Mais s’il a fait l’impasse cette année, le Morainvillois déborde d’ambition pour la suivante. « L’année prochaine, mon objectif, c’est d’être champion du monde ».