Agression, dialogue rompu… Que se passe-t-il à la mairie de Rolleboise ?

Des conflits internes dans les rangs de l’équipe municipale rendent l’ambiance particulièrement tendue dans les couloirs de l’Hôtel de Ville de Rolleboise, et ce depuis plusieurs semaines.

À la mairie de la petite commune de Rolleboise, située à 10 kilomètres à l’ouest de Mantes-la-Jolie, un différend au sein de l’équipe municipale a dégénéré en altercation physique. Le 19 août, un conseiller municipal affirme avoir été blessé à la main après un accrochage avec le premier adjoint. « Il voulait voir la secrétaire en tête-à-tête, ce qu’elle ne souhaitait pas, raconte l’élu. Il a voulu nous empêcher de rentrer dans la salle du conseil, et m’a refermé la porte brutalement sur la main. Heureusement que j’avais le pied qui était engagé, sinon j’avais la main fracassée ».

Le premier adjoint mis en cause assure, lui, qu’il n’est « pas l’agresseur mais l’agressé ». « Je souhaitais simplement avoir un échange informel avec la secrétaire sur des procédures comptables à propos de la trésorerie, assure-t-il. Mais des personnes, qui n’étaient pas conviées, ont tenté de forcer la porte, alors j’ai maintenu la pression pour éviter de me la prendre dans la face ». S’en sont suivies des procédures auprès de la gendarmerie de Mantes-la-Jolie, entre mains courantes et plaintes, sans suite à l’heure où nous écrivons ces lignes.

Au-delà de la version des uns et des autres, l’épisode révèle un climat délétère au sein de la mairie. « Vu l’hématome et à quel point la main était gonflée, ce n’était pas bénin, condamne la maire, Yvette Brunet, prise en étau entre ses adjoints et les tensions qui minent son équipe. Je veux simplement que l’on retrouve de la sérénité pour le village ».

Des tensions comme celle-ci ne sont pas rares à quelques mois des élections municipales, quand les ambitions de chacun se dévoilent. À ce stade, le premier adjoint rolleboisien assure qu’il ne cherche « aucune notoriété » et ne cherche pas « à remplacer la maire ». Toutefois, il admet être « en réflexion » face à la crainte de ne voir aucune liste se présenter au sein de la commune. « S’il n’y en a pas, on sera sûrement rattachés à une commune voisine et le village deviendra un lieu-dit, se désole-t-il. Mais étant jeune retraité, en voyant des situations comme celle-là, je me demande si je ne devrais pas faire autre chose ».

Si cette querelle locale peut sembler anodine, elle illustre pourtant un phénomène plus large : partout en France, une crise de vocation touche les élus locaux. Depuis 2020, plus de 2 100 maires ont démissionné, souvent à cause de tensions internes, d’une agressivité croissante et de fatigue face à des responsabilités jugées trop lourdes. Dans certaines petites communes rurales, il devient même difficile de trouver suffisamment de volontaires pour constituer une liste, alimentant la crainte d’un ­désengagement démocratique durable.