Un espace dédié à la santé mentale des enfants des quartiers populaires

Un rapport interministériel mettait en lumière le besoin de soutien psychologique des enfants issus des QPV. En visite à Chanteloup-les-Vignes le 5 septembre, la ministre chargée de la Ville Juliette Méadel a annoncé la création de la première maison de l’enfance et de la réussite éducative dans cette commune.

« Dans la tranche 15-17 ans, tout peut basculer » s’exclame une mère de 5 enfants devant Juliette Méadel, la ministre en charge de la Ville, en déplacement à Chanteloup-les-Vignes le 5 septembre. Elle narre alors l’histoire de son fils de 18 ans qui avait pour but de suivre un cursus dans la pâtisserie. Mais face aux multiples refus – et alors qu’il a remué ciel et terre en allant à plusieurs portes ouvertes et envoyant son dossier dans plusieurs établissements – l’adolescent est désormais en dépression scolaire, la faute à une formation ne convenant pas à son projet professionnel. Un témoignage qui va de pair avec celui d’une autre maman : « Nous sommes déjà confrontés aux portes qui se referment quand on dit qu’on vient de Chanteloup ou avec nos noms à consonnance étrangère. »

Si la jeunesse est déjà aux abois, celle des quartiers populaires souffre d’autant plus. Alors pour pallier cela, voici donc les Maisons de l’enfance et la Réussite éducative, ou MeRe. Dans ce lieu se trouveront trois psychologues cliniciens « très bien formés et qui savent parler aux enfants de 2 à 16 ans ainsi qu’aux parents » insiste la membre du gouvernement Bayrou. Le nom n’a pas été choisi au hasard. « Les quartiers sont des matriarcats, glisse la ministre. Je veux qu’on le dise et qu’on le reconnaisse. Dans plus de 95 % des cas, ce sont les mères qui gèrent les difficultés mais c’est aussi un appel aux pères, l’occasion de leur dire : Venez ! Poussez les portes de ces lieux ! »

L’espace Borloo accueillera la première Maison de l’enfance et de la Réussite éducative début 2026.

La première sera donc à l’Espace Borloo, sise non loin de la future cité éducative Simone Veil. Une évidence, puisque les enfants en proie à des difficultés seront identifiés grâce à leurs professeurs, à leurs éducateurs… « Je suis confiante, clame la ministre, quand la Ville annonce suivre 364 jeunes, c’est très précis » Sur les trois postes attendus, un pourrait être pourvu dès cette semaine. Sara Brunet, coordinatrice depuis cinq ans du programme de la réussite éducative de Chanteloup-les-Vignes, assurera d’ailleurs l’entretien le 10 septembre.

« Je souhaite en créer une dans toutes les communes qui développent des programmes de réussite éducative. 1 500 implantations sont visées pour le ­moment », a précisé Juliette Méadel.

Dans les Yvelines, c’est une demi-surprise de voir cette commune choisie comme fer de lance. Si la MeRe doit être en service pour début 2026, la municipalité l’affirme : « On pourrait commencer dès maintenant. » En effet, elle n’a pas attendu un quelconque dispositif étatique pour prendre soin de sa jeunesse. Depuis la signature du contrat local de Santé en 2021, plusieurs formations de premier secours en santé mentale ont été dispensées. « Il y a eu onze sessions, ce qui correspond à 150 personnes formées » précise Julie Dieudonné, la coordinatrice Santé de la Ville. De plus, les enfants des écoles maternelles ont participé à des séances de développement psychosocial. « Cela se ressent dans l’ambiance des classes » soutient l’employé de la Mairie.