« C’est la démonstration que les subventions peuvent servir quand elles sont bien utilisées. » Malgré ses accointances politiques – il est notamment proche de Fabien Gay, le sénateur communiste rapporteur de la commission d’enquête sur les aides publiques – Djamel Nedjar n’est pas avare en compliments à la vue des nouveaux locaux de Nextpharma, inaugurés le 12 septembre. D’un côté, le maire de Limay est conscient de l’importance du sous-traitant pharmaceutique (ou CDMO) pour sa commune. « Pas plus tard que ce matin, j’ai croisé au marché quelqu’un dont le père travaillait pour Nextpharma dans les années 70 » révèle l’édile qui souhaite voir des passerelles se créer entre les différentes entreprises du secteur et la jeunesse des QPV, dont le taux de chômage atteint les 30 %.
Baptisés NextFly, ces 1 000 nouveaux mètres carrés peuvent accueillir deux lignes de production – s’ajoutant au quatre déjà existantes – ainsi qu’une cuve de 16 000 litres. « La capacité de l’usine a été doublée, tout en répondant aux standards de qualités les plus élevés » explique Bertrand Piha, le directeur du site. L’investissement est conséquent : 9 millions d’euros, avec des aides publiques à hauteur d’un million dans le cadre du dispositif France 2030, une vraie prise de risque pour la firme allemande.
« Il y a deux façons de voir les choses, avance Bertrand Piha. Soit on attend le contrat idéal et tout ça sort dans trois ans, soit on va chercher les partenaires et on leur dit que c’est opérationnel quasiment tout de suite. » Pour les convaincre d’implanter leur production dans la Vallée de Seine, il vantera la qualité de ses équipes, « capable de sortir un tel bâtiment en un temps record ». « En janvier dernier, je recevais des clients lorsque les cuves venaient de rentrer par la toiture. Quand je leur ai dit « on va inaugurer en septembre », ils m’ont répondu « c’est impossible » » narre le directeur du site.
Si l’usine relève de la plus haute importance pour Limay et la Vallée de Seine – « trouvez-moi d’autres entreprises de plus de 60 ans dans notre territoire, il n’y en a pas des masses » se désespère Djamel Nedjar – c’est également le cas pour l’ensemble de l’Hexagone. En effet, sur les 50 millions de boîtes de médicaments qui sont produites chaque année, une trentaine est consacrée à des molécules dites « essentielles » pour le marché français. « Ce projet s’implique pleinement dans le cadre de la souveraineté nationale » indique Pierre Delavaud, directeur commercial et marketing de Nextpharma.
Enfin, Nextfly est censé matérialiser un nouvel envol pour le sous-traitant pharmaceutique. En pleine inauguration, plusieurs pontes assuraient que le hall accueillant les invités servira prochainement de lieu pour le packaging. De plus, des négociations ont également lieu avec la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise et la Mairie afin d’acquérir d’autres terrains situés sur la zone d’activités des Hauts Reposoirs. « Il faut s’offrir les capacités industrielles pour relocaliser » martèle Bertrand Piha.