
Onze longues minutes. Le 23 septembre, la vidéo de l’agression d’un père et sa fille sur le quai de la gare Thun-le-Paradis à Meulan-en-Yvelines est diffusée au tribunal correctionnel de Versailles. Les images sont insoutenables, nous sommes en juillet et les deux victimes voulaient simplement se rendre à un concert de K-Pop. Au lieu de cela, des coups de poings, de coups de pieds, tellement « qu’il serait plus rapide d’écrire à quel endroit les deux victimes n’ont pas été blessées » écrit le médecin dans son rapport que mentionne 78Actu. Alors pourquoi ce déferlement de haine ?
C’est la question à laquelle doit répondre le couple d’agresseurs, car depuis leur garde à vue, ils ont préféré se taire. « J’ai entendu le père dire : Sale bicot ! Regarde-le avec sa poufiasse voilée ! » indique l’un des prévenus. Son épouse poursuit. « Je suis partie le défendre quand il a reçu un coup de casque » rapporte le site internet d’informations locales. Un assesseur refuse alors de croire en cette théorie de l’injure raciale. Il note qu’elle avait juste un « foulard sur la tête » et surtout, au moment où celle-ci se fait traiter de « pute voilée (sic) », elle ne réagit même pas. Même constatation pour le procureur de la République. « La victime ne vous regarde pas, elle est sur son téléphone et le père fume sa cigarette » indique 78Actu.
La jeune fille rouée de coups va alors se présenter à la barre afin de se défendre : « Je ne suis pas une menteuse… Ils m’ont frappée pour rien. Ils m’ont menacée. Et mon père… Il a eu si peur qu’il ne dort plus. Il se dit qu’il n’a pas pu me protéger… » Après un long délibéré, la sanction tombe. Pour le mari, ce sera 8 ans de prison, l’épouse, 5 dont 15 mois avec sursis probatoire. De plus, ils ont interdiction de se rendre à Meulan-en-Yvelines pendant trois ans. Les deux éclatent en sanglots, interloqués, tout comme leurs avocats. Selon eux, ces sanctions sont « hors-sol » et « disproportionnées », avec « une forme d’acharnement ». Ils ont donc déjà annoncé faire appel de la décision.