
Apprendre par voie de presse la tenue d’une réunion entre la Mairie de Poissy, la Région, et des cadres du PSG pour parler du futur stade du club parisien a fait sortir de ses gongs le syndicat SUD Stellantis. Surtout quand, 24h auparavant la direction du groupe automobile annonce un chômage partiel de trois semaines durant le mois d’octobre (du 13 au 31). La raison avancée ? « La baisse des ventes de l’Opel Mokka (modèle produit à Poissy avec la Citroën DS3, Ndlr) mais quand on leur demande les chiffres, ils ne nous répondent pas » s’insurge Farid Borsali, secrétaire général de Sud Stellantis. Cet arrêt de la production reste une demi-surprise pour Jean-Pierre Mercier. « Les sous-traitants nous prévenaient depuis le début de l’été, eux-mêmes étaient sur des cadences plus faibles » assure le délégué syndical SUD.
Alors, le 23 septembre, l’organisation syndicale a décidé d’organiser une manifestation devant l’Hôtel de ville pisciacais. À 13 h, une cinquantaine d’ouvriers de l’usine Stellantis se sont donc retrouvés avec pancartes et sono pour passer le message suivant : ils n’abandonneront pas leur site de production sans se battre. « Les dirigeants sont en train de négocier la vente des terrains de l’usine dans le dos des travailleurs » s’insurge le secrétaire général de SUD Stellantis.
Par ailleurs, un autre sujet cristallisait les tensions. Alors que les cadres seront payés à 100 %, les ouvriers, eux, subiront une perte nette de 16 %. « S’ils peuvent le faire pour les cadres alors ils le peuvent pour nous » analyse Jean-Pierre Mercier. Une crainte demeure également : quid de la fin de l’année ? « Est-ce que les dirigeants vont continuer le chômage partiel en novembre et en décembre ? » se questionne le représentant syndical qui prophétise des cadences réduites : « Si c’est le cas, en passant de 30 véhicules/heure à 24 par exemple, ils rogneront au niveau des travailleurs. »

Toutefois, SUD Stellantis compte bien utiliser un atout qui n’existait pas lors de la fermeture des sites de Saint-Ouen, Aulnay-sous-Bois (tous deux en Seine-Saint-Denis) ainsi que Douvrin (Pas-de-Calais) : la venue du Paris-Saint-Germain. Celle-ci n’est d’ailleurs pas du goût de certains salariés qui sont même prêts à « salir » l’équipe coachée par Luis Enrique. Cette donnée inquiète justement. « C’est impossible qu’il y ait un stade avec des restaurants de luxe juste à côté d’une casse automobile » prédit Jean-Pierre Mercier.
Parmi les politiciens locaux, il y en a déjà un qui n’a goûté que très modérément à cette manifestation : Karl Olive. L’actuel député et candidat pour les élections municipales 2026 a fustigé SUD, l’accusant de diffuser des « affirmations fausses et alarmistes » : « Le site évolue : de la production exclusive de véhicules vers l’assemblage de composants stratégiques pour l’ensemble des marques Stellantis. » Il a d’ailleurs accusé Jean-Pierre Mercier de faire de la récupération politique, le syndicaliste souhaitant aussi briguer l’Hôtel de ville.
Cette action devant la mairie en appellera sûrement d’autres. « On sait déjà quoi faire dans les prochains mois » prévient Farid Borsali.