Un député européen au chevet de Stellantis

Plusieurs organisations syndicales de Stellantis – FO et CFDT – ont reçu la visite du député européen PS François Kalfon. Également membre de la commission européenne sur les transports, il a recueilli leurs avis alors que la clause de revoyure du Pacte vert est en train d’être débattue à Bruxelles.

Le chômage technique décrété par la direction de Stellantis a fait grand bruit dans la Vallée de Seine mais pas que : il est aussi arrivé aux oreilles du député européen PS François Kalfon. Celui-ci s’est donc déplacé à Poissy pour rencontrer plusieurs syndicats du groupe automobile, Force Ouvrière et la CFDT. Le but n’était pas de parler du passé mais plutôt de l’avenir. En effet, depuis 2019, l’Union européenne s’est lancée dans l’ambitieux « Pacte vert » qui vise la neutralité carbone pour 2050. En ligne de mire, il y a l’arrêt de production de voitures thermiques au profit de celles électriques en 2030. Cependant, face aux fermetures d’usines, comme celle d’Audi dans la capitale du plat pays, une clause de revoyure va être proposée l’année prochaine.

Olivier Lefebvre, le secrétaire fédéral FO Métaux n’est pas étonné, les annonces de transitions énergétiques massives n’ayant pas fait l’objet d’une planification selon lui. « On a dit qu’on allait faire un Airbus de la batterie sauf que nous sommes partis chacun de notre côté » note-t-il. Autre point soulevé par les syndicalistes : les limites du tout électrique, par exemple pour les artisans. En effet, des dispositifs de recharge sont rarement présents sur les chantiers. « « On ne vend pas un seul véhicule utilitaire léger » me disent les dirigeants des firmes automobiles » pointe François Kalfon.

Parmi les écueils des voitures électriques figurent également le prix. L’élu européen n’est d’ailleurs pas très tendre avec l’institution qu’il représente. D’après lui, l’UE en a parfois trop fait avec les normes de sécurité qui ont gonflé l’addition pour le consommateur. « Même si le juge de paix reste le passage de 20 000 morts par an à 3 500 » souligne l’ancien conseiller régional d’Île-de-France. « Avant Poissy fabriquait des voitures que les employés pouvaient acheter » renchérit Brahim Aït Athmane, secrétaire du syndicat FO métallurgie. Une problématique bien comprise par François Kalfon. « Notre but est d’avoir un véhicule décarboné et fabriqué en Europe à moins de 20 000 euros » assène le membre de la commission transports du parlement européen.

Par ailleurs, avant de discuter fabrication de voiture, on aimerait être rassuré chez Stellantis. « Pas un site ne nous dit pas qu’il ne craint pas pour son avenir » avance Philippe Diogo, délégué syndical centrale FO Stellantis. Son compère de la CFDT, Sébastien Sidolie, réclame un cap clair et une gouvernance équilibrée qui ne délaisse pas la France. « Antonio Filosa (le PDG de Stellantis depuis le départ de Carlos Tavarès, Ndlr) a annoncé des investissements aux États-Unis, on attend de voir si l’Europe va être incluse » souffle-t-il. Contrairement à leurs homologues de SUD, ils ne sont pas contre la venue du PSG et discutent même avec la direction pour rendre l’usine aussi compacte que possible et sur la possibilité d’obtenir d’autres activités industrielles. « Et pas du bricolage comme Renault-Flins » prévient ­Brahim Aït Athmane.

Enfin, un rapport rédigé par Luc Châtel prédit la perte de 75 000 emplois dans l’industrie d’ici 2030, des chiffres qui font dire à Philippe Diogo : « Il ne faudrait pas que l’automobile de demain deviennent comme la sidérurgie d’hier… »