Violences faites aux femmes : un colloque pour toucher le grand public

Le 6 novembre se tenait un colloque contre les violences faites aux femmes au forum Armand Peugeot de Poissy. Organisé par le major Fabienne Boulard, il traitait les sujets du contrôle coercitif et de la soumission chimique.

DIPN 78

Les violences faites aux femmes, le major Fabienne Boulard connaît le sujet sur le bout des doigts. Chaque année, grâce à la délégation d’aides aux victimes des Yvelines (la DAV 78), elle forme un millier de personnes sur cette grande cause nationale, aussi bien des agents municipaux, ses confrères policiers et du personnel hospitalier. Toutefois, le grand public doit aussi être formé sur cette problématique. C’est pour cela que la membre des forces de l’ordre a organisé un colloque le 6 novembre au forum Armand Peugeot de Poissy. Intitulé « Comprendre l’indicible, nommer l’invisible », il permettait d’aborder deux thématiques en particulier : le contrôle coercitif et la soumission chimique.

« Ce sont des concepts qui existent depuis quelques temps mais qu’on découvre aujourd’hui et qu’il faut prendre en compte lors des dépositions des victimes » explique le major. Selon le sociologue Evan Stark, le contrôle coercitif est une conduite déployée pour dominer en entraînant des violences répétées – physiques ou psychologiques – avec trois tactiques : l’intimidation, l’isolement et le contrôle. « Avant on parlait de l’emprise qui en est la conséquence » souligne la responsable de la DAV 78. Il permet de mettre le focus sur les actions de l’auteur de violences et ainsi renverser les questions. Par exemple, le fameux « pourquoi n’est-elle pas partie ? » devient « qu’est-ce qu’il a mis en place pour qu’elle ne parte pas ? ».

La pièce de théâtre Après coup évoquent également la culpabilité des survivants à ne pas avoir vu les violences. (DIPN 78)

Ce type de comportement peut être repéré par quelques signaux faibles. Sandrine Bouchait, présidente de l’Union nationale des familles de féminicide (UNFF) et dont la sœur a été immolée par son mari, en donne quelques-uns : « À chaque fois qu’on se voyait, il fallait qu’elle prenne une photo avec nous. Il venait la chercher tous les soirs au travail… » Le deuxième sujet résonnait plus avec l’actualité, la soumission chimique, surtout mis en exergue depuis l’affaire des viols de Mazan. Pour le major, la tournure des questions envers les victimes ainsi que le questionnaire d’évaluation du danger doivent être affinés afin de prendre en compte ces nouvelles données. « Une réflexion est en cours au ministère de l’Intérieur » assure-t-elle.

L’après-midi était consacré à la pièce de théâtre Après coup, co-écrite par Sandra Colomba et Tadrina Hocking, également interprète. L’histoire : quatre amies se retrouvent dans un chalet et découvrent trop tard que l’une d’entre elles a vécu un drame. « L’usage de l’humour permet d’éviter de se prendre en pleine face la gravité de la situation, explique la comédienne. Tellement de choses sont dites en filigrane que les gens comprennent bien. » La représentation se faisait devant les jeunes du lycée Poquelin de Saint-Germain-en-Laye. « Développer une conscience collective et citoyenne commence avec les lycéens » assène Fabienne Boulard dont le travail avec l’établissement saint-germanois ne s’arrêtera pas à cette journée. Elle viendra dans les locaux afin de faire réfléchir à comment éviter ces drames. Et ainsi diminuer la statistique suivante : chaque jour en France, 3 femmes sont victimes d’homicide ou de tentative ­d’homicide de la part de leur compagnon.