
7ème ministre de la Santé en moins deux ans, Stéphanie Rist doit gérer l’épineux dossier d’une nouvelle loi sur la protection de l’enfance. « Il faut entendre les professionnels du secteur pour savoir ce qu’ils en pensent et surtout améliorer le sort des enfants » explique la rhumatologue de formation. Pour cela, elle s’est donc déplacée à la Maison de l’Enfance de Mantes-la-Jolie. Cette structure a pour vocation de s’occuper de jeunes mineurs dont la garde a été retirée à leurs parents.
Cette année, 523 enfants ont été suivis, un chiffre en augmentation depuis 2023 (423) qui s’explique principalement par un changement de loi. « Les fratries ne sont plus séparées, explique Hervé Bourguignon, le responsable de cette structure dépendante du Département des Yvelines. Avant la Justice faisait le focus sur l’enfant où il y avait un problème. Maintenant les juges se disent que c’est systémique et englobent tout le monde pour mieux protéger. » Il faut tout de même voir ce dispositif comme un dernier recours. Avant d’atterrir dans les locaux de Mantes-la-Jolie, d’autres solutions sont évaluées comme la prise en charge par de la famille proche ou un tiers digne de confiance.
La Maison de l’Enfance peut même s’occuper des tout-petits en dessous de 3 ans puisqu’une pouponnière se trouve dans les locaux. Elle dispose de 18 places et chacun à sa propre auxiliaire de puériculture afin de diminuer au mieux le traumatisme de la séparation. Un « accueil durable bénévole » (ADB) a également été mis en place. « Après la crise sanitaire, on se disait qu’un jour, on sera obligés de les [les enfants] emmener chez nous » se remémore Christine Simon, la directrice enfance jeunesse au sein du Département.
4 000 collaborateurs ont été sondés et 400 ont répondu positivement dont Marie, qui s’occupe maintenant d’un petit Florian (les prénoms ont été modifiés). Elle témoigne : « J’ai beau être professionnelle de l’enfance, quand c’est dans son quotidien, ce n’est pas pareil. » Alors qu’elle ne « s’occupait que d’un chat », elle est désormais devenue « sprinteuse professionnelle » avec les aller-retours à la crèche. Malgré ce changement de vie, Marie ne regrette rien. « C’est du donnant-donnant au niveau affectif. Ce qu’on leur apporte, eux nous le redonnent en double » explique-t-elle des étoiles dans les yeux.
En moyenne, chaque enfant reste entre 4 et 6 mois au sein de la Maison de l’Enfance, même si dans certains cas, cela peut aller jusqu’à deux ans. Ils peuvent ensuite retrouver leur famille en cas de main levée de la décision de justice, finir chez des proches, ou dans un autre service départemental comme les villages d’enfants.
Présent lors de cette visite, le président du Département Pierre Bédier a rappelé l’importance de l’Aide sociale à l’enfance (ASE) et des structures gravitant autour. Alors que son instance fait preuve de rigueur budgétaire, l’élu d’opposition de Mantes-la-Jolie n’a pas effectué de coup de rabot sur cette thématique : « Sur l’entretien des voiries, s’il y a des trous, les gens peuvent faire attention. Pour l’énergie, on chauffe moins. Mais pour l’ASE… »