
La gendarmerie de Mantes-la-Jolie opère sur 96 communes du territoire yvelinois. Un tiers de ses interventions sont pour des faits de violences intrafamiliales (VIF), ce qui représente chaque année près de 300 victimes, principalement des femmes et des enfants. « Dans plus de 70 % des cas, ce sont des épouses ou des compagnes, précise le lieutenant-colonel Olivier Baptiste, officier adjoint au commandement de la gendarmerie des Yvelines. Et bien souvent cela se déroule dans un contexte d’alcoolémie. » Afin de traiter au mieux ce mal qui explose dans tout l’Hexagone, leurs locaux se sont donc dotés d’une salle pour recueillir la parole de ces personnes traumatisées.
Elle a pu voir le jour grâce à l’association Soroptimist International de Versailles. Cette ONG fournit d’ailleurs des kits de première nécessité dans d’autres commissariats ou gendarmeries – comme du savon et des vêtements propres – à l’attention des femmes quittant leur foyer rempli de violence. Leïla Amrouche, une de ses vice-présidentes, a poussé pour cet aménagement fin 2023 – une demande appuyée par le lieutenant-colonel Baptiste – dont l’inauguration s’est déroulée le 28 novembre. Trois espaces ont été conçus : une pièce d’apaisement avec des jeux de construction pour les tout-petits, une salle d’interrogatoire et une dernière salle séparée par une vitre sans tain. C’est l’officier dépositaire de la plainte qui doit prendre rendez-vous avec la gendarmerie de Mantes-la-Jolie pour en bénéficier.

Ensuite, Samantha, une des 20 enquêtrices et enquêteurs yvelinois spécialisés, se charge de l’entretien. « On a tout un protocole à respecter, notamment sur le recueil de la parole des enfants » explique-t-elle. Celui-ci vient du Canada et permet de mettre en confiance la victime. « Je la laisse se détendre. Avant de parler des faits il y a une phase de confiance avec des questions comme « qu’est-ce que tu aimes faire » » énumère la gendarme. Des règles sont également établies comme l’absence de mensonge avant de rentrer dans le vif du sujet. Malgré ce processus, cela peut arriver que les auditions sortent complètement du cadre : « Hier j’avais une petite fille qui s’est assise et a tout de suite tout déballé pour s’en débarrasser. »
« Ils apprennent aussi les techniques du non-verbal » précise le lieutenant-colonel. Par exemple si un enfant touche à de nombreuses reprises les parties intimes d’une poupée. Par ailleurs, il y a également des auditeurs sensibilisés qui traitent les cas ne relevant pas des violences sexuelles.
Présente pour l’occasion, la présidente de l’Assemblée Nationale Yaël Braun-Pivet a indiqué qu’une loi « intégrale » sur les VIF était en cours d’élaboration. « Sur ce sujet, nous arrivons à faire consensus malgré les oppositions » se félicite-t-elle en regardant le député de la 8ème circonscription, Benjamin Lucas, affilié au groupe Écologiste et Social. Enfin, selon, l’actuelle locataire du perchoir, « une mobilisation de la société entière est indispensable pour endiguer ce fléau ».