A13 : Un an après, le flux libre a été adopté par les automobilistes

Selon les chiffres du groupe Sanef, récoltés via une étude réalisée avec OpinionWay, 83 % des usagers de l’A13 jugent leur expérience positive un an après la mise en place du péage en flux libre sur l’autoroute Paris-Normandie. À Buchelay, les automobilistes peuvent à nouveau emprunter les voies centrales, tandis que les abords de l’ancien site du péage commencent à être rendus à la nature.

Sanef

Souvenez-vous : au début du mois de décembre 2024, le péage de Buchelay était mis hors service, avant d’être totalement démantelé en mars dernier. Seuls quelques vestiges de celui-ci subsistent, comme le bâtiment d’exploitation qui accueillait les anciens salariés du site, des toilettes pour les voyageurs, désormais abandonnées… et un seul îlot de péage, à l’écart de la chaussée, conservé symboliquement comme une relique d’un passé déjà lointain.

En effet, à Buchelay comme partout sur l’A13 qui relie la Normandie à la capitale, les barrières de péage classiques ont été remplacées par des portiques qui lisent les badges de télépéage et les plaques d’immatriculation des véhicules. Une volonté de la Société des autoroutes du Nord et de l’Est de la France (Sanef), le gestionnaire de l’axe autoroutier, qui souhaitait rendre les trajets plus simples et fluides en mettant fin à l’arrêt obligatoire pour sortir sa carte bleue. « On a transformé fondamentalement un axe qui est très important pour les Français, et en particulier pour les Franciliens et les Normands », a souligné Arnaud Quémard, ­directeur général du groupe.

Un an après, le groupe Sanef a souhaité sonder les usagers de l’A13 quant à leur ressenti sur ce passage au système de flux libre. Pour ce faire, il s’est tourné vers OpinionWay, avant de présenter ces chiffres à la presse le jeudi 4 décembre dernier, à quelques mètres de l’ancien site du péage buchelois. « Nous avons donné un sondage vers la fin du mois d’octobre, auprès d’un échantillon très robuste de 2 326 automobilistes français, raconte Charlotte Cahuzac, directrice adjointe du Pôle opinion de l’institut de sondage. Un échantillon conséquent pour pouvoir interroger en masse, notamment des usagers de l’A13 : on en a interrogé à peu près 600. On est vraiment sur un échantillon assez inédit, d’habitude, on interroge plutôt 1 000 Français. On voulait vraiment quelque chose qui soit à la fois très solide, très fiable, et puis qui nous permette aussi de regarder les résultats dans le détail, notamment la sociodémographie des gens qu’on a interrogés ».

Et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’Arnaud Quémard et son groupe sont satisfaits du résultat : pour 84 % des utilisateurs de l’A13, le péage en flux libre apporte une amélioration par rapport aux barrières de péage classiques, pour sa simplicité (44 %), sa modernité (38 %) et, dans une moindre mesure la sérénité qu’il apporte (19 %), supprimant de fait le stress de choisir la bonne voie ou de mettre la main rapidement sur sa carte bleue. Dans le détail, les trajets sur l’A13 depuis le passage en flux libre sont qualifiés de rapides (53 %), et pratiques (52 %) par plus d’un utilisateur sur deux : la fin des ralentissements et des embouteillages liés aux barrières y est pour beaucoup.

Arnaud Quémard, directeur général du groupe SANEF.

« Ce sondage nous a confirmé un certain nombre d’impressions que nous avions. Nous avons tous des contacts, que ce soit professionnels ou personnels avec des usagers de l’A13. Il se trouve que j’ai une maison en Normandie, et quand je vais sur le marché, les commerçants me disent que c’est formidable, s’enthousiasme Arnaud Quémard. On a donc voulu, de manière objective, mettre des chiffres en face de ce sentiment ­général ».

32 % des usagers ont toutefois rapporté des aspects plus négatifs, notamment l’apparition de davantage de contraintes (19 %), de stress (16 %) ou encore de complexité (13 %). Une réticence très certainement liée au nouveau système de paiement : le flux libre transfère la responsabilité du paiement de la barrière automatique vers l’automobiliste lui-même, qui doit régler sa dette de passage dans un délai de 72 heures soit en utilisant son badge télépéage sur le moment, soit en payant directement sur le site web dédié, ou encore en se rendant chez un buraliste partenaire. En cas de non-paiement dans ce délai, l’usager s’expose à une amende. 64 % des utilisateurs de l’A13 sondés redoutent en effet de ne pas penser à payer à temps après leur trajet.

La Sanef se satisfait toutefois que cette crainte ne soit pas confirmée par les faits, puisque 95 % des automobilistes s’acquittent spontanément du paiement dans le délai imparti de 72 h, selon le sondage d’OpinionWay. « Il y a 200 panneaux, il y a des bannières qui sont en français et en anglais… On a fait un effort de communication qui fait qu’aujourd’hui, ce principe, qui était quasi inconnu il y a un an, commence à rentrer dans les habitudes, assure Arnaud Quémard. Donc c’est un vrai succès ». Plus curieusement, la société gestionnaire de l’autoroute n’a pas pu mettre la main sur les données des majorations suite à des oublis de paiement. Il faut savoir que depuis la mise en place du flux libre, une certaine clémence est mise en place pour ceux qui se feraient avoir pour la première fois.

Rares sont les vestiges encore visibles de l’ancien péage de Buchelay.

Afin de les aiguiller, pas moins d’un million de contacts clients ont été noués par les équipes de la Sanef depuis la mise en place du dispositif il y a un an. Et pour répondre aux interrogations des usagers, le groupe a notamment fait appel aux anciens salariés des différents sites de péage afin de ne pas les laisser sur le carreau, maintenant que tout est automatisé. « On a accompagné les 120 collaborateurs du groupe qui sont pratiquement tous devenus conseillers de relations clients, développe le directeur général. C’est aujourd’hui ceux qui répondent aux appels de nos clients, qui les informent et qui les aident à créer un compte sur le site sanef.com. Et quand on leur pose la question, alors que c’était potentiellement un stress vu que certains avaient 30-35 ans d’ancienneté, ils disent ne plus jamais vouloir revenir à leur job d’avant ».

D’ailleurs, leurs anciens bureaux appartiendront bientôt au passé. Alors que les voies de contournement ne sont plus d’actualité à Buchelay et que les automobilistes empruntent à nouveau les voies centrales, les abords du site de l’ancien péage sont encore en travaux afin de les rendre à la nature. « La façon la plus facile de faire, c’est d’aller chercher quelque part de la terre végétale sur d’autres chantiers pour la répandre et y planter des choses dessus, raconte François Cornier, directeur de l’exploitation pour le groupe Sanef. Mais souvent, en Île-de-France, ce n’est pas facile de trouver de la terre végétale et ce n’est pas très vertueux d’aller prendre un sol quelque part pour le transformer ailleurs artificiellement. C’est en partant de ce constat que notre maître d’œuvre Sepec nous a proposé de mener une démarche « Terres fertiles », qui n’a jamais été menée sur un projet de cette ampleur, et qui consiste à reconstruire un sol en utilisant les matériaux présents sur le site et du compost. L’idée est donc de fabriquer notre propre terre pour pouvoir ensuite respecter cet engagement de remplacer la route et le béton qu’il y avait sur les barrières de péage par un endroit ou on peu planter des végétaux, du gazon, des buissons, ce qui sera ­possible en 2028 ».

Au total, sur l’ensemble des anciens sites de péages, ce sont 28 hectares, soit 40 terrains de football, qui seront rendus à la nature. Avant cela, d’ici à la fin 2027, les quatorze barrières de péages de l’A13 auront totalement disparu. Cette bascule vers le péage du futur représente, au global, un investissement de 120 millions d’euros pour le concessionnaire.