
Banderoles, fumigènes… Les rues de Poissy se sont transformées en travées de stade de football le 4 décembre. Une scène cocasse puisque cette manifestation, regroupant plusieurs branches locales de la CGT (hôpitaux de Mantes, fédération de la métallurgie) – était à l’appel de celle de Stellantis, dont l’usine pisciacaise est menacée… par une éventuelle arrivée de la future enceinte du PSG. Le départ était fixé à 10 h au niveau du parvis de l’Hôtel de Ville. En plus des « camarades », des figures locales de la Gauche se sont jointes comme la députée de la 9ème circonscription Dieynaba Diop, le candidat aux élections municipales 2026 de Conflans-Sainte-Honorine, Alexandre Garcia, et celui d’Achères Louis-Armand Virey.
Pourtant, la semaine dernière, la direction du groupement automobile pensait avoir calmé les esprits, en annonçant plusieurs millions d’investissements et un partenariat avec l’IUT de Mantes. De plus, Éric Haan, le patron du site de production, assurait également que l’usine ne fermerait pas. « C’est de l’enfumage ! » s’emporte Jonathan dos Santos, le secrétaire général de la CGT Stellantis Poissy, en tête de cortège. Il rappelle au passage que ces mêmes annonces avaient été faites à l’époque pour Aulnay-sous-Bois, fermée depuis. « L’argent promis est sur un bâtiment (celui où se trouve l’activité d’emboutissage, Ndlr) où il n’y a que 60 salariés, explique le syndicaliste. Et les emplois qu’ils vont mettre là-bas sont ceux supprimés avant. »
De plus, la convention signée avec l’établissement scolaire mantais ne trouve pas grâce à ses yeux : « Il y a deux ans, la direction a enlevé tous les maintenanciers expérimentés en leur mettant la pression. » Alors qu’aucune voiture n’est annoncée pour l’après 2028 – date de l’arrêt de la fabrication de l’Opel Mokka – la crainte de subir le même destin que l’usine de Renault-Flins resurgit. En effet, parmi les trois grandes mesures se trouvent des activités d’économie circulaire. « D’accord, mais lesquelles ? se questionne Jonathan dos Santos. La direction ne sait même pas elle-même. »

D’une seule voix, les syndicats militent pour l’arrivée d’un petit véhicule hybride ou totalement électrique, à l’image de la nouvelle Renault 5 qui explose les records. La marque au Losange a enregistré plus de 10 000 commandes pour sa citadine en octobre dernier, notamment grâce au leasing social. Cette atmosphère toujours empreinte d’incertitude exaspère Matthieu Bolle-Reddat, le secrétaire général de l’union départementale de la CGT des Yvelines : « Quand tu es en CDI chez Stellantis, c’est pire qu’être intérimaire », assène-t-il.
Cette mobilisation – qui a rameuté plus d’une centaine de personnes – démontre l’enjeu fort du site de production pisciacais sur le territoire de la Vallée de Seine, voire de la Région : elle est, à ce jour, la seule usine de fabrication automobile en Île-de-France. Alors, afin de garder des compétences industrielles fortes, la CGT promet des actions similaires dans les prochaines semaines. « Cela pourrait même être plus important mais je ne peux pas en dire plus » glisse Jonathan dos Santos avant de rallier le portail de l’usine Stellantis.