Dans la 8ème, la droite veut sauver les meubles

La 8ème circonscription faisait partie des plus convoitées des Yvelines, avec 17 candidats qui se sont affrontés. Difficile de prédire qui serait au deuxième tour, en particulier avec un taux de participation faible de 43,21 %. Finalement, l’ex-adjointe mantaise aux affaires sociales Khadija Moudnib (LREM), obtient 24,87 % des suffrages exprimés. Elle devance ainsi l’édile mantais Michel Vialay (LR), qui, s’il arrive en tête dans sa ville (30 %), réalise un score bien inférieur sur l’ensemble de la circonscription (17,19 %).

Venue voter à l’espace Corot à Rosny-sur-Seine en début d’après-midi, la députée sortante Françoise Descamps-Crosnier (PS), jugeait ce premier tour « imprévisible ». Arrivée cinquième sur l’ensemble de la circonscription avec 9,33 % des suffrages et derrière le candidat de la France insoumise Romain Carbonne, elle talonne cependant d’une voix Khadija Moudnib dans son fief rosnéen. Pour le second tour, si elle considère Michel Vialay comme un « adversaire », elle ne soutient pas pour autant la candidate LREM : « Je suis pour la réussite de ce quinquennat. Mais madame Moudnib a des preuves à donner concernant son émancipation du système. »

Lahsen Zbayar, porte-parole du Parti de gauche et soutien de Romain Carbonne, espérait, lui que la « dynamique Mélenchon », très forte dans le Mantois lors de l’élection présidentielle, se retrouve pour ces législatives. Mais malgré une campagne active dans la circonscription, il ne se faisait « pas d’illusions. Les premières places seront très chères. »

Candidat pour le Parti communiste, Eric Roulot, maire de Limay, « s’y attendait », en parlant de son résultat (4,47 % des voix, derrière Françoise Descamps-Crosnier) : « La République en marche a le vent en poupe. » Dans sa ville, l’élu arrive en troisième position à une voix de François Siméoni (FN). « La France insoumise n’a pas atteint ses objectifs sur Limay », détaille-t-il, tout en reconnaissant que leur score est supérieur de deux points à celui de la circonscription.

Un autre édile déçu, c’est Stéphane Hazan, candidat sans étiquette et maire de Lainville-en-Vexin. Si, durant la campagne, il affirmait pouvoir être au second tour, en ce lundi 12 juin, il avoue « une pointe de déception. On pensait faire un peu mieux. » L’élu relativise ce résultat : « On est les premiers des candidats sans parti. » Il a toutefois pu compter sur le soutien de ses administrés puisqu’il devance la candidate LREM de presque trois points.

Valérie, Lainvilloise de 55 ans, qui se définit comme sympathisante d’Emmanuel Macron, a fait le choix « de la proximité et de la facilité » entre ces deux candidats compatibles avec la majorité présidentielle, et a voté pour son maire. Elle restait toutefois « lucide » sur ses chances d’arriver au second tour.

A Mantes-la-Ville, Cyril Nauth (FN) s’attendait « à ce que ce premier tour ne soit pas une répétition de l’élection présidentielle », mais prévoyait en revanche un scénario « semblable à celui des élections départementales de 2015 (où il avait été opposé à Pierre Bédier, Ndlr) ».Troisième dans la circonscription, François Siméoni réalise toutefois un de ses meilleurs scores dans la commune frontiste avec 19,48 % des voix, et est en deuxième position derrière Khadija Moudnib.

A l’heure du dépouillement dans le bureau de vote n°1 à l’hôtel de ville de Mantes-la-Jolie, les bulletins sortent et les premiers noms s’élèvent : « Khadija Moudnib », « Michel Vialay ». Les mines se tendent à la mairie et certains évoquent « une catastrophe ». Malgré tout, Michel Vialay arrive en tête dans sa ville grâce à un score important dans le quartier du Val Fourré.

Aux Eglantines par exemple, à l’intersection des secteurs des Peintres et des Médecins, Hicham, 25 ans, illustre ce résultat. Son choix s’est vite porté sur le premier magistrat mantais : « Je lui fais confiance pour porter les problématiques de Mantes au niveau national. » Il reconnaît que beaucoup de personnes de son entourages ont été « indécises ».

Passée l’annonce des résultats, l’équipe du maire candidat relativise. « On résiste beaucoup mieux que dans d’autres endroits, détaille Raphaël Cognet (LR), directeur de campagne de l’édile. On a des réserves, c’est une deuxième campagne qui commence. »

Si les prédictions avançaient une importante majorité pour les candidats de La République en marche, certains électeurs, à l’instar de cette retraitée limayenne, ont voté « pour faire opposition », à Emmanuel Macron. Un mode de pensée repris par le président du conseil départemental Pierre Bédier (LR), à l’annonce des résultats : « Il est encore temps pour l’électorat de la droite et du centre de se ressaisir. Sinon, il est à craindre des lendemains qui déchantent sur fond de promesses non tenues. »

Pour sa part, Khadija Moudnib pointe « un scrutin largement historique ». Et évoque la suite de ce premier tour : « L’enjeu est désormais de se rassembler quels que soient nos parcours, nos origines et nos convictions pour donner à la France les moyens d’agir et de réussir. » Une tâche qui pourrait s’avérer compliquée, tant pour elle que pour son adversaire : aucun des candidats battus évoqués dans cet article n’appellent à voter pour eux.