Trois hôtels Formule 1 rachetés pour accueillir des demandeurs d’asile

A Conflans-Sainte-Honorine, Achères et Magnanville, les trois établissements seront rachetés prochainement. Les maires déplorent un manque de concertation.

Le 15 mars dernier, la Société nationale immobilière (SNI), organisme d’Etat annonçait l’acquisition de 62 hôtels Formule 1 dans toute la France. Ces hôtels seraient ensuite loués à Adoma (ex-Sonacotra, Ndlr), chargé de gérer ces hébergements d’urgence pour accueillir migrants et réfugiés. Dans la vallée de Seine, au moins trois établissements sont concernés par ce rachat, à Magnanville, Conflans-Sainte-Honorine et Achères.

Les maires concernés restent toutefois inquiets de cette procédure, ils déplorent un manque de concertation et une précipitation. « Je l’ai appris au détour d’un couloir », explique Laurent Brosse (LR), maire de Conflans-Sainte-Honorine. Le cas de figure est similaire pour son homologue achérois, Marc Honoré (DVD) : « J’ai découvert ça par hasard dans la presse. Le 16 juin, j’ai téléphoné au sous-préfet. Il m’a dit qu’il y avait un devoir de réserve [en période électorale]. »

Comme signe d’un changement imminent de propriétaire, les enseignes de l’hôtel magnanvillois, situé rue des Pincevins, ont été enlevées la semaine dernière, et provoquent l’inquiétude des riverains : « Avant c’était un quartier résidentiel, mais aujourd’hui c’est misérable. » Entre le magasin But fermé, les trois pavillons incendiés et l’hôtel Formule 1, leur position est claire : « Adoma on n’en veut pas. »

Si une réunion doit avoir lieu la semaine prochaine entre les représentants d’Adoma, la préfecture et Michel Lebouc (DVG), le maire magnanvillois ne semble pas vouloir lâcher l’affaire : « J’ai demandé qu’on puisse préempter (dans le cadre de son projet urbain, incluant But, Ndlr) et cela a été fait par l’établissement public foncier d’Île-de-France. Après, l’État peut survenir. »

Comme signe d’un changement imminent de propriétaire, les enseignes de l’hôtel magnanvillois, situé rue des Pincevins, ont été enlevées la semaine dernière.

Une fois rachetés, ces hôtels seront réaménagés afin d’être « conformes aux prescriptions définies par l’Etat », précise la SNI dans un communiqué. A terme, plus de « 7 000 » places d’hébergement d’urgence seront créées en France. « C’était scandaleux qu’on puisse loger des gens dans un hôtel pas aux normes, les familles vivaient dans 10 m² », rappelle pour sa part Michel Lebouc de l’hébergement de nombreuses familles par le 115 dans le Formule 1 depuis plus d’un an.

« Ils vont faire des travaux pour des cuisines et des salles de bains en site occupé », précise Marc Honoré de l’urgence des relogements ayant nécessité ces acquisitions. Le sort du Formule 1 achérois semble être scellé puisque le 2 juillet, « 58 personnes arrivent », pointe l’édile achérois.

Pour ces élus, il y a aussi une incompréhension, car chacune de leurs trois communes est soit fortement dotée en logements sociaux, soit accueille déjà de nombreux réfugiés. Laurent Brosse rappelle que Conflans-Sainte-Honorine «  a déjà un foyer Adoma et accueille plus de 250 Tibétains. La commune contribue déjà très largement à l’accueil des migrants dans les Yvelines ». Le premier magistrat devait avoir un rendez-vous ce lundi.

« Avec 4 000 logements sociaux, on a su accueillir toutes les populations », ajoute pour sa part Marc Honoré. Et de s’inquiéter du dispositif qui serait mis en place : « Deux assistants sociaux seront là, mais de 9 h à 18 h, après il n’y aura plus aucun responsable d’Adoma dans l’hôtel. » A terme, « 101 personnes seront logées, dont des demandeurs d’asile pour six ou sept mois » .

Sur le site internet du groupe Accorhotels, il n’est désormais plus possible de réserver dans les établissements d’Achères et Magnanville. Ceux de Conflans, Epône et des Mureaux sont toujours ouverts à la réservation. Contactée par La Gazette, la préfecture d’Ile-de-France n’a pas pu nous répondre dans les délais impartis à publication.