Dépôts d’ordures en forêt : souriez, vous êtes photographiés

Face à l’augmentation du volume de dépôts sauvages dans les forêts qu’elle gère, l’agence Île-de-France Ouest de l’ONF à mis en place des « pièges photos ».

Ils déploient les grands moyens pour lutter contre les dépôts sauvages d’ordures en forêt. Depuis cet été, l’agence Île-de-France Ouest de l’Office national des forêts (ONF – qui couvre les département des Yvelines, des Hauts-de-Seine, du Val-d’Oise et une partie de l’Essonne, Ndlr) a mis en place des « pièges photos » dans plusieurs des forêts domaniales qu’elle gère afin de prendre sur le fait des personnes qui déposeraient des déchets. Les images vont ensuite au procureur, qui pourra verbaliser le contrevenant.

« Chaque année, l’ONF ramasse 1 500 tonnes de déchets dans les forêts domaniales d’Île-de-France, ça représente un coût de 900 000 euros », explique l’agence ONF Île-de-France Ouest. Si l’agence rappelle que ces chiffres prennent également en compte les déchets diffus, « la personne qui va jeter sa canette, son papier, au lieu de ramener ça chez lui, il va jeter ça en forêt », elle note l’augmentation d’un autre phénomène bien connu en vallée de Seine.

« Là où c’est plus embêtant, ce sont les dépôts sauvages : les gravats, l’amiante, les frigidaires, les pneus, des débarras des particuliers qui viennent en forêt jeter des déchets importants, s’inquiète l’ONF Île-de-France. On voit que ce phénomène se développe, c’est de pire en pire chaque année, les chiffres ont tendance à augmenter » Pour tenter de freiner ce développement, l’agence Île-de-France compte désormais les « pièges photos » parmi ses actions.

« L’objectif est de pouvoir prendre sur le fait des contrevenants qui déchargent des déchets », indique l’ONF d’Île-de-France.

Déjà, depuis plusieurs années, « les agents forestiers sont assermentés », rappelle l’agence francilienne. « Ça veut dire qu’ils peuvent verbaliser une personne en train de faire un dépôt sauvage, si on la prend sur le fait », informe l’ONF, avant de soulever la complexité de la démarche : « Les contrevenants le font plutôt le soir, la nuit, c’est un peu caché donc c’est compliqué de les prendre sur le fait accompli. »

C’est là que doivent entrer en jeu les « pièges photos ». Positionnés « à des endroits clés identifiés comme des zones susceptibles d’accueillir des dépôts sauvages », les appareils photo « vont se déclencher à chaque mouvement », détaille l’ONF. « L’objectif est de pouvoir prendre sur le fait des contrevenants qui déchargent des déchets », poursuit l’agence Île-de-France.

Les clichés, qui permettront d’identifier l’auteur, par exemple grâce à la présence de plaques d’immatriculation, partiront ensuite « au procureur des Yvelines, et c’est lui qui va décider de l’amende qui sera envoyée au contrevenant », confie l’ONF, indiquant que « trois procédures » lui ont déjà été envoyées.

Pour « le démarrage » de cette nouvelle action, l’agence Île-de-France Ouest a installé deux « pièges photo » dans chacun des neuf « principaux massifs domaniaux qui souffrent » du problème des dépôts sauvages, dont la forêt de Saint-Germain qui est « l’une des plus touchées ». Pour être le plus efficace possible, l’agence francilienne signale que « ces pièges photos sont déplacés très régulièrement donc normalement, on va couvrir pas mal de sites».

GPSEO envisage une brigade de nettoyage

Le problème des dépôts sauvages est un sujet récurrent au sein de la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise. Son délégué à la gestion et à la valorisation des déchets et maire de Gaillon-sur-Montcient, Jean-Luc Gris (SE), juge « intéressante » l’initiative de « pièges photos » de l’Office national des forêts. De son côté, il met en avant d’autres mesures qui pourraient également réduire ce phénomène.

Le conseiller communautaire délégué explique que GPSEO travaille sur des « ouvertures de plages horaires des déchetteries » et la mise en place d’une « brigade de nettoyage ». Cette dernière récupérerait les dépôts sauvages sur appel, et travaillerait sur des « aménagements » pour les rendre plus difficiles.

« J’envisage de demander à nos sénateurs ou députés de mettre en place un dispositif dans la loi qui permettrait au gens qui font appel à un entrepreneur, de ne payer la partie « mise en décharge » de la facture que si les matériaux ont bien été réceptionnés en déchetterie », ajoute Jean-Luc Gris. Ce dernier estime que cela permettrait également « de clarifier la situation : il y a beaucoup de gens qui disent que les entrepreneurs déposent en forêt, je ne suis pas convaincu que ce soit beaucoup ».