La majorité somme Tchérylène Mairet de rejoindre l’opposition

Lors du dernier conseil municipal, des élus de la majorité ont chacun leur tour adressé à Tchérylène Mairet (UDI) leur souhait de la voir quitter la majorité.

Au sein du groupe majoritaire, auquel elle semble souhaiter continuer d’appartenir, Tchérylène Mairet fait désormais figure d’opposante, avec des positions critiques sur certaines délibérations de la majorité. Le dernier conseil municipal du 12 mars n’a pas fait exception à la règle. Mais cette fois-ci, quand est arrivé le 54e point à l’ordre du jour, des élus de la majorité ont tour à tour pris la parole pour fustiger le statut d’opposante dans la majorité de Tchérylène Mairet.

Dernier point à l’ordre du jour du long conseil municipal, la présentation du rapport de la Chambre régionale des comptes (voir notre édition du 7 mars) a été longtemps débattue. Si l’opposition a analysé différents points du rapport (voir encadré), la majorité a, elle, pris la parole pour régler ses comptes avec Tchérylène Mairet (UDI). Ce soir là, ainsi que dans un communiqué de presse après le conseil, la liste Poissy de toutes nos forces, lui demande de quitter la majorité.

Alors que la situation n’est pas nouvelle, cette récente prise de position semble avoir pour origine, plusieurs conseillers municipaux l’ayant mentionné, le communiqué de presse envoyé par la frondeuse suite à la publication du rapport de la CRC. Tchérylène Mairet y écrivait notamment : « Je considère que ce rapport entame définitivement ma confiance envers la majorité. » Des propos qu’a peu goûté la majorité en question.

Tour à tour, les élus majoritaires ont exigé que Tchérylène Mairet démissionne de la majorité.

Michel Dupart (LREM), délégué aux nouvelles technologies, se disant « extrêmement choqué », a été le premier à ouvrir les hostilités. « Vous avez décidé, madame Mairet, peu après le début de cette mandature, de jouer systématiquement le rôle d’opposition au sein de la majorité, exprime-t-il. Et cette fois-ci vous allez trop loin. » Avant de conclure : « Vous dites que ce rapport entame votre confiance envers la majorité, permettez-moi de vous dire que ce comportement a définitivement rompu la confiance que moi j’ai en vous, et que je pense la majorité a en vous. »

« Contrairement à ce que vous imaginez, les conseillers municipaux ne sont pas des bénis oui oui, loin de là. Nous avons le droit de nous exprimer librement et aucune contrainte ne nous réduit au silence », poursuit Claude Grappe, déléguée à la coordination des référents de quartier, rappelant prendre « rarement […] la parole » en conseil. Le message commun de ce tour de table était une demande de démission de Tchérylène Mairet du groupe majoritaire. « Aujourd’hui j’en ai plus qu’assez de vous entendre constamment défaire tout ce que fait la majorité, adresse, excédée, Claude Grappe à l’élue UDI, la questionnant sur d’éventuels « objectifs » pour les prochaines municipales. Pourquoi vous restez dans la majorité ? » Une question que lui posera aussi le maire, Karl Olive (DVD).

« Pourquoi vous restez dans la majorité ? » Une question que posera aussi le maire, Karl Olive (DVD), à Tchérylène Mairet (UDI).

« Je pense qu’il est temps que vous preniez vos responsabilités, il est temps que vous mettiez vos actes en face de vos mots, et que vous quittiez officiellement cette majorité à laquelle en fait vous n’avez jamais appartenu », abonde la première adjointe, Sandrine Dos Santos. Face à ce déferlement, Tchérylène Mairet s’est étonnée que son cas « alimente » tant le débat, mais n’a pas signifié d’intentions de quitter le groupe majoritaire.

« J’ai été élue avec une certaine confiance qui me lie aux Pisciacais et je relève un certain nombre de dysfonctionnements ou de choses qui sont inacceptables dans le cadre de mon mandat, donc je les signale », justifie l’élue mise en cause, de ses interventions récurrentes. A l’issue du conseil, elle a estimé dans une publication sur Twitter avoir été « lynchée ».

Pendant les échanges, Sylvaine Lefebvre (élue de la majorité ayant perdu sa délégation famille suite à l’affaire Berçot de 2016, Ndlr) a quitté le conseil. Quelques élus d’opposition ont également commencé à rassembler leurs affaires en vue de partir. « C’est entre vous, ça ne nous regarde pas », adresse Anne-Marie Vinay (Génération.s), conseillère municipale d’opposition, qui restera finalement jusqu’à la fin de la séance suite à l’insistance du maire.

Débat sur le rapport de la Chambre régionale des comptes

Le rapport de la Chambre régionale des comptes (CRC) a été présenté lors du dernier conseil municipal. L’examen des finances de la commune par l’institution avait été sollicité en 2016 par le maire, Karl Olive (DVD), suite au signalement de l’ex-premier adjoint, Jean-Frédéric Berçot (LR), d’un potentiel conflit d’intérêt au sein de l’administration communale au procureur.

« Ce contrôle a fait l’objet de la production par les services de près de 1000 pièces et de centaines d’heures de travail, rappelle Karl Olive. Je tiens à souligner la qualité de ce rapport qui constitue un outil d’aide à la gestion de la commune. » Si le rapport loue la gestion de la commune, il émet aussi neuf rappels au droit.

De son côté, Jean-Frédéric Berçot s’est satisfait que le rapport « exonère la ville d’une turpitude collective quelconque ». Mais il estime que la CRC demande « à la commune à clarifier la situation » concernant les conflits d’intérêts potentiels lors de l’attribution des subventions.

« Ce qui a attiré mon attention, ce sont les remarques concernant le niveau d’embauche de certains employés, et un éventuel conflit d’intérêt dans l’attribution de subvention en particulier à l’association Poissy triathlon, note dans l’opposition Anne-Marie Vinay (Génération.s). Mais c’est la justice qui nous dira si ces rappels aux droits signalés par la CRC seront ou non sanctionnés par la loi. »

« Jamais à aucun moment, la direction générale des services, […], ni son directeur adjoint, ni les directeurs administratifs, en particulier celui des sports puisque c’est celui qui est visé, n’ont été associés depuis la prise de mandat à quelconques décisions concernant le montant des subventions », soutient de son côté Michel Prost, délégué aux relations avec les associations.