Plus d’ascenseurs à la tour d’Estrées : ras-le-bol à tous les étages

Depuis le 29 mai, les deux ascenseurs de cette tour de 17 étages sont en panne. Pour la centaine d’habitants de l’immeuble, sortir de chez eux est devenu un calvaire, qui pourrait durer.

Un immeuble de 17 étages, c’est un peu comme une petite société. Tout le monde se croise mais les réalités diffèrent. Pour un habitant du 8e rencontré le 6 juin, l’ascenseur des étages impairs est en panne depuis « au moins 3-4 mois et celui des pairs est out depuis plusieurs semaines » tandis que pour un autre du 17e, l’impair est en panne « depuis au moins un mois environ ».
Une autre habitante du 15e étage qui sert de gardienne officieuse de l’immeuble s’emporte. « Comme quoi, les gens sont des menteurs. Je vais vous dire exactement, moi ! L’ascenseur impair a été endommagé par les pompiers le 5 mai  et l’ascenseur pair, qui devait déjà être réparé depuis deux ans s’est mis en panne le 29 mai ». Ces informations ont été confirmées par Foncia, le gestionnaire et syndic de l’immeuble, qui précise que la situation pourrait durer encore plusieurs semaines.

Cette tour de 106 appartements construite en 1974 n’a pas de gardien, seulement un numéro à contacter « en cas de problème », inscrit sur une porte au rez-de-chaussé. Il sonne chez une habitante du 15e étage, qui avance le chiffre de « 70 000 euros rien qu’en réparation urgente pour les deux ascenseurs ».

« Oui, on est dans cet ordre de grandeur là » confirme à demi-mot le responsable du syndic Foncia. Il précise que le contrat de l’ascensoriste a pris fin le 30 mai… soit le lendemain de la panne du deuxième ascenseur. Le nouvel ascensoriste est déjà passé plusieurs fois, sans succès pour le moment, la faute à une pièce manquante.

« C’est la première fois que les deux ascenseurs ne fonctionnent pas pendant autant de temps, souffle Ghislaine, 28 ans qui habite avec sa mère dans l’immeuble depuis plus de 20 ans. D’habitude, les deux sont en panne maximum un ou deux jours avant qu’un réparateur ne vienne». Forcément, dans ces conditions, le plus dur est pour les personnes à la condition physique fragile. « Ma mère n’est pas sortie de la maison depuis bientôt une semaine », glisse-t-elle la gorge nouée.

Les deux ascenseurs de la tour d’Estrées ne fonctionnent plus depuis le 29 mai. Un « porteur » de courses a été mis à disposition des habitants par le syndic, Foncia.

« Ce n’est pas normal, s’énerve une habitante du 16e, les bras tendus par deux sacs lourds. Avec les grèves de trains, on ne s’en sort plus ! Je dois encore me taper 16 étages en rentrant du boulot », peste-t-elle. « Franchement, c’est mieux de détruire la tour ! » lance un autre. « On est au Bangladesh ici ! » s’égosille un habitant du 12e, qui brandit dans les airs sa carte d’invalidité.

Pour venir en aide aux habitants, « un porteur » de courses a été engagé et mis à leur disposition par Foncia la semaine dernière. Mohammed Farook, 65 ans, dit ne l’avoir vu « qu’une seule fois, le premier jour à 17 h. Il vient entre 7 h 30 et 9 h le matin et le soir entre 17 h et 19 h. Je ne pense pas qu’il puisse monter 17 étages avec les courses de tout le monde… »

Environ 50 % des habitants de l’immeuble sont des propriétaires, et, selon la gardienne officieuse du 15e étage, les travaux sur les ascenseurs risquent de prendre encore plusieurs semaines : « Il y a énormément d’impayés ici, au moins 100 000 euros. » Selon elle, le syndicat de copropriétaires « n’a pas d’argent dans les caisses pour les travaux ! » Une version tempérée par Foncia, syndic et donc gestionnaire de l’immeuble pour le compte du syndicat de copropriétaires.

« Beaucoup de copropriétés sont dans des situations de trésorerie tendues, ce n’est pas seulement sur notre territoire, mais on ne peut pas dire que cette copropriété est une copropriété en difficulté. On est sur une copropriété sous tension, avec des difficultés sur certains copropriétaires, mais qui sont bien épaulés par les instances qui peuvent les aider, se défend le responsable de Foncia. Nous, nous sommes le plus à l’écoute possible si quelqu’un a besoin d’un délai pour payer son appel de travaux, par exemple. »