Lycéens : près de 150 gardes à vue et une grosse polémique

Jeudi dernier, ces jeunes âgés de 12 à 20 ans ont été interpellés par 70 policiers à côté des lycées mantais Saint-Exupéry et Jean Rostand. Une vidéo des interpellations a fait le tour du monde.

Les images ont fait le tour du monde. Jeudi dernier, environ 150 jeunes âgés de 12 à 20 ans ont été interpellés par 70 policiers à proximité des lycées mantais Saint-Exupéry et Jean Rostand, suite aux manifestations lycéennes et à la dégradation de mobilier urbain. Dans une vidéo diffusée suite à ces interpellations, on peut y voir les jeunes agenouillés, dos au mur pour certains, les mains sur la tête, visages non floutés, devant l’entrée des Restos du coeur, dans un jardin attenant à l’Agora. Avec un commentaire de l’auteur de la vidéo : «  Voilà une classe qui se tient sage ! On pourra montrer ça à leurs profs parce qu’ils n’ont jamais vu ça. »

Les premières réactions tombent, tantôt condamnant les images et le traitement réservé aux jeunes, tantôt les dégradations commises par une partie de ces interpellés et survenues dans la matinée et la veille. « Il y avait eu une escalade de violences depuis le mercredi, rappelle ce lundi 10 décembre en conférence de presse le maire mantais Raphaël Cognet (LR). Des jeunes étaient rentrés chez les gens pour leur piquer des bouteilles de gaz et les mettre dans les poubelles en feu. » Il évoque toutefois des images « surprenantes, au sens inhabituel du terme ».

Quelques instants avant l’interpellation, poubelles et voiture sont incendiés, une riveraine agressée. « Ce qui me préoccupe, c’est la sécurité des riverains, il y a eu zéro blessés, je trouve que c’est assez exemplaire », poursuit l’édile. Il précise des premiers retours : « Les forces de l’ordre nous ont expliqué avoir interpellé une trentaine de casseurs professionnels. Certains sont originaires des Mureaux, de Bonnières, de Limay… » Il estime « entre 100 000 et 500 000 euros » le montant des dégradations causées sur le mobilier urbain.

Face aux conditions d’interpellations, jugées humiliantes, un appel au rassemblement a été lancé sur les réseaux sociaux, à l’initiative de parents, enseignants et lycéens ce vendredi 7 décembre (voir en page 4). Réunis en assemblée générale, les professeurs du lycée Jean Rostand ont rappelé par communiqué avoir demandé « que nos autorités dissuadent les familles d’envoyer leurs enfants au lycée, notamment en prenant la décision claire de fermer l’établissement au regard des risques ».

Cela n’a pas été le cas. « Nous sommes convaincus qu’une meilleure prise en compte des demandes des personnels sur le terrain aurait réduit les risques de regroupements à l’extérieur et évité l’exposition de nombreux élèves à une situation violente et à des arrestations massives », déplorent les enseignants.

Leurs collègues du lycée Saint-Exupéry indiquent, également par communiqué : « On n’éduque pas les élèves par l’humiliation physique et psychologique. […] Comment voulez-vous que ces jeunes aient confiance dans nos institutions avec de tels agissements ? » Interrogé sur RTL ce vendredi, Jean-Jacques Brot, le préfet des Yvelines, a estimé que la réponse des forces de l’ordre a été « proportionnée ». Il trouve toutefois « lamentable » que la scène ait été filmée et diffusée. Une enquête administrative a été ouverte pour trouver l’auteur de la vidéo, a-t-il ajouté.

Dans le même temps, Jacques Toubon, le défenseur des droits, a annoncé avoir ouvert une enquête « sur les conditions dans lesquelles se sont déroulées » les différentes interpellations. Les auditions, autorisées par le parquet de Versailles, suscitent aussi quelques incompréhensions chez les avocats. « Les  confrères en garde à vue nous font remonter des grosses anomalies dans les commissariats, relate sur Twitter une avocate au barreau de Versailles. Des mineurs sont entendus sans avocat, alors que ces derniers sont présents dans les murs, des auditions de mineurs sont non filmées. »

Au Parisien, le parquet a répondu : « Les policiers ont pu, après l’expiration du délai de carence de deux heures prévu par la loi, entendre ces gardés à vue. » Le cabinet d’avocats Arié Alimi a également annoncé sur Twitter qu’une « plainte collective du collectif de parents d’élèves » était en cours « pour toutes les infractions pénales commises ».

Dès le jeudi soir, « près de 80 jeunes, surtout des mineurs de moins de 16 ans » ont été relâchés, détaille Le Monde. La plupart des autres, plus âgés, sont ressortis le lendemain avec un rappel à la loi. Le parquet de Versailles a requis de la détention provisoire à l’encontre d’un mineur, rapporte le quotidien du soir.

CREDIT PHOTO : CAPTURE D’ECRAN – RTL