Sens interdit litigieux : la rue finalement remise en double sens

L’expérimentation d’une mise à sens unique de la rue des Pincevins, entre Mantes‑la‑Ville et Magnanville et pour raisons de sécurité, n’a pas été jugée concluante par le maire mantevillois.

« J’ai pris la rue des Pincevins, ça m’a fait un petit truc. » Publiée sur un groupe Facebook dédié à Mantes-la-Ville, cette publication d’un habitant illustre le soulagement de ceux empruntant la rue des Merisiers, puis la rue des Pincevins, pour se rendre sur l’autoroute ou à Auchan. Depuis le mois de novembre, un arrêté pris par les maires magnanvillois et mantevillois avaient rendu cette rue en sens interdit par la rue des Merisiers, avec une déviation par la rue des Pierrettes (voir notre édition du 5 décembre). Le panneau sens interdit a été retiré le dimanche 30 décembre dernier.

Michel Lebouc (DVG), maire de Magnanville, avançait et avance toujours la nécessité de sécuriser l’intersection avec l’avenue de l’Europe. Peu convaincu par les résultats, son homologue à Mantes-la-Ville, Cyril Nauth (RN), a préféré arrêter l’expérimentation. En revanche, les deux élus s’accordent pour un réaménagement global de la zone, comprenant notamment l’avenue de l’Europe, le boulevard Roger Salengro, la rue de l’Ouest et la rue Jean Ferrat.

« Dès le premier jour où on a enlevé le sens unique il y a eu un accident ! Et qu’on ne vienne pas me dire que c’était à cause du sens unique, puisque quand il était en place, il n’y en avait pas eu », s’exclame Michel Lebouc. Le maire magnanvillois regrette clairement la position prise par Cyril Nauth d’arrêter l’expérimentation. « Comme la rue est à moitié à Mantes-la-Ville et à moitié à Magnanville, je ne pouvais pas continuer seul, cela aurait été compliqué », poursuit-il.

L’argument sécuritaire ne justifiait pas, pour Cyril Nauth, le maintien de ce sens interdit. « Quand on met une rue en sens unique quelle qu’elle soit, il y a moins de circulation, moins de passage et forcément, cela améliore la sécurité, reconnaît-il. Pour autant, est-ce qu’il faut mettre toutes les rues en sens unique pour améliorer la sécurité ? Je ne pense pas que cela soit une solution pertinente. […] Et si au bout de six mois, on n’est pas capable d’avoir des résultats significatifs, cela ne me paraît pas très sérieux. »

L’expérimentation avait provoqué un vif mécontentement du côté de nombreux Mantevillois. Une pétition pour la suppression du sens interdit avait récolté 572 signatures. « Il a cédé à la pression », analyse Michel Lebouc. « Ça a forcément pesé dans la balance mais ce n’est pas l’argument principal que j’ai retenu », lui oppose Cyril Nauth. L’élu évoque toutefois « pas mal de retours négatifs ». S’il ne nie pas les accidents, ils ont lieu, selon lui, « à vitesse réduite ».

Les deux élus s’accordent en revanche pour continuer la réflexion autour de ce carrefour, fréquenté par 26 000 véhicules par jour. Pour désengorger le report vers la rue des Pierrettes, la durée du feu vert du tourne à gauche de l’avenue de l’Europe vers Auchan a déjà été modifiée. Dans la rue de l’Ouest, d’autres aménagements sont à prévoir.

« On a maintenu plus de vert sur le tourne à gauche de la rue de l’Ouest et je sais que le stop va être enlevé, détaille Michel Lebouc. Ils vont le remettre de l’autre côté, là où il y avait une priorité à droite, ce qui permet une meilleure fluidification de la rue de l’Ouest qui est toujours embouteillée. »

Cyril Nauth lui, insiste : « Il faut appréhender dans sa globalité tout le secteur, on a bien vu que quand on bougeait un élément, cela avait un impact sur les rues adjacentes ou les feux de signalisation situés à proximité. J’ai très fortement invité le Département à sécuriser le carrefour lui-même. »

Le maire de Magnanville se montre toutefois satisfait : «  Dans cette démarche que j’ai portée, tous les services, qu’ils soient de la communauté urbaine, du Département ou des communes s’associent pour l’aménagement de ce carrefour. On se revoit au mois de janvier pour continuer à y travailler. Cela fait des années et des années que tout le monde en parle, mais personne ne faisait rien. »

PHOTO : ARCHIVES / LA GAZETTE EN YVELINES