Ferroviaire : une plate-forme pédagogique pour un secteur en tension

Des stagiaires de l’EA-Itedec vont être formés au sein d’un espace dédié à l’apprentissage de la maintenance des réseaux ferroviaires. L’objectif vise à répondre à un besoin en main-d’œuvre pour un domaine d’activité qui peine à recruter.

Gaël Trévien

Répondre à un besoin en main-d’œuvre qualifiée pour un secteur qui manque de bras. C’est l’objectif de la future plate-forme ferroviaire de l’école EA-Itedec d’Aubergenville dont la première pierre et le premier rail ont été posés symboliquement vendredi 15 février en fin de matinée. Ce projet de 2,8 millions d’euros formera entre 2019 et 2021 près de 300 apprentis et stagiaires au sein de cet outil pédagogique dédié à l’apprentissage de la maintenance des réseaux de transports.

« Notre vocation est de former pour répondre aux attentes des entreprises ferroviaires qui ont un besoin en main-d’œuvre qualifiée, explique Didier Kling, président de la Chambre de commerce et d’industrie Paris Ile-de-France (CCI), dont dépend l’EA-Itedec. Et cela notamment au regard de la construction du Grand Paris Express ou du prolongement du RER E vers l’ouest francilien (le projet Eole, Ndlr). »

Actuellement, les chiffres du réseau ferré francilien donnent le tournis : 1 299 km de Transilien, 587 km de RER et 220 km de métro sont à entretenir, alors que 200 km de chemins de fer sont à construire d’ici 2024 dans le cadre du Grand Paris Express. C’est sans compter le projet Eole pour lequel 8 km de voies en tunnel doivent voir le jour et 47 km de voies existantes sont à rénover d’ici à 2024. Dès lors, les besoins de recrutement du secteur sont estimés à 13 750 postes en France d’ici à 2025.

Pourtant, les entreprises de génie civil spécialisées dans la maintenance des chemins de fer peinent à recruter. Face à ce constat, responsables ferroviaires et élus politiques tentent d’apporter des solutions par la formation. « Il y a un besoin de main-d’œuvre aussi bien pour SNCF Réseau que pour les entreprises que l’on fait travailler comme Eiffage Rail ou TSO, explique Xavier Gruz, le directeur du projet Eole, dont le maître d’ouvrage est SNCF Réseau. Toutes ces entreprises ont du mal à trouver des offres de formation. »

La future plate-forme va permettre aux apprentis de l’établissement aubergenvillois de se former aux métiers de la signalisation, de la caténaire et de la voie ferrée.

SNCF Réseau s’est alors rapproché de l’EA-Itedec et de la CCI Paris Ile-de-France pour mettre en place cette offre d’apprentissage sur un terrain attenant à l’école. Six-cents mètres de voies aujourd’hui non exploitées vont permettre aux stagiaires de l’établissement aubergenvillois de se former aux métiers de conducteur de nacelle élévatrice, de poseur de caténaire, de conducteur de pelle rail-route, ou encore de câbleur des installations de signalisation.

« Ils vont apprendre tous ces corps de métiers qui concernent la pose de voies ferrées, l’intervention sur un aiguillage ou la régulation d’un caténaire, poursuit Xavier Gruz. L’EA-Itedec, qui est située le long de la voie ferrée, dispose de la place nécessaire pour cela. »

De son côté, le Département et son agence d’Insertion ActivitY’, qui financent cette infrastructure à hauteur de 1,15 million d’euros, y voient l’occasion de dynamiser leur politique d’insertion professionnelle. Pour venir garnir les rangs de cette formation sont notamment ciblés « les jeunes, bénéficiaires du RSA ou demandeurs d’emploi de longue durée, avance le président du Département Pierre Bédier (LR). Ce projet de plate-forme facilite l’accès à des métiers d’expertise et porteurs d’avenir à tout type de publics ».

Si la plate-forme ne sera définitivement opérationnelle que dans plusieurs mois, quelques sessions professionnelles ont déjà accueilli des apprentis. A l’issue de la formation, les stagiaires auraient l’assurance de décrocher du travail à en croire Laurent Plas, le chef d’établissement de l’EA-Itedec. « Dès l’instant où les apprentis sont en formation chez nous, ils sont embauchés dans la foulée parce que c’est un secteur en tension qui a besoin de personnel qualifié », assure son directeur.

PHOTOS : LA GAZETTE EN YVELINES