Des migrants dénoncent au sous-préfet leurs conditions d’hébergement

Le sous-préfet des Yvelines et des élus locaux étaient conviés à une « conférence inversée » à Triel-sur-Seine : ils ont écouté les critiques et propositions d’améliorations de demandeurs d’asile.

À bord de la péniche trielloise l’Espérance, les migrants et demandeurs d’asile avaient rendez-vous avec l’État. Samedi 6 avril, à l’initiative du réseau l’Accueil des migrants en Yvelines (Amy), ils ont pris la parole, face au sous-préfet de Saint-Germain-en-Laye comme face aux élus locaux présents, pour initier un dialogue autour des conditions d’hébergement durement critiquées, ainsi que pour proposer des pistes d’amélioration. L’État a défendu son action, reconnu des failles, mais aucune mesure concrète n’a été ­annoncée.

Répartis autour de cinq tables de travail selon les langues parlées, arabe, anglais et français, les demandeurs d’asile et migrants présents se livrent sur leurs conditions d’hébergement dans le cadre de cette « conférence inversée » dédiée prioritairement à entendre leur parole. Les élus se joignent à ces groupes et écoutent attentivement. « Je suis curieux de voir ce qui va en ressortir » confie le maire de Triel-sur-Seine, Joel Mancel (DVD). Les points positifs et ­négatifs des hébergements sont abordés.

S’ils ne tarissent pas d’éloges sur les associations « qui ne se lassent pas de nous aider », comme l’explique l’un d’eux, ils se montrent bien plus critiques à propos des conditions dans les centres d’hébergement, dont la responsabilité est dévolue à l’Etat. « On dort à 15 dans la même chambre », avance l’un, « on nous infantilise », poursuit un autre, qui détaille : « Parfois on est puni si on rentre trop tard. »

Ce n’est pas tout. « On nous prive de notre liberté », est-il exprimé, tout comme le regret de la méfiance de l’administration : « Quand on raconte notre histoire, on ne nous croit pas. » Ils suggèrent une meilleure assistance pour travailler : « Il faut qu’on nous aide plus pour trouver un travail, pour qu’on s’occupe. » Hygiène, repas, cours de français sont également abordés.

Une fois ces dysfonctionnements présentés aux élus, le dialogue se créé autour des améliorations possibles. « On accueille très mal les gens en France, la priorité de ce gouvernement est d’accueillir les demandeurs d’asile dignement », assure Michèle de Vaucouleurs (Modem), députée de la 7e circonscription des Yvelines, avant de reconnaître comme « indéniables » leurs remarques concernant les conditions d’hébergement. « On ne sait pas encore très bien répondre, on manque de place, on est obligé d’entasser les gens dans les centres d­’hébergement », admet la parlementaire.

Le sous-préfet de Saint-Germain-en-Laye, Stéphane Grauvogel, répond fermement à la plupart des critiques : « Il faut souligner que ça demande beaucoup de moyens financiers et humains, c’est un fonctionnement qui n’est pas si mal que ça. […] On a quadruplé le nombre de places dans les Yvelines. »

Le représentant de l’État reconnaît certes que « les centres d’accueil pour les primo-arrivants ne fonctionnent pas ou de manière trop insuffisante ». Des propositions des migrants présents sur l’hébergement, telles que pouvoir se faire à manger, avoir des chambres moins nombreuses ou encore l’organisation d’activités, Stéphane Grauvogel estime : « Ça me paraît secondaire par rapport à trouver un emploi ou obtenir son statut de r­éfugié. »

Alors, même si « les conditions d’accueil ne sont peut-être pas faciles et sont améliorables », le sous-préfet refuse « qu’on en tire un bilan négatif ». La députée des Yvelines, elle, avance « qu’on va dans le bon sens », assurant qu’il y a « une vraie volonté du gouvernement de créer des places supplémentaires, de sortir des gens de la rue, de mieux répondre à la demande d’asile. » Aucune mesure concrète n’est évoquée, mais les migrants présents estiment néanmoins avoir été entendus. « L’objectif est atteint », conclut l’un des membres du réseau Amy.