Latifa Ibn Ziaten émeut les collégiens

Son fils militaire avait été tué par Mohamed Merah le 11 mars 2012. Depuis, elle intervient dans les établissements pour promouvoir respect, tolérance et confiance en soi.

« Ca me touche de voir que, garçons comme filles, vous êtes émus aujourd’hui. » Dans une salle du collège René Cassin, quelques élèves de 5ème parmi les 70 présents, ont eu du mal à retenir leurs larmes. Pendant une heure, ils ont échangé avec Latifa Ibn Ziaten, dont le fils Imad a été assassiné par Mohamed Merah à Toulouse (Haute-Garonne), le 11 mars 2012. Avec son association, Imad, pour la jeunesse et la paix, elle promeut un discours de respect, de tolérance, encourage les jeunes à avoir confiance en eux, et lutte contre la radicalisation.

Si elle intervient ce mardi 2 avril devant les collégiens chantelouvais, dont certains ont les larmes aux yeux en entendant ses paroles, c’est pour les encourager à « démarrer leur moteur ». Quand un jeune lui demande pourquoi être venue les voir spécifiquement, elle met en garde : « Ne tombez pas dans le piège de certains. Quand vous vous posez des questions, demandez à vos familles, renseignez-vous dans les livres. Quand on est croyant, c’est pour soi. »

Plus tôt, lors d’une conférence de presse improvisée, elle détaille de sa vision de la commune : « Je ne connaissais pas du tout Chanteloup. Quand je viens, je veux créer du lien. » Pourtant, la situation de cette ville d’environ 10 000 habitants, dont la grande majorité vit dans le quartier populaire de la Noé, est semblable pour elle à bien d’autres. « On sent qu’on est enfermé, qu’on est dans un ghetto, les jeunes manquent de repères, précise-t-elle. Si on avait donné une chance à certains, on aurait pu les sauver. »

Elle explique toutefois qu’il n’existe pas « de médicament » contre la radicalisation. « Les gens partis, je ne pouvais malheureusement rien faire », regrette-t-elle. « Je leur parle en tant que mère, comment j’ai grandi », raconte-t-elle du discours qu’elle porte auprès des dizaines de milliers de jeunes auprès de qui elle est déjà venue s’exprimer dans tout le pays.

Les collégiens, ce jour-là, lui demandent quel est son combat aujourd’hui. Sa réponse fuse : « Je ne veux pas d’autres Merah aujourd’hui, c’est cela mon combat. » Elle indique avoir « pardonné » à l’assassin de son fils militaire, alors que le procès du frère du terroriste se déroule du 25 mars au 18 avril (La cour d’assise a condamné Abdel Kader Merah à 30 ans de réclusion criminelle, Ndlr). Elle en confie « attendre un procès loyal ». Touchée par son discours, une adolescente demande comment l’aider. « Relaie ce message de paix, l’encourage Latifa Ibn Ziaten. Je reviendrai dans plusieurs mois, voir ce que tu as pu ­accomplir. »