Loi Blanquer : les enseignants craignent que les enfants handicapés soient lésés

Lors d’une réunion publique organisée mardi 14 mai par les associations de parents d’élèves des écoles conflanaises, la création des Pôles inclusifs d’accompagnement localisés a été critiquée.

Face à l’augmentation d’enfants handicapés scolarisés, les délais de traitements des dossiers et le délai d’attente de nomination des accompagnateurs augmentent aussi. Afin de mieux encadrer l’accompagnement des élèves en situation de handicap, le gouvernement souhaite développer les Pôles inclusifs d’accompagnement localisés (PIAL). Une solution proposée dans le cadre de la loi Blanquer, qui ne convainc cependant pas les enseignants et les parents d’élèves qui se sont exprimés lors d’une réunion publique organisée par ces derniers le mardi 14 mai.

Lors de la rentrée scolaire 2018-2019, 341 500 élèves en situation de handicap ont été scolarisés dans les écoles, contre 210 400 en 2011. Depuis la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances, les enfants handicapés ont en effet droit à des aides. « Les parents doivent faire une déclaration à la Maison départementale des personnes handicapées (MDPH), précise l’une des membres du Réseau d’aide spécialisée aux élèves en difficulté (Rased). Lorsque l’enfant peut être scolarisé à l’école ordinaire, il peut avoir droit à une aide humaine à temps plein ou à temps partiel. »

Expérimentés depuis la rentrée 2018-2019, « ces pôles coordonneront les moyens humains dédiés à l’accompagnement des enfants en situation de handicap au sein des écoles et établissements de l’enseignement public et privé sous contrat », indique le texte de la loi Blanquer. « Ils visent donc une meilleure prise en compte des besoins éducatifs particuliers et offriront une diminution des délais d’affectation des accompagnants », assure son article 5, dédié aux PIAL.

Cette « inscription précipitée dans ce texte de loi sans aucune évaluation » pose question au Rased, composé d’enseignants spécialisés et de psychologues répartis dans les écoles selon les préconisations de la MDPH. « Aujourd’hui, le nombre d’accompagnateurs échappe au ministère, en passant à une gestion basée par l’établissement, il reprend la main et pourrait limiter la croissance du nombre de ses accompagnateurs, analyse sa représentante. L’objectif est de limiter l’affectation individuelle au profit des affectations collectives. »

« Chaque chef d’établissement aurait un volume d’emploi qu’il devrait gérer selon les besoins », poursuit la représentante du Rased conflanais. Ce dernier craint donc la diminution du pouvoir de la MDPH, qui gère actuellement le nombre ­d’accompagnateurs dans chaque école, et dont une commission évalue et encadre la création d’un projet de scolarité adapté.

« Ce qui m’inquiète dans ces AESH (Accompagnants d’élèves en situation de handicap, Ndlr) mutualisés, c’est qu’on n’a aucune information sur sa mise en place : est-ce-qu’on va regrouper les enfants handicapés dans une classe ou quatre dans une classe ?, s’interroge un enseignant à l’école maternelle de la Croix-blanche. Les 6 h données à l’enfant sont faites par une personne qui n’est pas du tout formée, on est même plus formés qu’eux. Je suis tout à fait d’accord pour l’inclusion des ­handicapés, mais il faut avoir des moyens ­supplémentaires. »

« La mise en place du PPS (Projet personnel de scolarité, Ndlr) serait à l’initiative de l’équipe éducative, qui n’est pas médecin, qui n’est pas formée pour étudier les diagnostics », regrette par ailleurs la représentante du Rased. Concernant l’existence même des MDPH, les organisateurs de la réunion publique ont tenu à rassurer les parents d’élèves. « Les Maisons départementales des personnes handicapées ne vont pas disparaître pour le moment, précise-t-elle cependant. La commission continuera à statuer et à donner son avis. »