Comment faire revenir commerçants et habitants en centre-ville ?

Plusieurs expérimentations ont été ou seront lancées d’ici quelques semaines dans la rue Maurice Berteaux afin de trouver un aménagement définitif… et attractif.

Il sera toujours sans cinéma, mais le maire de Conflans-Sainte-Honorine espère bien réussir à rendre son centre-ville plus attractif, et pour cela, multiplie les expérimentations. La place Fouillère, en chantier pendant deux ans en bord de Seine, a été inaugurée le 25 mai dernier et est considérée comme une porte d’entrée. Une boutique à l’essai sera lancée le 17 juin prochain dans la rue Maurice Berteaux, principal axe commerçant de la commune.

Toujours dans cette rue, sera menée une expérimentation de plusieurs mois avec l’implantation de jardinières pour permettre l’élargissement de trottoirs et aux commerçants volontaires d’y avoir un ­prolongement, en supprimant des places de stationnement. Si les commerçants se montrent plutôt positifs, la suppression des places revient parmi les doléances de leurs clients.

« Le problème du centre-ville de Conflans, c’est qu’il y a beaucoup de services », analyse de la situation Michel Sittler, responsable du pôle commerces à la Chambre d’industrie et de commerce (CCI) yvelinoise. Pour tenter de proposer une nouvelle offre, la municipalité a déposé un droit de préemption sur un local de la rue Maurice Berteaux afin d’y installer une boutique à l’essai.

Concept lancé par la Fédération éponyme, cette boutique à l’essai permet « d’accorder un bail dérogatoire de six mois, renouvelable une fois », pour permettre à un porteur de projet de jauger de sa pérennité et de se mettre en conditions réelles, explique Maxime Bréart, coordinateur national au sein de la Fédération des boutiques à l’essai.

« On travaille sur l’activité exacte que va accueillir le local, détaille le maire Laurent Brosse (DVD). On veut éviter l’implantation de certaines boutiques. » Pour Michel Sittler, dans ce cas de figure, « mieux vaut ne pas se précipiter, et attendre qu’un entrepreneur correspondant au type d’activité choisi se présente ».

En parallèle, plusieurs jardinières ont fleuri le long de la rue Maurice Berteaux, empiétant sur les places de stationnement. Au total, elles sont 80 à avoir été mises à disposition des commerçants volontaires, pour assurer la sécurité des piétons avec l’élargissement des trottoirs et « apporter un peu de verdure », constate ­Laurent Brosse.

Quatre-vingt jardinières ont été mises à disposition des commerçants volontaires, pour assurer la sécurité des piétons avec l’élargissement des trottoirs et « apporter un un peu de verdure ».

« Il y avait un souhait global de donner plus de place aux piétons rue Maurice Berteaux, et de diminuer la place des voitures », indique l’édile des ­remontées issues de réunions publiques et de questionnaires. Trente-deux places de stationnement ont ainsi été neutralisées, sur la centaine que compte la rue.

« J’ai l’ambition que les gens se garent dans les parkings existants, celui de l’hôtel de ville, de la place Fouillère, le parking dit Marionnaud, pour atteindre le milieu de la rue, c’est 5 minutes de marche », plaide l’édile. Les places de livraison sont toutefois accessibles en dehors de créneaux horaires précisés sur un panneau.

Ces neutralisations, les commerçants en entendent parler par leurs clients. « C’est assez mitigé. D’un côté les gens trouvent que cela apporte une décoration à la rue, souligne Eric Herman, gérant de Fleurs de Conflans. De l’autre, effectivement ils ne sont pas contents car ils ne peuvent plus se garer. Mais quand on change les habitudes, il y a toujours ce type de réactions. »

Quelques mètres plus loin, Martine Heriday, gérante de Heriday, boutique de prêt-à-porter, est bien plus imagée. « On se fait lancer des tomates par nos clients, lance-t-elle. Il n’y a pas vraiment de communication faite sur les alternatives, comme le parking de la rue des Nonnains. » Intéressée par le dispositif, « on m’a dit que je ne pourrais sortir qu’un mannequin, ce qui n’avait pas d’intérêt », regrette-t-elle.

L’expérimentation durera au maximum six mois et sera « évolutive en fonction des différentes remontées », complète Laurent Brosse. Durant ce même laps de temps, la municipalité, à l’aide de capteurs placés tout au long de la rue, « mesurera la rotation des voitures, s’il y a des voitures ventouses, si les gens stationnent longtemps ou pas », détaille l’édile.

Des données qui permettront à la municipalité d’orienter les grandes lignes du projet d’aménagement. « Un jury de concours a été désigné par la communauté urbaine afin d’étudier les différentes propositions, poursuit Laurent Brosse. Nous aurons une réunion durant l’été et on espère pouvoir obtenir des éléments calendaires. » L’élu compte toutefois sur la réhabilitation désormais terminée de la place Fouillère pour que cette dernière serve de « passerelle » entre les quais et le centre-ville.

Souvent demandée en réunion publique par les riverains, toujours rejetée par les commerçants, la piétonnisation complète de cet axe semble définitivement enterré. « La rue Berteaux permet de faire le lien entre l’hôtel de ville et de remonter jusqu’à Chennevières, et on n’a pas vraiment, voire pas du tout de solution ­alternative », argue l’édile.