L’école privée peu goûtée par le quartier pavillonnaire et populaire

Les habitants du Domaine de la vallée craignent des nuisances liées au stationnement, mais aussi le fait que cette école soit trop coûteuse pour bien des habitants de la résidence pavillonnaire.

Les échanges ont été plutôt houleux le 22 mai dernier, entre le maire Cyril Nauth (RN) et environ 80 Mantevillois, dont la plupart résident dans le quartier du Domaine de la vallée. Lors de cette réunion publique, une rapide présentation est faite du projet d’école Montessori au sein des locaux associatifs du Geci.

Mais surtout, l’édile RN exprime sa volonté que les deux terrains attenants au bâtiment, appartenant à l’Association syndicale libre des Coudreaux, copropriété de 921 logements, soient loués à la municipalité afin d’en faire un parking et une cour de récréation. Selon l’édile, cet ordre du jour justifiait l’absence de l’association Encyclopedia’s school Montessori, porteuse du projet.

S’ils n’avaient rien en soi contre le projet, les riverains ont exprimé leur refus de voir ces terrains loués et déploré le choix de l’emplacement de cette école, dans un quartier qu’ils jugent eux-mêmes populaire, estimant que cette école ne servira pas aux habitants du quartier et regrettant la perte d’un local associatif. Ils craignent également le stationnement anarchique dans la rue de Monchauvet.

« Est-qu’on doit, sous prétexte que les riverains immédiats sont hostiles, renoncer à ce projet ? » À la question posée par l’édile, la réponse fuse : « Bah oui ! » Une riveraine souligne toutefois : « On ne vous dit pas qu’il faut complètement arrêter le projet, mais qu’il faut trouver une autre solution pour faire garer ou du moins ­déposer les enfants. »

À la rentrée prochaine, une école Montessori de trois classes de maternelle, de 17 élèves par classe, ouvrira en effet ses portes au sein du local associatif, impliquant le déménagement des associations l’occupant jusqu’à présent, afin de pouvoir réaliser le chantier de réhabilitation durant l’été. « La chorale pourra chanter au Comptoir de Brel (au sein de l’espace Jacques Brel, Ndlr) et concernant Mantes-la-Ville artisanat, nous sommes en train d’aménager des locaux dans le parc industriel de la Vaucouleurs, le déménagement est prévu pour juin », détaille l’édile.

Une adhérente de Mantes-la-Ville artisanat, présente, ne cache toutefois pas son inquiétude. « Je regrette beaucoup que l’on quitte ce local, explique-t-elle. On a l’habitude de faire des activités jusqu’à la fin juin, donc ça veut dire que les adhérents arrêtent là […] Pour l’instant nous n’avons pas de date de rentrée. » Et alors que dans le public, l’on semble également regretter la disparition de cette dimension associative, Cyril Nauth fait remarquer : « Les associations qui occupaient précédemment le Geci reproduisaient exactement les mêmes nuisances, mais pas aux mêmes horaires. »

« Le seul endroit où les enfants peuvent jouer, c’est ce terrain attenant, ce que les enfants et nous-mêmes appelions le Carré », rappelle Richard, un riverain, de la possible disparition de cet espace vert.

Il précise sa pensée, notamment concernant les problèmes de ­stationnement : « La chorale, qui compte une cinquantaine de membres, fréquentait plutôt le soir ou le week-end […]. Au début du mandat, nous avions des plaintes concernant des moments de fête familiale. » Car selon lui, « ce sera le seul désagrément que je pourrais reconnaître, la principale question et l’objet de notre travail ensemble, c’est la question des flux de circulation, essentiellement ».

Le premier magistrat juge ainsi nécessaire la location des terrains de l’ASL des Coudreaux à 4 000 euros par mois à la Ville pour y réaliser « à la fois une cour de récréation dans les meilleures conditions possibles avec bien sûr une clôture pour sécuriser », mais également de pouvoir, entre le bâtiment et l’avenue du Breuil (la RD983, Ndlr), « réaliser un espace permettant du stationnement minute pour y déposer les enfants ». Si tel n’était pas le cas, « cela serait relativement gênant », reconnaît l’élu en ajoutant que le projet se ferait tout de même.

Pour Richard, habitant dont les ­parents sont arrivés dans le quartier en 1976, pas question que la copropriété loue ces terrains. « Si vous remontiez la rue de Montchauvet, le seul endroit où les enfants peuvent jouer, c’est ce terrain attenant, ce que les enfants et nous-mêmes appelions le Carré, rappelle-t-il. Vous avez une arrière-cour derrière le Geci qui appartient à la commune, mais deux endroits où les enfants peuvent jouer, j’ai appris à mes enfants à faire du vélo ici. […] C’est le seul endroit où les enfants peuvent jouer en toute tranquillité. »

Une autre, qui a enseigné pendant 25 ans à l’école de la Sablonnière, dans le quartier, juge « inadmissible » qu’école privée et école publique soient mises côte à côte. « Ce quartier est en train de se paupériser, poursuit-elle. Personne du Domaine ne pourra mettre ses gosses là, que vient faire une école qui coûte très cher dans ce quartier qui ne servira à personne ? » Les tarifs de l’école sont en effet de 5 400 euros par an pour les 2 à 3 ans, et de 4 200 euros par an pour les classes des 3 à 6 ans.

« Ce genre d’établissement est relativement rare dans notre agglomération, la plus proche est située à Gargenville, expliquait en début de réunion Cyril Nauth des raisons l’ayant conduit à accompagner le projet. Il y a très peu d’alternatives à l’école publique traditionnelle, […] un certain nombre de parents d’élèves m’avaient interpellé sur ce sujet, c’est la raison pour laquelle j’ai saisi cette opportunité. »

Un riverain de la rue de la Viosne fait un constat : « Vous admettez que l’école publique ne vaut rien. […] Cette liberté de choix, elle se décide par l’argent, dans le Domaine, je vais les voir passer les Porsche Cayenne, et à la limite garées devant chez moi. » Il aurait également préféré que les 150 000 euros de travaux servent aux écoles publiques ou aux associations communales. « Sous le prétexte que la commune est aujourd’hui habitée par une population modeste, il ne faudrait pas développer des projets qui pourraient intéresser des gens qui ont un niveau de revenus un petit peu plus important, et éventuellement les attirer, justement ? », rétorque le premier magistrat.

Après plus d’une heure et demie de réunion, une porte de sortie semble toutefois s’entrouvir, par le biais d’une habitante proposant de rendre en double sens la sente reliant la rue de Monchauvet à l’avenue du Brueil. S’il juge la proposition impossible, l’édile concède : « Pourquoi ne pas étudier la possibilité d’avoir quelques espaces de stationnement avant ou après la descente, cela me semble intelligent. » L’idée d’aménager des places de stationnement « minute » le long de la route départementale a aussi été soulevée : elle serait « difficilement réalisable » mais souhaitable selon l’élu.