Retrait de ses délégations : le maire provoque l’absence de quorum

Le retrait des délégations du maire devait être voté mercredi 12 juin. Le maire a incité les élus de sa majorité à quitter le conseil municipal, provoquant la colère de l’opposition.

Nouveau coup de théâtre, ou plutôt coup de poker, à Carrières-sous-Poissy. Depuis plus de deux mois, les tensions sont palpables entre les élus, et le conseil municipal du mercredi 12 juin a à nouveau mis le feu aux poudres. À la demande de 18 élus de l’opposition, le retrait des délégations du maire devait être soumis au vote. Les élus du groupe So Carrières, soutenant le maire Christophe Delrieu (DVD), ont quitté la salle, provoquant ­l’annulation du vote faute d’atteindre le ­quorum nécessaire.

Alors que quelques tensions étaient déjà apparues au début du conseil municipal, les opposants ont immédiatement réagi dénonçant un « hold-up démocratique ». Un nouveau conseil municipal devrait avoir lieu, l’opposition persistant dans sa volonté de retirer ses délégations au maire. Les élus concernés se disent même prêts à engager des ­procédures à son encontre devant le tribunal administratif. L’édile reste sur ses positions et parle d’une majorité relative pour l’opposition.

« J’invite le groupe So Carrières à quitter cette salle et à ne certainement pas participer au vote », annonce le maire Christophe Delrieu au moment de passer au vote du retrait de ses délégations. Une demi-heure après le début du conseil, ses soutiens quittent donc la salle de l’ancienne mairie. Face à l’incompréhension de l’opposition, l’édile précise avant de lever la séance : « Comme vous avez pu le constater, le quorum n’est pas réuni pour voter cette délibération, ce qui fait que nous ne pourrons pas la voter ce soir. »

Les réactions de l’opposition sont immédiates. Eddie Aït (GE), ancien maire de la commune et président du groupe Agir en commun pour Carrières-sous-Poissy, réclame la démission de son successeur : « Votre lettre de démission, vous la donnez quand, avec ce que vous venez de faire ? […] Vous avez perdu le droit de diriger cette ville. » Seule réponse du maire : « Je vous invite à quitter la salle puisque le conseil est levé. »

Devant l’ancienne mairie, alors que l’opposition ne décolère pas, le maire réagit, presque serein : « Il n’y a rien du tout, moi je n’ai pas de souci ­particulier […] On va continuer à faire fonctionner la Ville comme on a été élu pour le faire. » L’édile parle tout de même « d’un jeu d’échecs » avec une majorité éclatée depuis le rejet du budget de la commune en avril ­dernier.

« Il y a un groupe de 18, OK, nous, on est un groupe de 15, la majorité absolue est à 17 », précise-t-il de la balance entre opposition et majorité pour les prochains mois. « Là clairement, c’est un déni de démocratie », observe Anthony Effroy, élu de l’opposition pour Bien vivre à Carrières-sous-Poissy et référent FI. Pour Eddie Aït, le maire « a souhaité confisquer le fonctionnement d’une instance ­démocratique et ­représentative ».

Comme évoqué au soir du conseil municipal, les deux présidents de groupe ont envoyé dès le lendemain un courrier au maire pour lui demander de convoquer un nouveau conseil. « S’il refuse, on envisage évidemment le dépôt de recours devant le tribunal administratif, tant en référé qu’en procédure sur le fond », précise Anthony Effroy de la suite des ­événements.

« Il voit bien qu’on est organisé, en fait, on n’a plus besoin de Christophe Delrieu. Après il peut rester maire […] seulement il n’a plus le droit de gérer cette ville », enchaîne Eddie Aït. « Je le dis haut et fort, je serai là jusqu’au bout pour respecter les engagements qu’on a pris avec les électeurs », insiste Christophe Delrieu de ses neuf prochains mois en tant que maire, d’ici aux élections ­municipales.