Mer des déchets : un début de nettoyage et un appel à projets

Lancé par l’Etablissement public d’aménagement du Mantois Seine aval, l’appel à projets se clôturera au printemps prochain. Le nettoyage devrait lui débuter au début de l’année 2020.

« On espère que ça va avancer, que ce n’est pas un effet d’annonce. Il ne faut pas que ça fasse flop. » Alban Bernard, président de l’association Stop décharges sauvages, qui compte une trentaine d’adhérents, accueille la nouvelle avec méfiance. À la suite d’un comité de pilotage le 24 septembre dernier, la décision de lancer un appel d’offres a été prise.

Désigné comme aménageur de cette plaine de 300 ha en avril dernier, l’Etablissement public d’aménagement du Mantois Seine aval (Epamsa) aura la charge de coordonner l’ensemble des études menées et de retenir le projet, aux alentours du mois d’avril 2020. Un nettoiement débutera dans les premiers mois de 2020, mené conjointement par le Département et la communauté urbaine Grand Paris Seine et Oise (GPSEO).

Depuis plus de deux ans, le devenir de cette ancienne plaine maraîchère ayant servi pour les épandages d’eaux usées, devenue ­décharge sauvage, est un vrai serpent de mer pour GPSEO, comme pour les quatre communes qu’elle borde : Andrésy, Chanteloup-les-Vignes, Carrières-sous-Poissy et Triel-sur-Seine. Alors, suite au comité de pilotage du 24 septembre, la satisfaction était de mise pour le président de GPSEO et maire de Verneuil-sur-Seine, Philippe Tautou (LR) : « On a franchi une étape importante. »

Lors de cette assemblée, réunissant les préfets yvelinois et de région, Epamsa, maires, parlementaires, Département et Région, un cahier des charges a été élaboré « pour lancer l’appel à projets dans des délais qui sont très courts, d’ici la fin du mois d’octobre », indique Philippe Tautou des délais. Si la zone concerne les 300 ha, le projet en lui-même sera compris dans une zone « entre 100 et 150 ha ».

Du rôle de l’aménageur, Emmanuel Mercenier, directeur général de l’Epamsa, précise : « On est en état de coordonner l’ensemble des ­acteurs du secteur, et ils sont nombreux, et les problématiques qui sont également nombreuses. Il y a les problématiques paysagères, il faut avoir un devenir, il y a bien sûr le traitement de la décharge qui est un enjeu fort et urgent et il y a aussi le sujet du devenir pérenne de la plaine, c’est l’éternel sujet, des déchets qui reviendraient immédiatement après qu’on les aient enlevés. » Dans un récent courrier adressé au préfet de région, l’ancien maire et conseiller régionnal Eddie Aït (SE), demande à « faire preuve […] de fermeté en sanctionnant les contrevenants ».

« Il y a les problématiques paysagères, il faut avoir un devenir, il y a bien sûr le traitement de la décharge qui est un enjeu fort et urgent et il y a aussi le sujet du devenir pérenne de la plaine », précise des enjeux Emmanuel Mercenier, directeur général de l’Epamsa.

Concernant le nettoiement, il reste encore à définir le périmètre. « On doit voir quelles sont les parcelles qui appartiennent au Département, quelles sont les parcelles qui pourraient appartenir à des privés, souligne le président de GPSEO. L’association des propriétaires pourrait je dirais, nous laisser la maîtrise d’œuvre, on est en train de voir ça. » Du fait d’enclencher cette opération maintenant, il poursuit : « On voulait montrer à nos habitants qu’il y a quelque chose qui se fait. »

S’il reconnaît que ces annonces sont « une bonne chose », Alban ­Bernard regrette le délai : « Pourquoi on a attendu aussi longtemps pour lancer le truc, alors que les 800 000 euros ça fait longtemps qu’ils ont été annoncés ? » Des éventuels projets qui pourraient être retenus, il ajoute : « Nous en tant qu’association environnementale, toutes les associations locales, on sera très vigilantes sur les projets qu’on va nous proposer. […] Ce qu’on souhaiterait c’est être mis dans la boucle, qu’on soit partenaires de ce projet, qu’on puisse être consultés, avoir un droit de regard. »

Pour autant, Philippe Tautou et Alban Bernard partagent le même souhait, que le traitement de la question de cette immense décharge sauvage de plus de 7 000 tonnes de déchets devienne une référence à l’échelle nationale. « Nous on est dans la difficulté avec ce sujet, mais en Île-de-France cela touche tout le monde, note Philippe Tautou. Peut-être que derrière on peut impulser en disant voilà ce qu’on peut faire avec la plus grande décharge sauvage de France. »

Se revendiquant d’une « volonté nationale », Alban Brenard prévoit lui de «  mener des actions auprès des collectivités autres que la communauté urbaine, auprès des mairies, savoir ce qu’il en est des charges constatées, si elles vont être nettoyées, … ». Il assène : « Il faut que Carrières-sous-Poissy serve d’exemple pour l’ensemble du territoire et qu’on puisse mener des actions de ce type partout ailleurs. »