Il se fait passer pour un autre et empoche 20 000 euros d’aides Covid

Un homme comparaissait le 27 janvier devant le tribunal correctionnel de Versailles pour avoir demandé et touché, sous le nom d’un homonyme, plusieurs milliers d’euros provenant du fonds de solidarité.

C’est une première dans les Yvelines. Plusieurs mois après le déploiement de la stratégie gouvernementale du « quoi qu’il en coûte », visant à soutenir les entreprises durant la pandémie au travers d’un fonds de solidarité, une première affaire d’escroquerie aux aides Covid a été jugée jeudi 27 janvier au tribunal correctionnel de Versailles. Un homme de 31 ans comparaissait pour avoir, entre 2020 et 2021, obtenu près de 20 000 euros d’aides en utilisant le nom d’un entrepreneur yvelinois. Il a été condamné à une peine d’un an de prison dont six mois avec sursis.

L’escroc, originaire des Hauts-de-Seine, a pu être retrouvé après une enquête approfondie qui a débuté au mois de juin dernier. Ce jour-là, un chauffeur de taxi se présente au commissariat d’Élancourt. Il suspecte qu’une personne ait utilisé son identité pour toucher d’importances sommes d’argent issues du fonds de solidarité. « Un courrier des impôts fait mention de sommes perçues, deux fois 9 999 euros, en son nom », détaille la juge des sommes injustement perçues.

Le prévenu avait effectivement profité que son nom correspondait, à une lettre près, à celui de sa victime, pour formuler une demande d’aide en ligne à sa place. Visiblement pas rassasié, le malfaiteur fera deux nouvelles requêtes en début d’année 2021 qui, elles, n’aboutiront pas. Les enquêteurs ont identifié le prévenu en remontant la trace de l’argent viré sur un compte d’une banque en ligne. Interpellé chez ses parents, à Clamart (Hauts-de-Seine), mardi 25 janvier, il a été placé en garde à vue au commissariat d’Élancourt pour être auditionné.

Devant les enquêteurs, le trentenaire reconnaît les faits mais assure avoir été guidé par un certain « PA7 ». Celui qu’il désigne est un escroc de plus grande envergure, « connu pour des escroqueries aux aides Covid de grande ampleur alors qu’il est à l’étranger », explique la juge. « PA7 » est effectivement soupçonné d’avoir escroqué pour 5,8 millions d’euros d’aides Covid. Pour autant, alors qu’il indique que c’est cet homme qui lui a fourni les documents d’identité nécessaires au détournement, « lorsque les policiers lui montrent une photo de l’escroc, [le prévenu] ne le reconnaît pas », évoque la juge. De plus, lors de son arrestation, ce dernier avait refusé de donner l’accès à son téléphone portable empêchant ainsi aux enquêteurs de confirmer tout lien entre les deux hommes.

L’homme soutient qu’il n’a touché que 6 000 euros sur les 20 000 détournés. « C’est PA7 qui a tout fait. Moi, je ne savais pas que c’était illégal, se défend encore le prévenu dans le box des accusés. Moi j’ai juste donné mon [relevé d’identité bancaire], il [« PA7 »] voulait que l’argent sorte vite du compte. » Si son avocate a reconnu, comme la procureure, que « cette atteinte à la solidarité nationale est très désagréable », cette dernière indique que son client « n’est pas la figure de proue des escroqueries au Covid ». Néanmoins, le tribunal a suivi les réquisitions de la procureure.