L’ambitieuse section féminine du CAMV Basket

Depuis près de 20 ans, Hassna Moummad gère la section basket du club Athlétique de Mantes la Ville. Parmi toutes les équipes engagées, celles qui détonnent sont les seniors féminines. Promues cette saison en pré-nationale 4, elles ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin…

« Who run the world ? Girls ! », clame fièrement Beyonce dans la chanson quasi-éponyme. Un cri de guerre qui pourrait être entonné au sein de la section basket du club Athlétique de Mantes-la-Ville. Parmi les 14 équipes engagées en championnat dans toutes les catégories d’âge possibles – permettant de compter plus de 300 licenciés et d’être donc le plus gros pourvoyeur de sportifs de l’association omnisport – la tête de gondole sont les seniors féminines. Elles disputent actuellement le championnat de pré-nationale 4 (4ème échelon national comme son nom l’indique, ndlr), pourtant, peu de personnes auraient pu prédire ce niveau il y a presque 20 ans.

Lorsqu’Hassna Moummad récupère cette partie du club, elle tombe sur un champ de ruines avec seulement une trentaine de jeunes filles. « J’avais une équipe en honneur départemental et j’ai créé une équipe de poussine et de cadette », narre-t-elle. Mais forte de son expérience dans le social, l’actuel adjointe mantevilloise en charge des politiques environnementales et du développement durable parcourt les Quartiers Politique de la Ville afin de garnir les effectifs : « Je leur disais « venez on va dans le gymnase » ». Au fur et à mesure des années, le CAMV Basket retrouve un visage honorable mais voit plus grand. Hassna est excédée de voir ses meilleures joueuses partir au Mans, à la Garnache ou à Aubervilliers, à cause d’une catégorie reine pas assez compétitive. Un nouvel objectif s’impose, atteindre le niveau régional, ce qui arrive… juste avant le covid.

Les difficultés reviennent alors. Le groupe se restreint à cause de départs ou d’événements heureux et, en tout et pour tout, elles ne sont plus que 9. L’entraîneur se fait la malle aussi. L’ancienne basketteuse amateure part alors à la recherche de la perle rare, de celui ou celle qui comprendra le projet dans sa globalité puis provoquera l’émulation nécessaire pour répondre aux attentes. On lui présente alors Ruben Lopez, un Américain venant du New Jersey. Elle parle de maintien ? Lui répond promotion et finit par être embauché. Alors qu’il est seulement anglophone, les consignes d’entraînement et de matchs sont tellement bien comprises par les joueuses qu’elles enchaînent 3 promotions successives. « L’année dernière nous avons commencé par 10 victoires consécutives en autant de matchs, nous avons vu débarquer des personnes qui nous filmaient afin de préparer leur rencontre face à nous », s’amuse-t-elle.

La présidente du CAMV Basket le concède : « Le plus dur reste à venir car le gap entre régional et national est élevé. » En début de saison, elle cherche alors à recruter de nouvelles joueuses mais essuie des refus à cause de la distance qui sépare Paris de la commune mantevilloise. Finalement les réponses positives viendront de beaucoup plus loin. Grâce à des connaissances nouées dans le milieu social, elle tombe sur Alpha, le gérant d’une association sénégalaise à qui le club commence par envoyer des équipements non-utilisés. Et par cette initiative, il décide de lui envoyer des vidéos de jeunes joueuses locales susceptibles d’améliorer son équipe. Actuellement, 3 d’entre elles se sont montrées intéressées mais pour le moment qu’une est arrivée à Mantes-la-Ville. Elle oscille entre ses études à l’université de Nanterre, son travail au McDonald de Mantes et les entraînements le soir. Par ailleurs un autre partenaire potentiel pourrait suivre en la personne d’Aïda Ndiaye. La fondatrice de FAU Africa développe déjà ce sport via le club sénégalais Keur Mbaye Faye Basketball et verrait d’un bon œil un partenariat pour que ses meilleurs jeunes poursuivent leurs carrières en Europe.

Des exemples parmi tant d’autres qui démontrent que le CAMV Basket mise autant sur l’aspect humain que sportif. Avec un gymnase situé en plein QPV couplé à effectif global provenant à 60-70 % de ce type de quartier, il ne pouvait en être autrement. Tout ce travail a été reconnu, aussi bien dans sa globalité – avec l’obtention du label du basket féminin en 2010 – que d’un point de vue personnel puisqu’Hassna a reçu en 2022 le trophée de femme en or décerné par le Comité régional olympique du sport français. Une récompense qu’elle n’ose pas toujours mettre en avant mais qui orne son bureau.

Structuré et pérenne, le club voit maintenant plus grand et doit aller chercher le nerf de la guerre : de l’argent. En cas de promotion dans les échelons supérieurs, cela sera indispensable : « Il faudra impérativement un panneau d’affichage, celui qui décompte les 30 secondes de possession et un bâtiment moins vétuste. » Pour ce dernier point, la municipalité a intégré l’amélioration du gymnase Jean Guimier dans le programme Yvelines + et des sponsors comme le Body Minute ou le McDonald de Mantes viennent de se greffer au projet. « Nous allons aller chercher », assure Hassna. Vu le travail réalisé depuis 20 ans, nous ne pouvons que la croire.