Des Allemandes impitoyables avec les Bleuettes

Le stade Léo Lagrange de Poissy accueillait une rencontre de football internationale qui opposait les U17 de l’équipe de France féminine à celles de l’Allemagne. Le soleil, les supporters et le spectacle étaient largement au rendez-vous. Malheureusement le score n’a pas suivi cette dynamique.

Plus de 400 curieux s’étaient donné rendez-vous au stade Leo Lagrange de Poissy afin de voir la rencontre entre les U17 de l’équipe de France féminine et leurs homologues allemandes. Une affluence qui n’a pas surpris Grégory Rouault, directeur des sports de Poissy : « Nous avons mobilisé les accueils de loisirs puisque nous sommes pendant les vacances scolaires, idem avec l’AS Poissy car il y a une section féminine. » L’occasion également de rappeler que la commune pisciacaise reste une terre de sport – notamment avec la future arrivée du centre d’entraînement du PSG – et que la pelouse impeccable de son enceinte locale pourrait servir de camp d’entraînement lorsque les Jeux olympiques et paralympiques de 2024 seront lancés. « Poissy est labellisé CPJ (centre de préparation pour les jeux, ndlr) et nous avons quelques contacts avec quelques fédérations sportives », confie l’ancien triathlète.

Si dans les tribunes l’ambiance est comme le temps, au beau fixe, sur le terrain, le sérieux prédomine. La coach Peggy Provost a prévenu quelques jours plus tôt sur la chaîne de la FFF : ce match doit servir pour préparer le Tour Elite prévu du 21 au 30 mars – qualificatif pour l’Euro 2023 de leur catégorie – dont seul le premier d’un groupe composé de quatre nations obtient un ticket pour l’Estonie cet été. Cette rencontre n’a donc d’amicale que le nom, surtout si l’on s’intéresse au passif entre les Bleus et la Nationalelf. Si chez les hommes Séville 82 restera à tout jamais une plaie béante, chez les femmes, une rivalité commence à se créer. Bleues et Bleuettes ont été respectivement éliminées en quart-de-finale de l’Euro 2022 et en demi-finale du championnat d’Europe U17 2022 par leurs voisines d’Outre-Rhin.

Hormis un léger retard à l’allumage – permettant à l’ailière allemande d’effectuer une percée sur le côté droit dès la 5ème minute et dont le centre est repoussé par Wassa Sangare – les filles de Peggy Provost répondent parfaitement au défi physique. Mais alors qu’elles commençaient à prendre l’ascendant un coup du sort les frappe. Laura Obrecht prend un pied haut dans la tête et le jeu s’arrête cinq minutes. Et lorsque celui-ci reprend par l’intermédiaire d’un coup-franc, Marie Mulot le tire directement sur Merino Gonzales qui lance Melina Krüger. Elle profite alors du boulevard laissé par les Françaises et va battre tranquillement Alyssa Fernandes.

Touchées mais pas coulées, les Bleuettes reprennent leur marche en avant, et, après de multiples tentatives, pensent enfin décrocher l’égalisation dans les derniers instants de cette première mi-temps. Sur un exploit personnel, Maéline Mendy s’engouffre dans la surface de réparation puis arme une frappe enroulée. Le ballon fracasse le montant droit, rebondit sur la ligne, puis cogne le deuxième poteau. Mais la gonfle décide de rouler en dehors des cages… Les supporters étaient prêts à exulter mais c’est un « oh » collectif qui sort finalement des tribunes.

Pour changer le cours du match, Peggy Prevost lâche quelques consignes à ses joueuses : « Jouez dans le dos de la défense, vous êtes lisibles donc cherchez les espaces. » La deuxième période s’annonce comme un bis repetita de la première. Poussées par le public, les Françaises donnent tout et les changements de la coach sont à deux doigts de porter leurs fruits. Par deux fois l’entrante Elisa Rambaud force la gardienne allemande à se coucher pour éviter l’égalisation. À l’instar du premier acte, l’action la plus chaude arrive en fin de partie. D’une subtile combinaison sur coup de pied arrêté, Nermyne Ben Khaled trouve Liana Joseph dans la surface de réparation. La numéro 11 se retourne et frappe mais la portière adverse est un véritable mur. Malheureusement, partir à l’abordage dans l’insouciance la plus complète finit par se payer cher. Alors qu’il reste moins d’une minute à jouer, Taeryne Job rate sa passe en retrait, Delice Boboy l’intercepte, et grâce à sa puissance et sa vitesse, dépasse ses vis-à-vis avant d’ajuster sereinement Alyssa Fernandes.

La maxime de Gary Lineker, « le football est un sport simple : 22 personnes courent après un ballon pendant 90 minutes et à la fin, l’Allemagne gagne », a encore de beaux jours devant elle. Toutefois, l’espoir peut être de mise. La France n’aura pas démérité et avec un peu plus de réalisme aurait dû faire au moins match nul. Par ailleurs, la frustration reste une force dont les Bleuettes les plus en vue cet après-midi – Céleste Delcroix, Wassa Sangaré, Nermyne Ben Khaled et Maéline Mendy – peuvent puiser afin de nourrir les futurs succès.