200 km à pied, ça use les souliers

Crédits : SDIS 78 Service Communication N.Saadi

Le 30 avril aux alentours de 7 h, Florian Fillion s’élance pour parcourir une distance presque équivalente au trajet Mantes-la-Jolie-Le Mans. Mais contrairement à un politicien sarthois dont il partage une homophonie proche au niveau du patronyme, lui a fait plus que rendre l’argent, il en a récolté pour les Œuvres des Pupilles, une association venant en aide aux orphelins des combattants du feu. « Spectaculaire », « extraordinaire », « surhumain », les superlatifs sont sur toutes les lèvres, et une interrogation dans toutes les têtes : comment prépare-t-on une telle course ? « C’est la question qui revient régulièrement » s’amuse le Mantais de naissance, « c’est le fruit de 10 ans d’ultra-trail, ce qui m’a permis d’engranger de véritables capacités physiques. »

En effet, lorsque l’humain normal s’adonne à rallier quelques kilomètres pour ressentir les bienfaits d’un comportement « healthy », Florian s’impose comme entraînement plusieurs marathons pour effectuer sa centaine de kilomètres hebdomadaire. Une promenade de santé comparée à ses expéditions ultra-trail. « Je pars aussi en week-ends chocs (cumuler sur 2 jours un nombre très important de kilomètres, ndlr), le cerveau assimile alors le fait d’avoir des douleurs et ne ­t’empêche plus de courir. » détaille ­Florian.

Une performance individuelle et collective

Son histoire d’amour pour l’ultra-trail débute alors que Florian était encore bambin. Le dernier week-end de janvier, sa mère le posait devant la fenêtre pour qu’il guette l’arrivée des coureurs du Paris-Mantes. Et à cette époque, il pensait que c’était impossible d’effectuer une si longue distance… Sérieux et appliqué, il décide en 2021 de se lancer vraiment à fond afin d’améliorer ses performances, avec des résultats à la clef : « Au 100 km de Millau je finis 15ème devant des personnes en équipe de France, sur celui de Saint-Malo, qui sélectionne seulement 100 coureurs dans toute la France, je fais encore 6ème et pour la diagonale des Yvelines je fais 7ème ex aequo. »

Le Stakhanov du bitume s’éclate – « je peux raconter tous les paysages que j’ai vus » – mais réalise que sa passion a un prix. « Entre les frais d’inscription (200-300 euros par courses, ndlr) et les paires de basket qui ne durent qu’un mois et qui coûtent entre 150 et 260 euros, cela représente un budget. » Alors un matin il en parle à sa femme. Et comme derrière chaque grand homme se cache une femme toute aussi importante, elle lui conseille d’effectuer des défis personnels en plus des courses afin d’attirer des sponsors. La Broken 200 est née. Toutefois, hors de question de réaliser cette performance tout seul. « Je voulais ramener l’ultra-trail à la caserne. Surtout que mes collègues suivent mes performances quand je participe à des épreuves et m’envoient des sms de félicitations à chaque fois » narre-t-il, « et quand j’ai ajouté que je désirais faire cela pour les Œuvres des Pupilles, le lieutenant a tout de suite accepté. »

L’événement est préparé avec minutie. Le tracé du parcours forme une boucle de 2,5km afin de permettre à Florian de se caler sur une allure de 10,5km/h : « Comme cela je n’ai pas besoin de regarder ma montre, deux tours représentaient trente minutes et je savais donc quand reprendre de l’énergie. » En parallèle de cela, les autres pompiers créent des tableaux pour accompagner Florian dans son périple. Ainsi, il avait toujours un camarade dans son champ de vision courant à la même allure que lui. « Et comme ce sont des amis, c’était encore plus motivant. Nous nous sommes tous tirés vers le haut car certains ont également dépassé leurs limites » ­s’enthousiasme le trentenaire.

Le 1er mai, à 3 h 58 précisément, Florian atteint enfin les 200 km. Sa famille, ses amis, ses collègues et toute la caserne s’enflamment et l’applaudissent. Des larmes de joie coulent sur toutes les joues et la fierté peut s’emparer de Florian. « J’ai vécu ma plus belle expérience sportive alors que ce n’était pas une compétition. Ma vie a un peu changé depuis ce week-end. J’ai des personnes qui m’interpellent dans la rue maintenant » raconte-t-il avec émotion. Une première fois réussie donc avec brio et dont il assure qu’elle ne sera pas la dernière.