Propreté : une ville qui dérive

Le constat saute aux yeux ! La propreté de la ville, toutes ces [attentions petites et grandes] qui avaient encore cours il n’y a pas si longtemps, sont désormais à ranger dans l’armoire aux souvenirs. Et ça commence à se voir, suscitant la grogne d’une partie de la population qui se sent abandonnée alors qu’elle tient pourtant à ce que cette ville qui avait redressé la tête pour atteindre un niveau très honorable ne retombe pas dans les affres du passé.

Les derniers exemples en date sont frappants d’un laisser-aller évident en la matière. Isolons-en deux, assez illustrant dans la façon dont la ville a baissé la garde en la matière.

Sur une armoire technique située à l’angle des rues de Gassicourt et de Strasbourg trônent depuis plusieurs semaines deux affiches placardées hostiles aux forces de l’ordre. Il y est question « des blessés de Sainte-Soline et du mouvement social » et d’un état constitué « d’hommes armés ». Rien que ça. Visiblement, la présence de ces affiches, sur la forme comme sur le fond, n’embarrasse personne chez les décideurs municipaux mantais. Non seulement les documents salissent l’espace public car jusqu’à présent, des armoires techniques ne sont pas des lieux d’expression libre, d’autre part, le message politique qu’elles contiennent semble être ainsi cautionné.

Ce qui exaspère un riverain de la rue de Gassicourt qui reconnait pourtant avoir voté pour la liste conduite par Raphaël Cognet au printemps 2022 : « Je suis déçu. J’ai l’impression de m’être fait avoir. Le paradoxe de cette municipalité qui, lors des réunions de quartiers, nous explique qu’elle a toute compris et que demain va être une période formidable puisque ces réunions de quartiers lui ont permis de bien prendre la mesure des difficultés et de l’autre, on laisse l’environnement urbain se dégrader sans que ça ne semble déranger grand monde ».

Autre exemple de cette dérive de la propreté et d’une baisse de vigilance évidente sur tout ce qui pourrait donner une mauvaise image de la ville, un camion incendié est encore stationné devant une boulangerie rue Maurice Braunstein, plusieurs jours après avoir fait l’objet d’un feu volontaire.

Selon nos informations, la ville renvoie la balle vers la police nationale mais les dégâts en termes d’image sont déjà désastreux, non pas pour le commissariat local mais bel et bien pour les élus, incapables d’évacuer cette verrue de tôles.

Les spécialistes de ce type de phénomène savent pertinemment que laisser ainsi une carcasse calcinée au bout du milieu d’un quartier populaire, juste devant une boulangerie très fréquentée, à quelques encablures du lac de Gassicourt, très visité en cette période de temps estival, n’est pas sans conséquence sur la vie du quartier et pour l’image de toute la ville.

Habitante du Val-Fourré, Fatoumata n’en peut plus d’avoir le sentiment d’être abandonnée : « Ils sont tous venus au marché pendant les élections. Bonjour Madame, et blablabla et blablabla et le résultat le voilà. Le camion est là et ne bouge pas. Je me pose une question. Si le camion était stationné devant chez le maire, il y serait encore ? Ou sur le parking de la mairie, on l’aurait pas viré ? La réponse je la connais. Hélas ».

Cette situation a une explication rationnelle : les services municipaux ne sont plus opérants sur ces sujets. En clair, ce n’est pas la fuite des cerveaux qui sévit en mairie mais la fuite des bras. À quand un retour à l’efficacité ?