Décomplexifier le parcours du combattant de l’orientation

Le timing était fortuit. La semaine où les candidats de Parcoursup découvraient leurs résultats quant à leur orientation, la direction de l’enfance, de l’adolescence, de la famille et de la santé du Département organisait une conférence au collège Galilée de Limay à destination des classes de 4ème et 3ème. Presqu’une trentaine de volontaires ont assisté à la conférence animée par Sonia Rezgui.

La codirigeante d’Aitija, entreprise dédiée à l’orientation des jeunes commence par leur demander s’ils savent déjà ce qu’ils désirent faire comme métier. Une bonne moitié se manifeste mais à la question « savez-vous comment y arriver », ils ne sont plus qu’un tiers à garder leurs mains levées. Le sujet reste donc complexe et cela pour plusieurs raisons. Les conseillères d’orientation sont trop peu nombreuses dans les établissements scolaires ce qui a permis à des gens peu scrupuleux de se la jouer « expert » et de facturer leurs services à des prix mirobolants, profitant de la crédulité des parents souhaitant simplement le meilleur à leurs progénitures.

Toutefois, le but de cette présentation était de libérer les jeunes pousses d’injonctions que peuvent leur imposer la société et ses croyances limitantes. Par exemple, lorsque Sonia aiguille un adolescent qui veut s’orienter vers du droit international, elle lui parle directement de « l’Université Paris Panthéon-Assas » car une école d’une telle renommée ne doit pas apeurer les jeunes, qu’importe leurs origines sociales. Idem pour celles qui pourraient être cher mais affiche une excellente carte de visite : « Il existe des bourses, parfois même des écoles autorisent des emprunts » explique Sonia. La dirigeante rappelle toutefois que tous devront faire preuve de résilience et s’accrocher. « Soyez aussi malin et dirigez-vous vers les matières où vous êtes forts lorsque vous faites vos choix pour le lycée tout en gardant en tête celles qui vous serviront pour votre ­projet ­professionnel » ajoute-t-elle.

Tous les chemins mènent au travail

Sonia Rezgui s’affaire ensuite aux futures voies qui s’offriront à eux lorsqu’ils arriveront dans la dernière étape du secondaire. Qu’elles soient générales, technologiques ou professionnelles, il n’y a pas de sots métiers. « Plusieurs métiers de l’artisanat sont sous tension. De plus, il représente 25% de l’économie française et 30 % des exportations » détaille l’entrepreneure. Et au sein de « la première entreprise de France », il existe des filières d’exception comme la broderie, la maroquinerie qui peuvent ouvrir des portes incroyables : « Une de mes amies a réalisé des broderies pour Lady Gaga. Ce ne sont donc pas des voies de garage. » Définir son projet professionnel, c’est aussi avoir un œil sur l’actualité. Si ChatGPT parle plus aux écoliers pour sa capacité à leur écrire un exposé en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, les intelligences artificielles et les nouvelles technologies vont créer des nouveaux métiers. Et surtout, ingénieur et filière scientifique se conjuguent très bien au féminin.

Par ailleurs, l’intervention de Joachim, responsable du service insertion à la mairie de Limay, restera la plus marquante pour les collégiens. « J’ai foiré ma scolarité » lâche-t-il d’emblée, « j’ai choisi mon orientation et mes établissements seulement pour être avec mes potes. » Il finit alors en BEP Comptabilité et malgré le fait qu’il l’obtienne, son dossier trop marqué par l’absentéisme et des notes médiocres lui ferme les portes d’établissements généraux. Alors il trime, se lance dans le monde professionnel à 18 ans, travaille à Disney – où à cause des horaires ne voit plus ses amis – plie du carton à la place d’une machine et effectue divers intérims. Le salut viendra de connaissances qui lui proposent d’être animateur auprès des jeunes. Investi, il finit par combler son retard en passant des équivalences jusqu’à BAC +4, avec même un BAC +5 en préparation. « Que cela vous rentre bien dans le cerveau, travailler est important » scande le quarantenaire. « On peut toujours se tromper mais avec des efforts tout est rattrapable » ajoute Sonia. Que ces jeunes pousses n’oublient pas également la notion de plaisir, presque 45 ans de vie professionnelle reste quelque chose de long alors autant le faire avec envie.