La Protection judiciaire de la jeunesse, voie de réinsertion pour jeunes délinquants

Une cinquantaine de structures de la protection judiciaire de la jeunesse étaient exceptionnellement ouvertes le 23 novembre, dont l’Unité Educative en Milieu Ouvert de Mantes-la-Jolie. L’occasion de voir concrètement les moyens mis en œuvre pour la réinsertion des jeunes délinquants.

Dès qu’un mineur se retrouve dans les engrenages de l’organe judiciaire, le juge désigne la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) pour la mise en œuvre des décisions judiciaires relatives aux affaires pénales. Son but : élaborer la meilleure des peines afin d’éviter la récidive pour ce mineur et surtout l’insérer dans le monde professionnel. « Nous devons alors réaliser un rapport de recueil socio-éducatif afin de faire un point sur la situation du jeune qui sera transmis au magistrat », explique Myriam, éducatrice spécialisée, « car il [le magistrat] sait que régulièrement la délinquance n’est qu’un symptôme ».

L’entourage et son environnement proche sont donc analysés mais « le juge garde le dernier mot » prévient Magali P, elle-aussi éducatrice spécialisée. Le temps de traitement de ce jugement ne doit plus dépasser 12 mois depuis l’entrée en vigueur du code de la justice pénale des mineurs le 30 septembre 2021 (après 2 ans d’application, elle est de 8,3 mois, ndlr). Une fois qu’il sera prononcé, les éducateurs spécialisés garderont un rôle important puisqu’ils servent de fil rouge et de garant du parcours éducatif du jeune incriminé.

Pour éviter la récidive, l’Unité Educative en Milieu Ouvert (UEMO) de Mantes-la-Jolie – qui gère environ 200 jeunes – met en place plusieurs dispositifs de réinsertion avec des activités de jour pour ceux les plus éloignés du droit commun (déscolarisés, ndlr). L’UEMO peut compter sur divers partenariats comme les missions locales ou les associations, Re-belle par exemple. Depuis 2017, ce chantier d’insertion réalise des confitures à base de fruits invendus dans les supermarchés. Un atelier avait d’ailleurs lieu le 23 novembre, lors de l’ouverture exceptionnelle de 50 structures de la PJJ au public.

« Le premier stage avait été imposé aux mineurs mais le soir ils étaient heureux de montrer à leurs parents une création » narre Coline, la chargée d’animation, « et quand nous voyons qu’ils s’ouvrent, ce n’est que du bonus. » D’ailleurs, les deux jeunes venus parler de leur expérience se sont pris au jeu, puisqu’après avoir réalisé leurs concoctions, ils se sont empressés d’apposer les étiquettes et faire semblant de les vendre. Les unités éducatives d’activités de jour (UEAJ) peuvent également intervenir afin de favoriser l’insertion professionnelle. Celle de Poissy organise des ateliers intergénérationnels dans les EHPADs ou des maraudes. Magali D, la directrice, rappelle tout de même quelques rudiments : « Il faut préparer les jeunes à se retrouver face à des personnes en difficulté car cela peut leur rappeler leur propre condition et les perturber. »

Les entreprises ont également leur rôle à jouer. « Nous avons de plus en plus de stagiaires dans des sociétés » raconte Elise Dehaudt, la directrice du service éducatif auprès de l’établissement pénitentiaire de mineurs de Porcheville, « il n’est pas rare qu’après des TIG, certains en ressortent avec un emploi. » « Nous partageons un objectif commun : les réinsérer » conclue Fabienne Sar, responsable du service territorial éducatif de milieu ouvert du Val de Seine.