Conflit entre le Maire et son ex-DRH : deux versions face-à-face

Depuis 2022, la municipalité et son ancienne directrice des ressources humaines sont en guerre, un combat qui a fini devant le tribunal administratif de Versailles. Le 8 mars, la cour a jugé que la mise à pied de deux ans de la fonctionnaire était trop lourde tout en réfutant les accusations de harcèlement moral.

L’affaire débute en 2022. Alexandra (le nom a été modifié), directrice des ressources humaines à la Ville d’Ecquevilly, est suspendue le 18 janvier par le maire de la commune Marc Herz. « C’est arrivé alors que j’étais en train de réaliser les fiches de paie » se remémore-t-elle. L’édile, ainsi que son directeur général des services (DGS) Kamel Hadjaz, lui reprochent alors de ne plus faire correctement son travail, mettant en avant deux événements. Le premier, lorsque la DRH s’opposait à l’embauche d’une personne devant suppléer la directrice des centres de loisirs qui partait en congés maternité. « Il fallait quelqu’un avec un grade de catégorie B (niveau dans l’administration permettant de manager une équipe, Ndlr) alors que son CV n’indiquait que des expériences en grandes surfaces n’ayant aucun lien avec les collectivités territoriales. » précise Alexandra. « Le problème, c’est qu’elle n’a toujours pas compris que ceux qui ont le dernier mot sont le DGS et moi-même » rétorque le conseiller départemental.

Le second porte sur l’envoi d’un rapport attestant d’un accident de travail. En pleine réunion, une coordinatrice du CCAS fait un malaise. Alexandra décrit les conditions dans lesquelles cela s’est produit et envoie son compte-rendu signé au maire pour qu’il puisse le valider et l’envoyer. « Et elle n’avait pas le droit d’apposer sa signature, le conseil de discipline a été limpide sur ce point-là » précise Marc Herz. Un conseil de discipline vécu comme un deuxième coup de massue pour Alexandra. « Ils [le maire et le DGS] voulaient que je sois révoquée de la fonction publique » raconte l’ex-DRH avec beaucoup d’émotion. Il n’ira pas aussi loin mais une mise à pied de 2 ans est tout de même prononcée. Cependant, elle décide de porter l’affaire devant les ­tribunaux.

En plus de démontrer son ostracisation, l’Ecquevilloise veut apporter la preuve qu’une ambiance délétère règne au sein de l’équipe municipale, document de la médecine du travail à l’appui. « J’ai été contacté plusieurs fois par le médecin en tout début de mandat, reconnaît Marc Herz, je l’ai écouté et après je n’ai plus eu aucune nouvelle. »

Après deux ans de combat, le jugement est rendu le 8 mars par le tribunal administratif de Versailles. Celui-ci annule la sanction du maire d’Ecquevilly et le somme de reconstituer la carrière d’Alexandra dans son intégralité et de la rétablir dans ses droits. « Le harcèlement moral n’a pas été caractérisé et si je l’avais réintégré, j’aurais pu la sanctionner » rétorque l’édile. De son côté, l’ex-DRH poursuit sa carrière dans une autre institution étatique, toujours dans les mêmes fonctions. Toutefois, cette histoire pourrait ne pas s’arrêter là. Un commissariat continue de mener une enquête pour harcèlement moral, et si tel est le cas, ce sera au tour du tribunal judiciaire de ­Versailles de statuer.