Emile Zola, figure toujours importante dans la lutte contre les discriminations

Pour la signature du plan départemental de lutte contre le racisme, l’antisémitisme, la haine anti-LGBT et les discriminations liées à l’origine, la ministre de tutelle Aurore Bergé s’est déplacée dans un lieu symbolique le 23 mars : la maison d’Emile Zola.

À Médan, deux grands hommes se font face. D’un côté Alfred Dreyfus, juif alsacien qui a choisi la France lorsque sa terre natale fut annexée par l’Allemagne. De l’autre, Emile Zola, fils d’un ingénieur italien et naturalisé français qu’à l’âge de 23 ans. Et c’est dans la maison du second que le premier dispose de son musée, leur histoire étant de toute manière très liée. Ce lieu, déjà chargé d’histoire, a été spécialement choisi par le Préfet des Yvelines, Frédéric Rose, pour la signature du plan départemental de lutte contre le racisme, l’antisémitisme, la haine anti-LGBT et les discriminations liées à l’origine. Mais avant de lancer le protocole officiel, une visite des lieux s’imposait, pour que le parapheur puisse s’imprégner de l’atmosphère de l’endroit.

Pour ce faire, deux guides de renom : Philippe Oriol, directeur du Musée Zola et spécialiste de l’affaire Dreyfus, et Martine Leblond-Zola, bisaïeule de l’auteur de « J’accuse ». Universaliste, défenseur des acquis sociaux, pourfendeur de l’injustice, toutes les facettes de l’écrivain sont passées en revue avec quelques comparaisons des temps actuels. « C’est cette France que nous défendons » avance Aurore Bergé. Pour la ministre en charge de la Lutte contre les discriminations, il faut combattre ce mal sur tous les fronts. Dès l’école – « des enfants m’ont confié avoir déjà été victime de blagues, mais ce n’en est plus une quand c’est sous-entendu avec du racisme » explique-t-elle après une visite dans un collège de Saint-Germain-en-Laye plus tôt dans la journée – jusqu’au travail : « Ne pas avoir des biais, même inconscients, lorsque l’on recrute. » Et dans tous les cas, l’Etat ne doit pas avoir la main qui tremble dans les sanctions.

La signature du plan départemental s’est terminée dans le bureau de l’auteur des Rougon-Macquart.

Ceci explique la présence de nombreux services publics dans les signataires comme la Justice, par l’intermédiaire d’Emmanuelle Lepissier, procureure de la République par intérim du tribunal de Versailles, France Travail ou l’Éducation Nationale. « Je fais partie de cette génération un peu naïve où les valeurs que nous espérions irréversibles ne sont plus une évidence » se désespère l’ancienne porte-parole du Gouvernement. Sa réflexion est en adéquation avec les chiffres fournis par le Ministère de l’Intérieur, couplés à ceux d’autres organismes comme PHAROS ou le parquet de Versailles. Dans les Yvelines, 195 faits xénophobes ont été recensés en 2024, soit une augmentation de 12 % par rapport à 2022. La ministre confirme même cette persistance à l’échelon nationale : « Actuellement, nous voyons un phénomène de plateau. »

Parmi les premières actions, elle annonce fièrement le doublement de la subvention de son ministère vers le Musée Dreyfus/Maison Zola (80 000 euros), la Région et le Département devraient suivre prochainement. Martine Leblond-Zola ne peut alors cacher son émotion de voir la mémoire de son arrière-grand-père et ses combats être ainsi honorés. Plus de 120 ans après sa mort, celui-ci reste toujours une référence dans la lutte contre toutes les formes de discrimination.