Deux anciens maires face aux juges cette semaine

Christophe Delrieu, ancien maire de Carrières-sous-Poissy, et Michel Vialay, ex-maire de Mantes-la-Jolie, ont comparu devant le tribunal le 13 mai. Le premier devait s’expliquer sur des attributions douteuses de marchés publics, quand au second, il devait justifier certaines dépenses.

Deux anciens édiles, un même lieu, le tribunal judiciaire de Versailles. D’un côté Christophe Delrieu, maire de Carrières-sous-Poissy entre 2014 et 2020, qui devait répondre pour trois atteintes à la liberté d’accès ou à l’égalité des candidats dans les marchés publics. Les faits auraient été commis du 1er au 31 mai 2015, du 1er au 31 décembre 2019 et du 1er avril au 31 mai 2020. Et de l’autre, Michel Vialay, maire de Mantes-la-Jolie de 2005 à 2017, accusé de détournement de fonds publics pour plus de 51 000 euros. Commençons par l’ex-élu carriérois.

D’après 78Actu, il aurait passé plusieurs commandes pour la mise en place du numéro spécial d’appel d’urgence, le 3017, permettant de joindre la police municipale (400 000 euros environ), pour trois parasols (50 000 euros HT) et également la commande d’enseignes pour des commerces (68 000 euros). C’est le maire en poste actuellement, Eddie Aït, qui a effectué ces signalements. Toutefois, malgré les faits reprochés, le président de la cour a déclaré que « l’enquête n’a démontré aucun enrichissement personnel, juste un affranchissement des règles » rapporte le site internet d’informations locales.

Christophe Delrieu s’est justifié sur chaque dépense. Tantôt « l’urgence de certains moments, notamment lors du confinement » note 78Actu, tantôt « dans une mairie tout le monde se prévaut de la parole du maire pour faire des choses ». Mais dans tous les cas, il estime qu’il n’a jamais dérogé aux règles de seuil imposées par la loi pour parapher les contrats. Les avocats de la partie adverse, la Ville de Carrières-sous-Poissy, ont fait savoir que « des prestations et des surcoûts ont été payés » pour ces marchés, surcoûts qui méritent d’être ­remboursés selon eux.

Le parquet, estimant qu’il a fauté en connaissant parfaitement les règles de seuil des commandes publiques, a réclamé entre 4 et 5 mois de sursis simple. Les avocats de l’ancien maire carriérois ont alors rappelé les propos du président de la cour : « Il n’a pas mis un euro dans sa poche, pas un restaurant, pas une cravate. Et on va demander sa mise à mort en demandant de tout rembourser ? » Le dénouement sera connu le 27 mai.

Pour Michel Vialay, l’enrichissement personnel est fortement pressenti par le tribunal. L’ex-maire de Mantes-la-Jolie est accusé d’avoir détourné précisément 51 678 euros. D’après le site d’informations locales, cela pouvait être aussi bien dans des restaurants, des bouteilles de vin, des foulards Hermès voire un lampadaire. Toutefois, on ne pourra pas reprocher à ses avocats d’avoir bien travaillé puisqu’ils ont rendu à la cour 17 pages de conclusions de relaxe. Cependant, cet avis est loin d’être partagé par la Chambre régionale des comptes (CRC).

Lorsqu’elle s’est penchée sur les diverses dépenses de l’ancien député de la 8ème circonscription des Yvelines, la CRC n’a pas apprécié le « défaut de formalisme » dans les notes de frais dont 78Actu rapporte certaines mentions : « cadeau naissance », « gerbe cérémonie » et « départ à la retraite ». En face, Michel Vialay a rétorqué qu’il « faisait comme ses prédécesseurs », en utilisant une régie d’avance, créée en 1991. « Personne n’a fait aucune remarque, ni le contrôle de légalité, ni la chambre des comptes lors d’un autre contrôle en 2009. Alors, oui, je faisais des dépenses en tant que maire. Je présentais la facture à la régie qui me remboursait. Tout simplement » s’est justifié l’homme de 65 ans dont les propos ont été mentionnés par le site d’informations locales.

Le parquet a requis six mois d’emprisonnement avec sursis. Avant de s’en aller, Michel Vialay a exprimé sa stupéfaction : « Depuis le début, je suis dans l’incompréhension. J’ai toujours respecté les règles, les textes et donné beaucoup de mon temps. Personne ne m’a alerté de quoi que ce soit. » À l’instar de Christophe Delrieu, il connaîtra son sort le 27 mai. Par ailleurs, il devra également comparaître devant le tribunal administratif de Versailles : la Ville de Mantes-la-Jolie lui demande de rembourser ces 51 678 euros.