Au 19ème siècle, l’église Saint-Etienne de Mantes-la-Ville se dote d’un orgue mais l’histoire avec un grand H vient perturber son existence. Les bombardements de la Seconde guerre mondiale fragilisent l’édifice religieux et il bénéficie d’un programme de restauration en 1981. Pour ce faire, l’instrument à vent est démonté et depuis cette date… Le trou noir ! Où a-t-il pu bien passer ? Cette question, Monique Fagot, secrétaire de l’association Les Amis de l’Orgue, a tenté d’y répondre.
Elle demande alors à la Mairie de fouiller les ateliers municipaux. « Hormis la console et quelques autres petites pièces, c’est tout ce qui a été trouvé » explique Alain le Cam, le président de l’association créée en 2021. Toutefois, la Mantevilloise ne dit pas son dernier mot. Elle prend contact avec le fils du facteur d’orgues en charge du démontage. Cependant, bien qu’il se souvienne avoir accompagné son père (malheureusement décédé depuis), lui aussi ignore la localisation de l’instrument de musique. Une dernière piste amène la bénévole à écrire au ministère de la Culture mais une nouvelle fois elle fait chou blanc. La conclusion de cette aventure rocambolesque est la suivante : l’orgue et sa centaine de tubes se sont bel et bien évaporés dans la nature.
On aurait pu croire que l’histoire s’arrêterait là, mais c’était sans compter la pugnacité de Monique Fagot. Lors de la messe du 60ème anniversaire de l’église du Sacré-Cœur, elle annonce avoir comme projet d’acquérir un nouvel orgue. « Quand on a dit ça, notre état d’esprit était « on verra si ça prend » » avoue Alain le Cam. Et pourtant. Pierre Bédier, le président du Département, faisait partie de la cérémonie religieuse et assure que son instance aidera les Amis de l’Orgue à hauteur de 50 % du projet HT. La Mairie (10 000 euros), la Région (30 % du montant global TTC) et des dons personnels s’ajouteront pour financer cette opération de 105 000 euros.
Un nouveau parcours du combattant commence. Tout d’abord, il faut s’assurer que la balustrade de l’église soit assez solide et le diocèse de Versailles doit valider l’équipement choisi. « Rapidement, notre choix se porte d’en acquérir un d’occasion, explique le président de l’association, car cela coûte moitié moins cher (le prix d’un instrument neuf est entre 400 000 et 500 000 euros, Ndlr) ».
Ils trouvent leur bonheur en Allemagne, à la chapelle du Vieux Château située à Stuttgart. L’orgue arrive dans le Mantois en mai 2024 et le remontage est confié au facteur d’orgues Alain Boulais. « Il a été très méticuleux. Il a vérifié les 1 345 tubes et a repris dans son atelier à Auvers le Hamon (Sarthe, Ndlr) ceux qui étaient un peu gondolés » se remémore Alain le Cam. Le 30 avril 2025, tout est enfin terminé.
Près de 45 ans plus tard, un orgue retentira à nouveau dans Mantes-la-Ville. Pour fêter ce retour, un concert est organisé le 7 septembre pour lequel Pierre Bédier et la porte-parole du gouvernement Sophie Primas ont été invités. Petit clin d’œil, Emmanuel Hocdé, sociétaire des Amis de l’Orgue et également professeur d’orgue au conservatoire Quincy Jones de Mantes-la-Jolie, inaugurera l’instrument à vent. Lui qui fut également le dernier à y jouer avant son départ de Stuttgart.