Municipales 2026 : Majorité déchirée, gauche unie… Vers un scrutin municipal indécis ?

Alors que le député des Yvelines, Karl Olive, a annoncé cet été sa volonté de récupérer le fauteuil de maire de Poissy, d’autres candidats sont d’ores et déjà sur la ligne de départ et comptent bien lui barrer la route d’un retour à l’Hôtel de Ville. À commencer par son ancienne première adjointe et actuelle maire de la commune, Sandrine Berno dos Santos, mais aussi Mathieu Paranthoën, qui représentera la gauche unie lors du scrutin de mars prochain.

C’était un secret de polichinelle. Alors que son ombre planait sur le conseil municipal pisciacais avec la mise à l’écart d’élus dissidents acquis à sa cause, Karl Olive annonçait, au début du mois de juillet, sa candidature aux prochaines élections municipales de Poissy (voir notre édition du 7 juillet).

Un volte-face qui en a surpris plus d’un, alors que l’intéressé avançait, quelques mois plus tôt, ne pas vouloir briguer un nouveau mandat après avoir été élu à deux reprises, en 2014 et en 2020. Toutefois, c’est ce qu’il appelle une « dégradation du peuplement de Poissy » qui l’a poussé à ne pas « tourner le dos à la ville de sa vie »… et à se présenter face à son ancienne première adjointe Sandrine Berno dos Santos, qu’il avait adoubé pour prendre sa suite lors de son élection en tant que député en 2022.

Une majorité fracturée

Mais ne comptez pas sur elle pour céder sa place si facilement. C’est « plutôt sereine » et surtout « très déterminée » que Sandrine Berno dos Santos aborde cette première campagne en tant que tête de liste, bien qu’elle insiste avant tout sur son rôle d’édile. « Il reste 6 mois avant les élections, il va falloir travailler, la Ville ne va pas se gérer toute seule, assure-t-elle. Quand je rentrerai en campagne, il y aura un vrai distinguo entre mon rôle de maire et mon rôle de candidate ».

La frontière entre les deux pourrait pourtant se retrouver brouillée lors des prochaines séances municipales, alors que le nouveau groupe Poissy au Coeur – composé d’ex-membres de sa majorité qui dénoncent « une municipalité aveuglée » et « progressivement réduite à un outil de campagne » – compte bien lui mettre des bâtons dans les roues. « Si aujourd’hui, à six mois des élections, ils se rendent compte qu’ils sont en désaccord sur tout alors que ça fait dix ans qu’ils soutiennent la majorité, les Pisciacais vont se rendre compte que c’est purement électoraliste, qu’ils sont dans des postures d’opportunité », prévient-elle.

Karl Olive et Sandrine Berno dos Santos (à gauche), et Mathieu Paranthoën (à droite).

Le timing de l’annonce de candidature de Karl Olive, tout juste quelques jours après l’exclusion de ces élus dissidents, n’avait laissé que peu de place au doute quant au lien les unissant, et à la fracture qui touche les membres de la liste élue il y a 5 ans. De là à rendre ce scrutin plus indécis qu’en 2020, lorsque Karl Olive l’avait emporté dès le premier tour avec 75 % des voix ? C’est en tout cas ce que laisse présager un mystérieux sondage mené auprès de plusieurs centaines de Pisciacaises et de Pisciacais à la fin de l’année 2024. Celui-ci avait placé l’ancien maire en tête avec 35 %, devant l’union des gauches (25 %), Sandrine Berno Dos Santos (21 %) et le Rassemblement national (18 %). « Je ne sais pas d’où sort ce sondage, mais ce que je compte, c’est qu’il a perdu 40 points, observe l’actuelle maire. En 2020, c’est une liste qui a été élue. Et la plupart des membres de cette liste sont avec moi aujourd’hui. Nous, on est une équipe, et lorsqu’on rencontre les Pisciacais sur le terrain, on reçoit beaucoup, beaucoup de soutien ».

La gauche en embuscade

S’il y en a bien un qui pourrait profiter de cette dilution des voix, c’est bien Mathieu Paranthoën. Candidat aux législatives pour le Parti animaliste en 2022, il est le candidat choisi par la gauche, unie derrière le mouvement Mieux Vivre Poissy pour le prochain scrutin municipal. « Le collectif est né en 2023, dans la continuité de la présidentielle et des législatives, raconte-t-il. On a travaillé avec les différentes forces politiques de gauche et des écologistes, et on a construit une dynamique commune malgré nos différences. Ce n’est pas évident, mais on y est parvenu. Au moment de désigner une tête de liste pour les municipales, les membres du collectif ont estimé que j’étais celui qui ­pouvait le mieux rassembler ».

Forte d’un score encourageant lors des élections législatives de 2024 (Christophe Massiaux avait récolté 38 % des voix sur la commune de Poissy, contre 44 % pour Karl Olive), la gauche fait à n’en pas douter partie des prétendants pour s’installer à l’Hôtel de Ville en mars prochain. Et ça, Mathieu Paranthoën en est bien conscient. « En face, la droite est divisée, ce qui nous laisse une vraie chance. Nous voulons proposer du sang neuf. La majorité sortante est à bout de souffle, elle manque d’idées. Nous voulons proposer une alternative crédible ».

Cela passe par une place toute particulière accordée à la participation citoyenne, véritable cheval de bataille de la gauche pisciacaise. « On veut permettre aux habitants qui le souhaitent d’intervenir directement dans la prise de décision, insiste Mathieu Paranthoën. On mettra en place un référendum d’initiative citoyenne locale, des pétitions, des consultations… »

D’ailleurs, le collectif Mieux Vivre Poissy souhaite que les Pisciacaises et Pisciacais soient impliqués dès le début de la campagne électorale : c’est en ce sens que sera organisé son premier atelier citoyen le 4 octobre prochain, au Centre de diffusion artistique. « C’est notre événement de lancement de campagne, nous explique le candidat de la gauche. On va organiser des tables rondes autour de huit thématiques comme la sécurité, l’environnement ou les mobilités, et les gens pourront débattre et proposer leurs idées avant une restitution en plénière ».

La parole aux habitants

Bien qu’une large place soit donnée à la parole des habitants, une première ébauche contenant les axes prioritaires du programme a évidemment été dressée. Parmi elles, l’amélioration de l’offre de soins avec la création d’un centre municipal de santé, pour « répondre au manque de médecins généralistes et spécialistes » et permettre au service public de « prendre le relais là où le privé n’arrive plus à répondre aux besoins ». En matière de sécurité, Mathieu Paranthoën veut miser sur des moyens humains plutôt que sur la vidéosurveillance, avec « une police de proximité » mais aussi « des médiateurs dans les quartiers » pour « recréer du lien et apaiser les tensions ». Tandis que pour l’environnement, il souhaite miser sur la règle des 3-30-300 : voir 3 arbres depuis chez soi, des quartiers avec 30 % de surface arborée, et permettre à chaque habitant d’avoir un espace vert, boisé ou sportif à 300 mètres de leur logement.

Des axes prioritaires qui ne sont pas sans rappeler ceux… de Sandrine Berno dos Santos qui, elle aussi, milite pour « revégétaliser » la ville, « remettre du vert », « arrêter le béton », et poursuivre la mise en place des brigades de proximité pour « restaurer la confiance que certains ont perdu, notamment dans les quartiers ». Concernant l’éducation, la maire de Poissy insiste sur l’importance d’ouvrir « plus de places de crèche » et de « permettre aux enfants d’apprendre dans les meilleures conditions ».

Si la campagne n’est pas encore véritablement lancée, chacun avance ses pions en vue de la bataille électorale qui s’annonce. Fatiha El Masaoudi, ex-adjointe aux sports de 2014 à 2020, s’est elle aussi lancée dans la course au mois de mai dernier, tandis que le Rassemblement National dévoilera très certainement un candidat sous peu. Et quid des autres formations de gauche ? Réponse dans les ­prochaines semaines.