Kanza Sakat : « Une union de la Gauche permettra de remporter la Ville »

La suppléante du député Benjamin Lucas se lance dans la course à la mairie de Mantes-la-Jolie. Encartée chez La France Insoumise, la Mantaise de 51 ans est bien décidé à mettre fin à 30 années de politique qui ont « divisé sa ville ».

Qu’est-ce qui vous pousse à ­briguer la mairie de Mantes-la-Jolie ?
Il faut rompre avec la politique communautariste des dernières années. À cause de cela, il y a l’impression d’avoir trois blocs dans la commune : le Val-Fourré, Gassicourt et le centre-ville. On veut effacer ces frontières imaginaires que la droite a créé alors que nous sommes tous Mantaises et ­Mantais.

Avant d’être suppléante de Benjamin Lucas, vous n’avez jamais eu de rôles politiques…
J’ai attendu que mes enfants soient plus grands pour m’engager en politique. À l’origine, je suis une militante. J’étais parmi les camarades qui ont fait campagne pour la candidature de Jean-Luc Mélenchon à l’élection présidentielle de 2017 et 2022. J’appréciais son discours de rupture. Malgré la défaite, je voulais qu’il accède au rôle de Premier ministre et j’ai rencontré Benjamin Lucas avec qui nous avons eu tout de suite la même vision politique.

Grâce à La France insoumise (LFI), j’ai pu grandir politiquement. J’ai suivi un cursus à la Boétie (un think tank français affilié à LFI, Ndlr). C’était intense, avec des sessions de 12 h un week-end par mois. Je devais même rendre des travaux. Puis avec les lois qui passent à l’Assemblée nationale, j’ai continué à me former sur la politique locale et nationale.

Où en sont les tractations avec d’autres membres de la Gauche mantaise comme ­Guillaume Quévarec ?
C’est plutôt bien parti. Les discussions sont constructives et respectueuses. Dernièrement j’ai aussi rencontré les membres du Parti Communiste. Nous sommes tous d’accord pour dire qu’une union de la Gauche ­permettra de remporter la Ville.

D’ailleurs, cela fait trente ans que la Gauche n’a pas été au pouvoir…
En fait, le changement a déjà eu lieu en 2022 et en 2024. Aux élections présidentielles, Jean-Luc Mélenchon est arrivé en tête. Celles législatives, nous avions même jusqu’à 90 % des suffrages exprimés dans certains bureaux de vote. LFI a un vrai poids politique. Par exemple, lors des élections européennes où nous sommes tous partis séparément, LFI a réalisé un score de 43% à Mantes-la-Jolie. L’espoir est là et on y croit.

Quels sont les priorités de votre programme ?
C’est un projet social. Tout d’abord j’axerai sur la démocratie participative en créant des assemblées de quartiers. C’est aussi à la population d’identifier des besoins et de trouver des solutions. Ensuite, l’éducation. Je suis abasourdi par le niveau de certains élèves qui viennent du Nouveau Collège et qui n’ont pas les bases en arrivant en seconde. C’est une frustration pour eux quand ils débarquent au lycée Saint-Exupéry ou Jean-Rostand. Ils se retrouvent en difficulté… D’ailleurs, je pense que c’était une erreur de regrouper les deux collèges Paul-Cézanne et André-Chénier.

La désertification médicale est également un vrai sujet d’inquiétude ainsi que l’hôpital François Quesnay. Il n’est pas si vieux, une trentaine d’années, et pourtant on dirait un bâtiment du tiers-monde avec des fuites d’eau. Ce n’est pas très respectueux ! Je salue les soignants qui font un travail exemplaire, parce qu’avec très peu de moyens, ils essayent de faire leur travail tant bien que mal.

Le centre-ville est également un chantier important…
L’offre n’est pas là. Les loyers sont chers, les parkings aussi. Durant ma jeunesse, on avait des boutiques de vêtements, de chaussures. Il doit redevenir attractif. Cependant, c’est vraiment un tout à construire avec la dalle du Val-Fourré et aussi le quartier de Gassicourt qui a tendance à être oublié.