
Leïla Amrouche reste incrédule. La présidente d’Espoir de Femmes sort de chez elle le 30 septembre, dans ses mains, elle tient les clefs d’un camion frigorifique. Celui-ci a une fonction indispensable au sein de l’épicerie solidaire : récupérer des denrées alimentaires à date courte fournis par des magasins aux alentours comme Grand Frais ou Intermarché, ou celles achetées à l’Agence du Don en Nature. Le plein a été fait la veille pour assurer la tournée et là, stupeur, « je me rends compte que le camion n’est plus là » déplore la Muriautine.
Direction le commissariat des Mureaux le lendemain afin de porter plainte. En attendant que les fonctionnaires d’État avancent dans leur enquête, Leïla appelle la société de location pour savoir si un traceur GPS se trouvait à l’intérieur du véhicule. En effet, bien qu’elle eût pris le soin d’en placer un personnel, celui-ci a arrêté d’émettre « sur la route de Verneuil-sur-Seine, au niveau du radar ». La réponse est positive mais ne fait pas avancer le schmilblick : dernière localisation, dans les bois de la commune vernolienne, à quelques encâblures du signalement du dispositif de Leïla. La forêt, c’est d’ailleurs là que les policiers vont retrouver des affaires d’Espoir de Femmes. « Il y avait des gilets siglés au nom de l’association et des stylos, qui étaient au niveau du siège avant » détaille la responsable du CCAS des Mureaux. Et malheureusement rien concernant les produits destinés aux familles précaires.
Pour ce vol, un constat peut être déjà fait : c’est du travail de professionnel. Entre le camion démarré sans l’usage des clefs, le GPS mis hors d’usage pour éviter d’être géolocalisé, et l’intégralité des traceurs retrouvés, les cambrioleurs connaissaient sur le bout des doigts leur modus operandi. D’ailleurs pour les forces de l’ordre, aucune chance de retrouver le camion. « Il est déjà désossé et en pièces détachées » rapporte la fondatrice d’Espoir de Femmes.
Les conséquences sociales sont lourdes. C’est une centaine de familles sur le carreau qui s’amassaient tous les jours du lundi au samedi sur le parking du gymnase Colette-Besson des Mureaux pour récupérer des paniers à 5 ou 10 euros, alors que dans le commerce, cela leur reviendrait à une quarantaine d’euros. De plus, c’est l’avenir de l’association qui est également en péril. « Il nous reste deux mois de loyers à payer et on ne peut pas résilier le contrat, explique Leïla, si on met tout bout à bout, c’est quasiment un préjudice de 10 000 euros. » Malgré cela, elle n’a pas l’intention d’abdiquer. Cette semaine, elle a pris un minibus et des glacières pour effectuer le ramassage. Une cagnotte a également été ouverte sur helloasso afin de récolter quelques dons.
En dix ans d’existence, c’est la deuxième fois qu’Espoir de Femmes est confrontée à ce type d’événement, la première ne datant… que de trois semaines. En septembre, son local de Tessancourt-sur-Aubette a été également vandalisé. « Les serrures avaient été endommagées par pesée, et on nous avait volé le transpalette et de la marchandise » précise Leïla qui y voit pour le moment seulement un concours de circonstances.