Antoinette Gomis, la danse dans la peau

La fondatrice des Funky Ladies a été honorée le 13 octobre en recevant le prix « Femmes de culture » de l’année 2025 dans la catégorie spectacle vivant. Cela vient récompenser toute une vie dédiée à la danse.

Femmes de culture

Dans la grande salle du Palais de Tokyo, une sensation particulière parcourt Antoinette Gomis le 13 octobre. D’habitude, la Muriautine est accompagnée par ses proches, ou des membres de son école de danse. Là, la chorégraphe est seule, et ne réalise pas encore que dans quelques minutes, elle va devoir monter sur la scène pour recevoir son prix « Femmes de culture » de l’année 2025 dans la catégorie « spectacle vivant ». « Stephan Paris (fondateur du prix, Ndlr) m’avait appelée pour me prévenir. Dans ma tête, il y avait comme le bruit de l’hôpital » balance-t-elle avec le sourire. Les larmes commencent donc à embuer ses yeux et pour se calmer, l’artiste répète dans sa tête « reprends-toi, respire, tu es à ta place ». Et elle l’est bien puisque ce prix vient valider toute une vie consacrée à la danse.

« Ma mère m’a initié aux danses traditionnelles africaines dès l’âge de 6 ans » se remémore l’enfant du quartier des Musiciens. Avec ses frères et sœurs, elle enflamme le parquet du centre social Georges Brassens et peut enfin faire de sa passion un métier en 2007 lorsqu’elle est sélectionnée pour intégrer la troupe de la comédie musicale Kirikou et Karaba. Toutefois, sa fibre créative la titille. Si son premier solo Bleue est applaudi, Images lui apporte une véritable consécration mondiale. Créé avec Liz Gomis – aucun lien de parenté mais une « cousine de cœur » – et Cyril Machenaud, ce spectacle inspiré de la vie de Nina Simone a été joué à l’Apollo ­Theater de New York et à Charlotte.

Grâce à cela, elle vogue de pays en pays. Tantôt au Japon lorsqu’Antoinette Gomis était ambassadrice de la marque Puma. En Italie pour incarner Sainte Cecilia, la déesse de la musique, dans Chiambretti Night, sous la houlette de Billy Goodson, le chorégraphe de Diana Ross et Stevie Wonder. Ou bien Vienne, à l’occasion des 80 ans de Quincy Jones où la danseuse avait même amené un groupe muriautin, un détail loin d’être anodin. En effet, sa ville relève d’une extrême importance pour elle : « Je dis toujours que je viens des Mureaux et non de Paris quand je suis en voyage ».

Alors qu’elle aurait pu continuer à écumer les salles de spectacle, Antoinette Gomis fonde les Funky Ladies avec sa sœur Martine en 2015. Elles initient alors des B-Boys et B-Girls aux joies du breakdance au centre Pierre Doussaint… qui était son professeur de danse contemporaine. Alors, quand en 2024, les Jeux Olympiques débarquent à Paris avec comme discipline additionnelle le breaking, qui d’autre que la Muriautine peut offrir son expertise au côté de Manuel Tissier ? « Quand France TV m’a contacté pour être consultante, au début je leur ai proposé plein d’autres noms avant d’accepter » avoue-t-elle en souriant.

Dorénavant, Antoinette Gomis a repris le chemin de l’écriture. Elle vient de terminer « Le dernier griot », dernier opus de la trilogie débutée avec « Les ombres » et « Le silence ». Il sera joué au Collectif 12 le 28 novembre à Mantes-la-Jolie. Et la chorégraphe peut être déjà heureuse : toute son équipe sera avec elle pour les représentations.