
Les mots ne laissaient que peu de place au doute… et pourtant. Le mardi 4 novembre, le syndicat CGT de l’usine Stellantis de Poissy publie un communiqué cinglant au titre on ne peut plus équivoque : « Stellantis Poissy : La fin de la production est inacceptable ! »
Dans sa missive, le syndicat assure que « la direction du groupe fait le choix du désengagement industriel au profit de la distribution de milliards d’euros de dividendes à ses actionnaires », et que « plutôt que de garantir un avenir à ce site emblématique de l’automobile française, Stellantis préfère fermer, externaliser et précariser, mettant en danger des milliers d’emplois directs et indirects ».
Le constructeur automobile a rapidement démenti l’information, en affirmant que Antonio Filosa n’avait pas annoncé l’arrêt de la production automobile lors de cette réunion avec les syndicats. Lui aussi présent lors de ladite réunion, Brahim Aït Athmane, secrétaire FO et salarié de l’usine pisciacaise, reste prudent et assure ne pas avoir la même interprétation que ses homologues de la CGT. « Quand il s’est exprimé (en anglais traduit en français, Ndlr), il a bien précisé que rien n’était exclu, assure le représentant du syndicat majoritaire. Il a déclaré que dans sa vision, aucun site n’était condamné en France, ce qui n’est pas forcément le cas dans le reste de l’Europe. Pour lui, la France est, dans le dispositif de Stellantis, la deuxième clé de voûte après les États-Unis ». C’est d’ailleurs pour cette raison que le groupe a annoncé 1 400 recrutements (dont 700 ouvriers et 400 ingénieurs et cadres) dans l’Hexagone en 2026.
Stellantis investit en France, c’est un fait. Mais cela ne dit rien de l’avenir de l’usine pisciacaise, qui va quoi qu’il arrive devoir se réinventer selon Brahim Aït Athmane. « Si demain, on nous attribue juste un véhicule, je ne serai pas entièrement satisfait parce qu’il n’y aura pas assez de travail pour tout le monde. Il faudra quand même d’autres activités connexes. Aujourd’hui, on est en train de travailler sur un projet avec 400 emplois à la clé. Si on nous donne la voiture plus ce projet-là, tant mieux, car aujourd’hui, je veux garantir les 2 000 emplois sur le site. Je suis confiant, car le dialogue social a toujours été de très bonne qualité. On n’est pas toujours d’accord, mais on a toujours réussi à trouver des compromis qui satisfassent tout le monde ».
Mais sur le terrain, la méfiance demeure. Les salariés ont déjà entendu des promesses sans lendemain. Et lorsqu’ils ont voulu obtenir des précisions sur l’avenir du site de Poissy, Antonio Filosa « a été très clair », rapporte Brahim Aït Athmane. « Il attend la décision de la Commission européenne pour statuer […]. On est plutôt satisfaits du message, mais ça reste des patrons. On n’est jamais rassurés. »