
Le matin du 7 novembre, les agents municipaux du pôle éducation de Limay vont débuter une formation quand ils reçoivent un mail de la responsable du périscolaire. Les premiers mots font déjà craindre le pire : « Je dois vomir, laisser sortir ce qu’on m’a fait, comme tous ces médocs que j’avale depuis ce matin. » Ils se précipitent alors dans le pavillon du pôle Enfance, et découvrent alors Nathalie (le prénom a été modifié) inconsciente. Les secours interviennent rapidement et les jours de l’agente municipale ne sont plus en danger.
Elle a pu coucher noir sur blanc son mal-être. La goutte d’eau qui aurait fait déborder le vase est une mutation. « Son poste de directrice de service a été supprimé, avance la CGT des territoriaux de Limay. Puis une coordinatrice a débarqué avec les mêmes missions. Elle a pris ce changement comme une rétrogradation. » Le lundi suivant, la Mairie reçoit alors les agents mais ceux-ci sortent fortement déçus de la réunion : « L’impression qu’on s’est fait endormir et qu’ils minimisent l’événement. La Ville nous parle d’une gastro ou d’un malaise. » Ils décident donc d’organiser une action le 13 novembre sur le parvis de l’Hôtel de Ville.
Une cinquantaine d’agents, issus principalement du service périscolaire et de la restauration scolaire ainsi que quelques ATSEM, débarquent pancartes à la main. Ils dénoncent alors un climat anxiogène. « Il y a des clans dans le service, nous n’avons pas d’entretien annuel et les process journaliers ne sont pas forcément respectés », détaille un syndicaliste. Ils réclament donc une enquête indépendante sur les pratiques managériales de la collectivité, la reconnaissance du harcèlement moral institutionnel, la mise en place d’un plan de prévention du risque psychosocial et un accompagnement psychologique réel pour les agents victimes. « On a peur pour nos emplois » résume la CGT.
Du côté de la Mairie, on s’insurge. « Aucun élément ne permet d’affirmer qu’il s’agit d’une tentative de suicide délibérée, contrairement à ce qui est irresponsablement affirmé et relayé, sans respect aucun pour la vie privée de l’agent en question » explique-t-elle dans un communiqué. L’édile local, Djamel Nedjar, ne comprend pas non plus le mouvement de grève. « Depuis plusieurs années, les référents périscolaires les multiplient. Pourtant, la municipalité a répondu à leurs principales demandes » L’élu assure avoir augmenté les salaires, renforcer l’encadrement et mis en place des dispositifs de remplacement pour éviter les fermetures statut y compris dans leur rémunération, renforcement de l’encadrement. « Et aujourd’hui, ces mêmes avancées sont remises en cause par ces mêmes agents ? » s’exclame le maire qui voit dans « cet épisode un moyen de nuire à la Ville à l’approche des élections municipales ». Il a aussi demandé l’ouverture de procédures administratives et possiblement disciplinaires et se réserve la possibilité de saisir la Justice. Le dialogue semble donc rompu puisqu’une nouvelle action est prévue – à nouveau sur le parvis de l’Hôtel de Ville – le 18 novembre.