Avec « Stop ballons », le directeur de la clinique du Val-Fourré veut sensibiliser aux dangers du protoxyde d’azote

Arnaud Dalbis, directeur du groupe Fineve qui détient la clinique du Val-Fourré et le centre de rééducation de L’Oiseau Blanc, vient de créer l’association « Stop ballons », afin d’alerter les jeunes et les familles mantaises quant aux dangers de la consommation récréative de protoxyde d’azote en tant que gaz hilarant.

« Ils faut qu’ils sachent que pour un plaisir éphémère, ils vont avoir une vie de galère ». Arnaud Dalbis en a eu assez. Assez de ramasser de plus en plus de bonbonnes de protoxyde d’azote qui traînent. Assez de croiser des patients de plus en plus jeunes atteints de lésions neurologiques, meurtris par leur addiction aux « ballons ». Alors, il a décidé de prendre le problème à bras le corps : l’entrepreneur Mantais, spécialisé dans le secteur médical, a tout récemment créé l’association « Stop ballons », afin de sensibiliser les familles mantaises au danger que représente la consommation de protoxyde d’azote comme gaz hilarant.

« Depuis 3 ans, je sens que ça monte crescendo, observe le patron du groupe Fineve, qui possède notamment la clinique du Val-Fourré. C’est un sujet qui m’a toujours préoccupé. Et quand on a commencé à en parler, c’était uniquement sous l’aspect de la répression, je n’entendais que très peu de prévention, d’information. Les jeunes n’étaient absolument pas conscients des conséquences, et les familles encore moins ».

Dès le mois de décembre, l’association mènera des actions de sensibilisation dans les collèges, avec des professionnels de santé chargés « d’expliquer succinctement les tenants et aboutissants de l’absorption de ce produit », mais surtout d’alerter sur les conséquences, notamment à travers des témoignages. Car dans son centre de rééducation de L’Oiseau Blanc, des vies gâchées par le « proto », Arnaud Dalbis en voit à la pelle. « Les premières alertes qu’on a eues, c’étaient des patients qui étaient dans la tranche 25-35 ans, puis 18-25. Et la prochaine étape que l’on voit venir à grands pas, c’est les 14-18. Et là, ça commence à devenir très gênant ».

Des consommateurs de plus en plus jeunes, donc, mais aussi de plus en plus de femmes qui consomment fréquemment et qui se retrouvent, très vite, avec des symptômes qui ne trompent pas. « D’abord, les consommateurs ont des maux de tête, puis des picotements dans les mains, ils perdent un peu le contrôle de leurs jambes, ils ne comprennent pas pourquoi… raconte Arnaud Dalbis. Mais ce sont des effets temporaires. Donc ils consultent, mais deux jours après ils rentrent chez eux, tout va bien, donc ils recommencent à consommer, parce qu’ils n’arrivent pas à faire de lien de cause à effet entre la prise de protoxyde et leurs problèmes. Alors vient la deuxième crise, et là, c’est un peu plus compliqué, avec des gros picotements, des pertes de stabilité et de mémoire, des problèmes de ­comportement… Et après ça, ça va crescendo ».

Fort heureusement, à Mantes-la-Jolie, la réponse médicale est adaptée. « Les patients ont de la chance ici, assure Arnaud Dalbis. Ils ont un hôpital qui a un excellent service de neurologie, et quand ils ont besoin de rééducation, ils ont à portée de main un centre avec des spécialistes dans ce type de pathologie neurologique. Je ne vous dis pas les complications que ces gamins vivent : pendant un ou deux mois, on les rééduque à la marche, on leur fait reprendre conscience de leurs corps… Et quand ils retrouvent une motricité à peu près correcte, ils sont à la charge de leur famille et de leurs amis. D’où l’importance de faire de la sensibilisation ».

Au-delà de la prévention auprès des jeunes, les équipes de Stop ballons iront justement au contact des familles dans un second temps, notamment via des actions de prévention dans les quartiers, mais aussi à travers des réunions organisées avec des groupes de parents concernés par le problème. « Il faut parler des conséquences pour les consommateurs, mais aussi pour leur famille, insiste-t-il. On oublie trop souvent de parler des dommages collatéraux : ils vont donner une vie terrible à leur entourage, ils vont perdre leurs amis, leurs petites copines, ils vont mettre le bazar dans leur famille… Ce que je demande aux jeunes, c’est de ne pas les oublier ».